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sur 107 notes
J'avais été touché par Samba pour la France et bien, j'ai été bouleversé par Une fille dans la jungle. Delphine Coulin a su parfaitement traduire, une nouvelle fois, toutes les souffrances endurées par nos semblables déracinés qui tentent de trouver un peu de bonheur de vivre dans notre pays… même s'ils rêvent un peu trop d'Angleterre.

Bien sûr, quand le mot jungle apparaît dans le titre, il s'agit de la jungle de Calais et j'ai suivi avec appréhension et douleur les pas de cette jeune Éthiopienne, Hawa, qui voit le démantèlement complet de la jungle et qui décide de rester, de ne pas se laisser embarquer ni berner par de fausses promesses. Elle est avec Elira et quatre garçons : Milad, Ali, Jawad et Ibrahim. La boue, la saleté, le froid et la faim sont leur quotidien plus les violences qui ne cessent de s'abattre sur eux.
« La nuit était claire et froide. La fille avait un visage pur, fin. Ses lèvres pleines de jeunesse, à peine gênées par les gerçures, réchauffant l'oiseau déplumé, tellement sale que seule sa patte amputée semblait avoir échappé à la boue. Elle l'a caressé du bout de son doigt. On aurait dit un rat avec des ailes. » Voilà le quotidien de ces jeunes sortis ou pas de l'enfance mais dont la vie se joue souvent à pile ou face.
Au fil de leur errance dans une zone qui jouxte le port et l'entrée du tunnel, Delphine Coulin reprend chacun de ses personnages pour retrouver son point de départ et un parcours fait d'épreuves souvent terribles.
On achète, on exploite, on vend ces jeunes qui affrontent une multitude de dangers pour se retrouver là : « Ils vivaient au milieu de six mille hommes et femmes venus d'Albanie, d'Éthiopie, d'Érythrée, d'Afghanistan, d'Égypte, d'Iran, du Koweit, de Syrie, du Vietnam, dans ce qui était devenu une ville. Aller d'un bout à l'autre du camp revenait à faire le tour du monde. Un voyage au bout de la crasse, dans le plus grand bidonville d'Europe. »
Tout près de leur but ultime, cette Angleterre fantasmée qui ne se trouve qu'à 33 km, ils ont quand même rencontré des gens bienveillants tentant de les aider, d'atténuer leurs souffrances. Grâce à ce livre, j'ai davantage compris tous les risques que prennent ces gens qui voient circuler les autres sans problème. Cela va même plus loin : « Hawa respirait l'odeur de l'essence qu'elle aimait, en se disant que s'ils avaient été des tomates, la vie aurait été plus simple. »
Taxés, exploités, confrontés aux pires dangers, aux gangs, aux passeurs, à ceux qui leur volent le peu d'argent qu'ils portent, ils sont des naufragés qui peuvent sombrer à tout moment dans cette boue dont ils n'arrivent pas à se débarrasser.

Si Delphine Coulin néglige la fin du parcours européen de ces migrants, d'autres l'ont bien fait comme Baudoin et Troub's dans Humains, la Roya est un fleuve. Avec Une fille dans la jungle, elle rappelle et ouvre nos yeux sur un drame qui n'est pas près de se terminer.


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Delphine Coulin nous donne à lire un superbe roman, à la fois violent et lumineux. J'ai aimé retrouver cette plume que j'avais découverte et aimée avec son précédent roman « Voir du pays ».
Ici, elle donne des noms à ces anonymes que nous avons pris l'habitude de voir, tels des ombres furtives, sur nos écrans, en ouverture du JT. « Une fille dans la jungle », c'est Hawa, une ado ethiopienne, sans papier que nous suivons dans cette jungle qu'elle refuse de quitter, malgré le démantèlement annoncé. A quoi bon partir vers une destination inconnue? Ici au moins, elle a ses habitudes et ses copains de galère. Tous rêvent d'Angleterre et de jours meilleurs. Marre de cette crasse, de ce dénuement, de cette misère qui leur colle à la peau, plus surement que la boue à leurs chaussures. Il y a forcément, un ailleurs qui leur offrira un avenir.
Ils y croient et nuit après nuit, ils tentent leur chance.
Lire Une fille dans la jungle c'est prendre une grande claque, qui aide à relativiser tous nos minuscules tracas quotidiens : Il pleut, le métro est bondé, combien tout cela est dérisoire par rapport à la vraie misère des migrants.

