Nous sommes commandés par des vieillars orgeuilleux que servent des gamins embrigadés, formés à la haine de l'autre... Si les guerres devaient être faites par de vrais adultes, elles n'éclateraient même pas!
La neige est un baume sur les plaies de la guerre. Elle comble en partie les trous d'obus ressemblant à du sucre qu'un enfant turbulent aurait imprimé de sa cuiller. Elle transforme les cadavres en congères de hasard, suaire de coton blanc dessus les dormeurs, nappe jetée sur la table d'une noce épouvantable que nul ne desservira. Seuls émergent les pieux noirs d'arbres tronqués et des piquets bancals, auxquels les barbelés accrochent leurs arcs griffonnés de lierres encharnés.
Dieu vous a attirée vers lui avec des promesses de sérénité et il vous a lancée dans la fournaise.
Ecoutez, Louis, je ne suis pas femme à me voiler la face. Nous sommes attirés l'un par l'autre, mais nous devons, l'un comme l'autre, obéir à une autorité qui nous dépasse. Rien n'est possible. Vous le savez. Au nom de Dieu, aidez-moi un peu !
Quoi ? Ils vous enchristent après ce que vous avez fait !? Mais, ils sont tombés dingues, les huiles. C'est à se les couper pour les porter chez "ma tante" bordel !
Vivant ! Ni blessé, ni prisonnier, vivant ! Et toujours aussi turbulent, pour ne pas dire plus ! Ce petit faiseur est en train de me causer les pires ennuis !
Hé, le ciel, tu m'entends ? Y a quelqu'un là-haut ?
Au nord, l'enfer se rapproche... Ils sont isolés, à quelques mètres des troisièmes lignes qui, bientôt, seront sans doute les premières, avec quelques hommes chargés d'endiguer une marée qui les contournera peut-être comme la mer le fait d'un château de sable avant de s'abattre sur le village...
Vient un autre pauvre bougre, la clviculebrisée, la facesi brulée qu'elle parait fondue...Plus de sourcils ni de cils.La moustache est un paquet charbonneux... Le nez se résume à deux trous où siffle l'air avecun bruit de baudruche... C'est un allemand.