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Critique de EFourn


Humaniste, précurseur des lumières, ami d'Érasme, auteur de l'Utopie, on peut se faire à priori une certaine Idée de Thomas More, c'est un personnage ambivalent et complexe que j'ai découvert dans cette biographie.
Avocat brillant et humaniste convaincu, More est un homme ambitieux.
Fervent catholique dans un monde en plein bouleversement ou les idées réformistes progressent à travers le royaume. Adversaire acharné de Luther, il fera une chasse impitoyable aux hérétiques et n'hésitera pas à en envoyer quelques-uns sur le bucher.

Mais les idées réformistes se fraieront un chemin jusqu'au Roi (par l'intermédiaire d'Anne Boleyn), qui finira par remettre en question la primauté du Pape et se déclarera chef de l'église, chaque sujet devant prêter serment en reconnaissant la descendance d'Anne Boleyn comme légitime héritière du trône d'une part, et devant également renier la primauté du Pape d'autre part. Thomas, fidèle à ces convictions religieuses, refusera concernant la primauté par crainte de la damnation. Ne faisant aucun effort pour ce concilier les faveurs du Roi, alors qu'il avait déjà refusé de se prononcer au sujet de son divorce d'avec Catherine d'Aragon, ce nouveau refus d'avaliser les lubies de son Roi lui vaudra d'être enfermé à la tour de Londres, espérant que ça le ferait changer d'avis.
L'ironie de l'histoire fera que ces idées humaniste, son amitié avec Érasme, son Utopie deviendront difficile à assumer intellectuellement car « l'humanisme n'a-t-il pas posé à son insu les fondements d'une critique de l'église dont on ne mesurait pas au départ toute la portée ? »

Toujours est-il qu'il n'en démordra pas malgré l'insistance de ces proches. Au bout d'une année et demie d'incarcération il sera donc condamné à être « pendu, découpé vif, castré, éventré pour que l'on pût commodément lui brûler les entrailles avant de déposer les quatre quartiers de son corps aux principales entrées de la ville, en réservant sa tête pour le London Bridge ». Ce programme festif tourna court, le Roi prit de pitié pour son ex chancelier, commua sa peine en simple décollation.

Thomas More le fanatique (rien d'extraordinaire à l'époque), vivra ces épreuves comme le Christ sa passion, allant jusqu'à comparer sa fille (qui l'incitait à sauver sa vie) à Eve (incarnation du mal) lui proposant le fruit défendu.
Il deviendra un des premiers martyrs Catholiques de la réforme et sera béatifié puis canonisé quelques siècles plus tard.
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