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"C'est ma deuxième rencontre avec Delphine Coulin dont j'avais découvert : " Voir-du-pays".
Nous suivons le quotidien de Hawa, une adolescente de 17 ans , éthiopienne , arrivée clandestinement jusqu'à la jungle de Calais .
L'auteur s'attache à conter son destin de réfugiée mineure et celui de cinq autres enfants , Milad et son petit frère Jawad, la belle Élira, Ibrahim et Ali , venus de pays différents , Afghanistan, Albanie, Ethiopie ......
Leur quotidien : lutter contre le froid, la malveillance , la saleté et l'humidité , la violence , la faim, dans leur cabane , portés qu'ils sont constamment par l'immense espoir de réussir à passer en Angleterre .
Hawa rêve de changer de vie , de mettre des vêtements moins poisseux que ceux qu'elle empile chaque jour sur elle , elle a soif et faim, n'en peut plus de cette hygiène inexistante , elle qui entreprit seule , un si long voyage !
Trente - trois kilomètres seulement les séparent de leur but ! Las !
Au coeur de cette jungle inhospitalière , devenue un désert, oú les pelleteuses avaient tout broyé , tout ce qui faisait leur quotidien depuis des mois , ils étaient tous les six, il ne restait rien!
Ils étaient là, inquiets, emmitouflés , prêts à tout pour manger, ils couraient en animaux traqués
qu'ils étaient .........
C'est un livre violent , dur, poignant ,bouleversant doté d'une lueur d'espoir à la fin , à propos duquel je n'ai pas envie de philosopher ni de discourir !
A la lecture , nous occidentaux bien nourris et au chaud , nous prenons un bon coup de poing dans la figure ! Cet ouvrage nous fait relativiser notre quotidien même difficile !

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Une adolescente éthiopienne en fuite croise la route de plusieurs jeunes migrants dans ce qui reste de la "jungle" (très mal nommée, pour différentes raisons, celle que dit le roman, une jungle froide et sale et aussi le fait que les hommes ont une autre espèce d'animalité). Ces enfants et adolescents se regroupent pour échapper à la solitude ou pour mieux survivre.
J'ai trouvé ce roman réaliste selon le peu que je sais de cette problématique, mise à part la fin qui permet cependant de terminer sur une note d'espoir.
J'ai préféré ce livre au précédent que j'ai lu de la même autrice ("voir du pays").
Et hélas, la peur irradie maintenant le monde entier.

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En accompagnant Hawa et ses amis dans La Jungle j'ai suivi leur déchéance, leur déshumanisation: lente et progressive, insidieuse. Une lente descente aux enfers amorcée dès que la décision de partir a été prise. Dans La Jungle on ne reste pas longtemps humain: englué dans la boue, puant, aux aguets épuisé, l'être humain s'efface peu à peu et laisse place à un spectre guidé par l'instinct de survie et la satisfaction de ses besoins primaires: manger, boire, dormir, se mettre à l'abri, assurer sa sécurité.Toutes ces choses qui normalement sont dues à un enfant ces gosses n'en ont jamais vraiment profité sinon ils n'auraient pas été jetés sur les routes de la sorte. Ils croyaient trouver tout cela ils y croient encore d'ailleurs mais pour le moment tout ce qu'ils ont c'est une vie cauchemardesque sans échappatoire. Pas de marche arrière possible et impossible d'avancer. Un environnement hostile peuplé de prédateurs aux aguets du moindre signe de faiblesse. Indéniablement La Jungle de Calais porte bien son nom. Delphine Coulin en dresse un portrait sans concession et sans détour. Elle nous administre une claque magistrale en nous jetant la vérité crue en plein visage. Ces gosses ont tous une histoire qui les a poussé à partir, car oui si ces enfants son partis c'est qu'ils n'avaient pas le choix et non l'objectif n'est pas de profiter du système, juste de vivre.
Après avoir tourné la dernière page on se sent privilégié, le cul gentiment posé dans le canapé, le frigo plein et un lit douillet à proximité. On se sent impuissant aussi. Parce que même si on ne culpabilise pas c'est quand même pas juste la vie. D'accord on le sait tous : les SDF, les sans papiers, les esclaves modernes... on sait que ça existe mais quand on nous le rappelle comme ça, ça pique un peu.
En nous plongeant dans ce quotidien qui glace le coeur l'auteur le rend presque palpable. Une immersion difficile dont on ressort un peu nauséeux sans savoir pour autant comment faire passer la pilule.
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Une découverte pour moi de l'auteur à travers ce titre, de jeunes adolescents se retrouvent livrés à eux-même après le démantèlement de la jungle de Calais.

Nous suivons plus particulièrement Hawa adolescente qui a déjà traversé plusieurs pays celle-ci venant d'Ethiopie, elle va se lier d'amitié avec d'autres adolescents de son âge afin de pouvoir survivre. Hawa a souvent été violée, volée, etc....

La lutte pour la survie pour pouvoir manger en fouillant dans les poubelles, en volant afin de pouvoir se nourrir et revendre le surplus pour avoir de l'argent pour les passeurs.

Les conditions de vies déplorables, l'hygiène inexistante, les tentatives pour pouvoir rentrer dans un camion afin de partir vers l'Angleterre sans se faire arrêter et voyager dans des conditions extrêmement difficiles.

