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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Il y a des jours comme ça où je me sens vieille. C'est quelque chose de très subjectif, la vieillesse. Quand j'étais petite, je pensais qu'en l'an 2000, je serais horriblement vieille. J'aurais déjà probablement une maison, un mari, des enfants, j'aurais quitté le domicile parental depuis longtemps… Au final, en l'an 2000, comme prévu, j'ai eu quatorze ans, et je ne me suis pas sentie si vieille que ça. En tout cas, je n'avais ni maison, ni mari, ni enfants. Ensuite, l'objectif a été dix-huit ans. Quand j'aurai dix-huit ans, je serai délicieusement adulte, je ferai tout ce que je voudrai. Bon, les 18 ans, à part le départ du nid parental pour y revenir quelques mois plus tard la queue entre les jambes, ça n'a pas si bien fonctionné. Et puis l'objectif a été la fin de la carte 12-25. Quand t'as plus de carte 12-25, définitivement, t'es vieux. Et c'est sûr que, même si la SNCF a prolongé la validité de la carte jusqu'à la veille des vingt-neuf ans, quand j'ai souhaité hier un bon anniversaire à ma Crevette pour ses 27 ans, j'ai été presque choquée. Parce que, comme je le lui ai dit, j'ai l'impression que les cours de philo ensemble et le bac, c'était hier, et pourtant c'était il y a bientôt dix ans. du coup, je ne vous raconte pas ce que ça me fait de lire un bouquin comme celui-ci écrit par une nana qui a quatre ans de moins que moi. Qu'est-ce que j'ai fait de ma vie, moi, si de plus jeunes que moi écrivent aussi bien?

Oh, je sais bien que j'ai fait d'autres choses, je sais bien surtout que ça va m'arriver de plus en plus souvent, de lire des bouquins que j'aime écrits par de plus jeunes que moi. Mais vous m'excuserez, ça a du mal à passer. Surtout quand leur playlist est, plus ou moins, la mienne, mais qu'on me trouve infiniment trop jeune pour écouter les Kinks ou les Troggs. Si moi je suis trop jeune, miss Coulon, elle est quoi? Bref. Ça m'a parlé très profondément ce bouquin, cette histoire qui ferait presque penser à un time-lapse, quelques pages pour tout un tas de vies différentes et liées entre elles. Ça se lit vite, bien entendu, parce que c'est court, mais je pense que ça reste en tête un peu plus longtemps que prévu.

Bref, un joli roman. Je vais lire les autres, pour voir. (Oui parce qu'en plus elle en a déjà écrit plusieurs. PLUSIEURS!)
Lien : http://www.readingintherain...
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Les illusions perdues

Méfiez-vous des enfants sages, paru en 2010, est le deuxième roman de Cécile Coulon, jeune romancière d'aujourd'hui 22 ans. Il a pour cadre une petite ville de l'Amérique profonde. Ses personnages sont sous la plume de l'auteure tracés comme au crayon, avec le sens du détail. Et le crayon il est aiguisé!

Méfiez-vous des enfants sages est certes un roman court mais il n'est pas facile à aborder dans son début. Décomposé en 3 parties, la première met en scène les protagonistes du roman : "elle", "lui", "Eddy et Kristina", "la petite fille", l'un après l'autre et sans véritable corrélation. La narration se fait à la troisième personne sur un ton presque impersonnel et, donc oui, ça fait bizarre. Comment dire? On se sent quelque part comme complètement détaché de ce qu'on lit, pas touché par ces histoires. du coup, avant d'aborder la suite, je me suis demandée si le roman allait se contenter de ça, faire défiler des tranches de vie. J'étais à la limite de me dire "mouais bof" mais quelque chose dans l'écriture, dans la manière de peindre ces vies m'a accrochée. Et j'ai bien fait...

Dans la deuxième partie tout s'éclaire, les pièces du puzzle "personnages" s'assemblent. "Elle" s'est mariée avec "Lui" et ils ont eu une "petite fille" qui elle, semble avoir élu domicile chez son voisin Eddy, un paumé... Tout se passe dans la même rue, Cold Street...

Le ton change, la narratrice adopte un ton personnel sous les traits de Lua "la petite fille", c'est son histoire maintenant qu'elle nous raconte, enfin... un pan de vie de l'enfance à l'adolescence.

Lua, petite fille heureuse, futée, précocement douée pour le business (à 5 ans, elle vend des réglisses dans la rue, elle loue ses supers baskets aux autres gosses de son école en échange de pièces sonnantes et trébuchantes, d'images ou autres ; elle achète des bonbecs qu'elle revend aux gamins de la campagne avec un bénéfice net...).

Lua qui jette pourtant déjà un regard acéré sur son entourage, à commencer par ses parents. "Markku et Kerrie. Deux atomes en veilleuse [...]" Un père, scientifique, s'intéressant plus à ses bestioles de laboratoire qu'à sa fille. Une mère, désabusée, lisant et relisant Sa Majesté des Mouches.

Lua qui, a l'âge de raison, vit un traumatisme qui la changera à jamais.

"Ce qui était né en moi, je le devais à mon père, endormi sur ses principes, oubliant qu'en ce monde, les gens ne vivent pas pour calculer des théorèmes en permanence. Il avait flingué en un rien de temps tout ce qui fait qu'une gamine est une gamine, mais pour comprendre ça, il aurait fallu que Père Markku ouvre grand ses yeux et détourne le regard de sa fichue boîte en carton percée de trous. Soeur Popeye s'est fait la malle pour venir se loger là-haut, blottie dans ma pâte à cervelle, ses huit membres serrant mon crâne jusqu'à l'étouffer."

