Les limites de l'amour

« — Me voilà l’objet de convoitise, de tentation de trois hommes magnifiques. Je suis cuite, carbonisé même, condamnée à me faire dévorer jusqu’à la fin des temps. Je ne compte pas me laisser manger sans rien faire », pensa Adèle assise sur sa place à côté du hublot. Des images de ses trois hommes lui revenaient. Les séquences défilaient. Parfois elle rembobinait pour se les repasser à nouveau. C’était bien compliqué tous ça. La culpabilité l’envahit environs une seconde et demi. Elle aurait mieux fait de ne pas s’enfuir de Rome sans laisser Alessandro se défendre. Et puis il y avait Victor aussi… Il faudrait qu’elle éclaircisse la situation. Elle se doit bien ça. Et puis non ! Elle ne va pas non plus se flageller ! Ce n’est pas son genre ! Elle est juste dans le pétrin ! Etait-elle sa punition ?

Sa mère lui répétait de ne pas tomber dans la tentation du fruit défendu. Adèle se demandait : « les fruits défendus signifient la tentation du mal, ou bien du mâle » ?
Et puis qui a décrété que la gourmandise était un péché. Son inventeur a malgré lui œuvré pour l’humanité. On ne pouvait pas faire à la gourmandise, meilleure publicité. À une gourmande comme elle, la conscience aime braver les interdits.
Quel serait notre plaisir si on ne devait plus se cacher pour goûter à tous ces fruits défendus ? Il ne serait pas aussi jouissif que celui qu’il nous procure l’interdit aujourd’hui.