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Citations sur Le roi n'a pas sommeil (47)

Une de ses nouveaux amis, Calvin, passait devant la grille tous les matins, l’air hagard, les yeux à demi clos, la maladresse d’un chiot qui pointe la truffe au grand air pour la première fois.

PREMIERE PARTIE – Chapitre 7
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La journée fut longue. L’enfant sentait les odeurs de transpiration, de mains moites dix fois serrées, de cravates sales dénouées. Il ne reconnaissait pas ces gens ; certains, paraît-il, étaient des cousins de son père. Des hommes au teint sale, aux yeux noirs, à la bouche fendue telle la queue d’un rat qui file à travers champs. Ils portaient de larges chapeaux de cuir pour cacher leurs visages et les protéger du soleil. Des enfants aux cheveux très longs étaient présents, Thomas ne les avait jamais vus à l’école. Ils parlaient avec un accent du Nord, leurs dents se chevauchaient. Quand ils riaient, on avait l’impression d’assister à un concert d’éclopés, les mots qu’ils crachaient semblaient ricocher contre les murs et retomber sur le sol, comme de minuscules crottes de chèvre séchées. Thomas ne se sentait pas bien.
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Quiconque ce serait adressé à lui aurait deviné l'agneau planqué derrière la carcasse du loup, mais Thomas avait gardé sa timidité d'enfant.
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Ce que personne n’a jamais su, ce mystère dont on ne parlait pas le dimanche après le match, autour d’une bière fraîche, cette sensation que les vieilles tentaient de décortiquer le soir, enfouies sous les draps, ce poids, cette horreur planquée derrière chaque phrase, chaque geste, couverte par les capsules de soda, tachée par la moutarde des hot-dogs vendus avant les concerts ; cette peur insupportable, étouffée par les familles, les écoliers, les chauffeurs de bus et les prostituées, ce que personne n’a pu savoir, c’est ce que Thomas avait ressenti quand le flic aux cheveux gras était venu lui passer les bracelets, en serrant si fort son poignet que le sang avait giclé sur la manche de sa chemise.
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Thomas était réputé bon joueur : il ne trichait pas, ne crachait pas sur la table quand il perdait et savait s'arrêter à temps. Les filles lui tournaient autour, se penchaient sur son épaule, les lèvres demandeuses. Il ne cédait pas. De temps en temps, son regard s'attardait sur une paire de seins, mais les clientes du Blue Budd ne cherchaient pas un mari, elles avaient largué le leur depuis belle lurette. Ces femmes étaient excitantes ; leur assurance effrayait Thomas. Il craignait leur rire strident, leur poitrine rebondie, leurs fesses proéminentes. Il ne savait pas leur parler, ni les regarder, encore moins les flatter. Elles étaient vulgaires et sublimes, tranquilles et survoltées, nymphes aux cheveux plus épais que du foin mouillé.
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Il avait eu tout ce dont un enfant, tout ce dont un homme peut rêver pour commencer sa vie du bon pied. Il aurait aimé la finir de la même manière.
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Ses traits étaient plus grossiers, ses cheveux avaient poussé et se teintaient de gris au-dessus des oreilles. Sous son uniforme, une petite bedaine retombait sur sa braguette telles les babines d'un bouledogue à la retraite.
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Puppa ne connaissait pas Thomas, ils ne s’étaient jamais vraiment parlé, mais tout dans l’attitude du môme lui rappelait la violence contenue qui avait frémi chez William. Sa façon de se tenir en retrait, son regard criait trop fort, le mouvement de ses lèvres sans que le moindre son s’en échappe, il y avait quelque chose de son père en lui, un mauvais sang qui roulait dans ses veines : l’écume avant l’orage.
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A partir de ce jour, il ne se passe pas une heure sans que quelqu’un ne mentionne « le fils maudit ». Chacun y allait de son anecdote : les femmes racontaient qu’il était plus beau qu’une Chevrolet sortie de l’usine, les hommes parlaient de ses muscles, des soirées bien arrosées. Autour des tasses de thé et des verres de bière, pendant les déjeuners au soleil et devant les cheminées, les jeunes files racontaient l’histoire de Thomas, agrémentaient leurs récits de détails piquants et d’idées cochonnes : leurs camarades pouffaient. Dans les vestiaires du club de base-ball, les joueurs inventaient de mauvaises blagues à son sujet, puis se déshabillaient avant d’aller reposer leur corps sous une eau tiédasse.
Personne ne savait réellement ce qui s’était passé. Les volets de la maison demeuraient clos. Les poutres pourrissaient. Aucun parent n’était venu ouvrir la bicoque depuis l’enterrement. Peu à peu, la ville engloutissait ce qui restait de la famille Hogan. Bientôt l’histoire de Thomas devint une légende du bourg : un mauvais souvenir qui faisait peur aux gosses et alimentait les conversations de comptoir.
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Dehors, Calvin et Paul entamaient leur première bouteille. Ils ronronnaient, aussi tranquilles que deux chats de gouttière assis sur le couvercle d'une poubelle municipale.
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