Un roman qui prend aux tripes et qui nous fait relativiser sur notre vie en tant qu'Occidentaux.
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Un livre qui m'a pris aux tripes !
Impossible de rester ignorant et insensible à ce qui se passe et se vit dans notre pays et dans le monde après avoir lu Une fille dans la jungle de Delphine Coulin.
Ce roman raconte le démantèlement et l'évacuation de la jungle de Calais, comme ont pu vivre et survivre ces six très jeunes gens, deux filles et quatre garçons, qui voulaient absolument rester sur le site, leur seul but étant de rejoindre cette Angleterre que seulement 33 km séparent.
On s'embourbe avec eux dans cette boue gluante, dans ce froid pénétrant et dans cette humidité glaçante. Ils essaient de rester invisibles pour tenter de rejoindre, par quelque moyen que ce soit, les trains, les camions ou les bateaux qui pourraient leur faire traverser cette mer : une angoisse permanente.
Le suspense est maintenu tout au long du roman, la question étant : que va-t-il advenir de ces jeunes ? La folie les guette chaque jour devant l'horreur qu'ils subissent.
Que reste-t-il de notre humanité quand nous ne sommes plus capables d'accueillir nos semblables ?
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Noter un écrit qui traite d'un sujet reel et tragique m'est toujours difficile, une pudeur certainement à qualifier une parole, même romancée, sur l'inconcevable cruauté sociale ...Nous suivons ici la vie d'un groupe de tout jeunes gens dont les trajets,bien que géographiquement différents les aient conduit dans cette jungle par le même mirage d'un eldorado europeen pour fuir la violence de leur pays d'origine.C'est à partir du regard et de la sensibilité d'Hawa, jeune ethiopienne de 17 ans que nous découvrons la personalité et le vécu de chacun de ces "gamins", du tendre Milad au pervers coyotte...Il y a beaucoup de noirceur et j'ai souvent pensé aux "Larmes noires sur la terre" de S.Collette et même certaines images de "La route" surgissaient au cours de ma lecture...Pourtant il y a toujours une place pour un peu de lumière, l'espoir n'est jamais totalement assassiné...
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Quel sujet choisir pour un roman commercial ? Pourquoi pas la jungle de Calais ? Une sensation quand même de plagia sur Entre deux mondes de Olivier Norek. Lui a pris des adultes comme personnages principaux, donc mettre des enfants pour toucher la sensibilité afin de faire pleurer dans les chaumières. Ici aussi, il y est question de médecin. Bien sûr l'objectif est le même : passer en camion en Angleterre. Un style d'écriture que je n'ai pas aimé truffé de répétitions et de larmoiements. Fin bâclée.

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Merci aux éditions Grasset et à Net Galley de m'avoir permis de découvrir Une fille dans la jungle de Delphine Coulin.
J'ai hésité avant de le solliciter car je garde un souvenir mitigé de Voir du Pays, le précédent roman de l'auteure. Je n'avais pas aimé l'écriture, j'avais eu du mal avec son style. du coup, était-ce une bonne idée de lire Une fille dans la jungle ??
J'ai tenté ma chance et été choisi par les éditions Grasset pour le lire. Et j'en suis ravie car ce fut une sacré surprise !
Une fille dans la jungle, c'est l'histoire de Hawa, une adolescente éthiopienne venue clandestinement jusqu'à Calais. Elle a rencontré d'autres enfants dans la même situation qu'elle et ils sont un petit groupe à ne pas vouloir partir de la jungle de Calais, alors que celle-ci est en plein démantèlement !
Ce roman se passe sur une petite période, avant, pendant et un peu après la fin du camp de migrants à Calais.
Nous suivons les adolescents, parfois le groupe, parfois un seul d'entre eux. Nous découvrons leur histoire, et j'ai trouvé ça dur à lire par moment. Que de violence dans le monde dans lequel nous vivons ! Dans le monde mais aussi près de chez nous, en France.
Le personnage central du roman est Hawa, mais j'ai trouvé ça intéressant de découvrir aussi l'histoire des personnages qui gravitent autour d'elle. Comment ils en sont arrivés là, quelles sont leurs histoires...
C'est violent, choquant, car ce sont des enfants et "seulement" un roman mais on sait bien en lisant ce livre que ce n'est pas que ça.
L'histoire d'Hawa, Milald, Ali... sont surement réellement arrivés à certains jeunes migrants.
Combien sont obligés de voler ou se prostituer pour survivre, en pensant atteindre un jour un monde meilleur ??
C'est difficile à lire mais nécessaire pour ne pas ignorer que malheureusement ça existe, et que tous les enfants ne sont pas égaux dans ce monde....
J'ai trouvé Une fille dans la jungle très bien écrit, et c'est documenté. On sent bien que l'auteure a fait un travail de recherche pour coller au plus juste à ce qui se passait pour les migrants, lors de leur voyage, mais aussi à Calais.
La fin est très touchante, positive, et m'a beaucoup plu.
Je mets avec plaisir cinq étoiles à ce livre que je vous invite évidemment à lire à votre tour :)
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