Lua qui grandit, avec son araignée au plafond comme elle dit. Son regard d'enfant s'est transformé en un regard d'ado blasé, angoissé. Les visages qui la marque sont ceux d'êtres marginaux, amputés, héros négatifs à souhait. Eddy pour commencer, ex-drogué, figure bienveillante et omniprésente de son enfance à qui on ne peut, comme elle, s'empêcher de s'attacher. Kristina l'ex-copine borgne d'Eddy. James Freak (tout sauf un monstre), jeune professeur, beau comme un dieu, portant en lui la fêlure d'une vocation de pianiste raté (tout ça à cause d'un foutu sanglier qui lui a bouffé un doigt, dommage que ce ne soit pas celui du milieu qu'il dresserait bien volontiers contre Dieu...).

Oui, Lua grandit et comprend que tout n'est pas éternel, que la vie nous met des claques sans attendre le nombre des années et que ça peut faire mal. Face aux injustices qu'elle perçoit, aux vies gâchées, à ces vies qui ont renoncé, qui l'ont abandonnée Lua ne peut s'en prendre qu'à ce Dieu en qui elle crut un temps, le temps de l'enfance.

"Pendant seize ans, j'ai eu un pote plutôt beau gosse, avec ses cheveux longs et sa couronne d'épines, punk à souhait. Jusqu'à ce que la foi s'en aille comme un grain de sable entre deux rochers. J'ai perdu un copain et j'ai perdu une raison de me lever le matin. [...] Alors Dieu, ou Jésus, je vous ai toujours confondus de toute façon, prends tes cliques et tes claques, retourne là d'où tu viens, enlève-moi cette couronne à la con et trouve-toi des fringues propres. Cherche un taf, un vrai, fais-toi à manger le soir en rentrant, regarde la télé ou fais des mots croisés, appelle tes potes de la Cène et organise un barbecue avec merguez et sauce piquante, et surtout, ne me dis plus ce qui est bien ou mal, n'essaie pas de me montrer le chemin, parce que vu tout ce que tu as fait dans ta longue vie d'Eternel, il n'y a pas de quoi être fier. Vraiment pas."

La 3ème partie sonne comme un état des lieux de ce qui a été et n'est plus. Un constat rapide, sans appel.

Pourquoi cette lecture? Je passais dans les rayons de la bibli, je l'ai vu, on s'est plu... Enfin... c'est plutôt le titre qui m'a fait de l'oeil. Est-ce que j'en ai saisi la référence? Oui et non... Mais si vous êtes arrivés jusqu'ici vous aurez (je l'espère) compris que Méfiez-vous des enfants sages parle du douloureux passage de l'enfance à l'adolescence, de la perte des illusions, de cette candeur enfantine qui nous abandonne en chemin (pour peu qu'on ait eu une enfance protégée).

Le ton de Cécile Coulon dans ce roman est parfois cynique, ironique, triste mais ô combien juste.
Lien : http://quel-bookan.hautetfor..
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Une nouvelle fois, Cécile Coulon s'empare du mythe américain tel qu'on peut le percevoir en France pour en faire le prétexte à une histoire très personnelle. Elle décrit avec force l'adolescence de la jeune Lua et parvient à donner vie à l'ensemble de ses personnages, le tout avec une concision qui semble réellement être sa marque de fabrique. Cécile Coulon est définitivement un auteur à suivre.
Lien : http://livres-et-cin.over-bl..
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Ce court roman, c'est comme si on ouvrait une vieille boite en fer remplie de souvenirs de jeunesse et de petits bonbons acidulés. On ouvre la boîte et on pioche les éléments les uns après les autres. Ils n'ont pas forcément de lien, ni de sens, ça parait décousu mais c'est si bien raconté qu'on savoure chacun de ces éléments. J'ai eu une petite préférence pour la narration autour de James Freak. C'est un petit roman percutant, à l'écriture à la fois douce, franche et précise, qui parle de la jeune Lua mais aussi de sa mère, et de leurs visions du monde à travers leur jeunesse dans une petite ville des Etats-Unis (mais on se croirait en France).
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La vie de Lua, une gamine de cinq ans, racontée ici jusqu'à ses 15ans. Ses gamineries, ses amis, ses parents, ses angoisses, tout y passe. On s'attache à cette gamine sage, même s'il faut s'en méfier comme annonce le titre du livre.
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Au tout début de ce court texte de moins de cent pages, les chapitres s'enchaînent donnant à voir des instantanés de vie qui semblent épars.

Dans une deuxième partie, nous voilà dans la tête de Lua, dont on comprend progressivement le lien avec les premiers personnages. En totale immersion dans ses pensées, l'on assiste à son enfance entre un père intéressé par ses animaux de laboratoire et une mère blasée relisant inlassablement « Sa majesté des mouches », jusqu'au jour où tout ne sera plus jamais pareil…

Les descriptions sont ici déjà incroyables, donnant en quelques mots une idée très précise des lieux, des maisons de cette Cold Street où tout se joue et de ses habitants.
Cette sortie de l'ingénuité se dessine alors sous un angle net, incisif, sans concessions dans cette Amérique profonde qui n'en est pas moins universelle.

Le texte aborde une belle réflexion sur le devenir, sur le rapport aux autres et sur cette désillusion inhérente à l'adolescence …

Il s'agit là du premier roman de Cécile Coulon paru aux éditions Viviane Hamy en 2010
Elle avait alors 19 ans

Une étonnante découverte !
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