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EAN : 9782378800789
345 pages
L' Iconoclaste (21/08/2019)
3.78/5   2379 notes
Résumé :
Dans sa ferme isolée au bout d'un chemin de terre, appelée le Paradis, Emilienne élève seule ses deux petits-enfants, Blanche et Gabriel. Devenue adolescente, Blanche rencontre Alexandre, son premier amour. Mais, arrivé à l'âge adulte, le couple se déchire lorsqu'Alexandre, dévoré par l'ambition, exprime son désir de rejoindre la ville tandis que Blanche demeure attachée à son coin de terre.
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3,78

sur 2379 notes
°°° Rentrée littéraire 2019 #1 °°°

Le voilà, mon premier coup de coeur de la rentrée littéraire, de la trempe d'un Né d'aucune de femme de Franck Bouysse.

L'histoire d'une lignée de femmes ( la grand-mère et la petite-fille ) qui renoncent à leur vie pour une terre, celle de la ferme du Paradis, comme une malédiction. Quasiment une tragédie grecque, presque un conte intemporel sous forme d'un huis clos au Paradis. La tension gonfle, l'angoisse sourde monte. Il est difficile de savoir quelle forme le Mal prendra, mais on sent une sorte de fatalité implacable qui va le faire surgir.

Chaque chapitre porte le nom d'un verbe «  Faire mal », « protéger », « construire », «  surmonter », «  grandir » ... «  venger », « surgir », « mordre », «  vivre » ... ils remontent des tréfonds des âmes pour parler de liberté, de fatalité, de renoncements, de passions, de trahisons, de vengeance dans un mouvement organique d'une rare densité.

Il y a beaucoup de chair dans ces pages, celles des corps qui s'aiment, celles des êtres qui souffrent. Les personnages de Cécile Coulon sont remarquablement caractérisés, d'une terrible humanité, psychologiquement intenses. Leurs tourments et leurs excès s'entrechoquent :

- la vieille Emilienne, la matriarche qui tient ferme l'exploitation agricole, elle dont le corps était celui « d'une ogresse affamée, d'une rudesse et d'une solidité à toute épreuve, capable de douceur comme de violence, capable de caresse comme de gifle, et tous autour d'elle s'appuyaient sur ce corps pour rester debout »

- Blanche, « depuis la mort de ses parents, elle restait aux yeux des autres une enfant seule que l'absence avait frappée au moment des naïvetés normales et nécessaires. Ce chaos avait fait de Blanche une guerrière de cinq ans ». Elle qui lorsqu'elle aime, c'est à la vie à la mort, pour toujours, droite dans son amour. Une héroïne absolue.

- Louis, le commis d'Emilienne, qui aime passionnément Blanche alors que pour cette dernière, « il n'avait aucun charme, aucun pouvoir érotique, il occupait la place d'un animal domestique, intelligent et docile. »

- Alexandre, le premier amour de Blanche, qui rapidement comprit que «  ses parents redeviendraient vite des gens dont on ne retient pas le nom, des gens qu'on appelle ceux qui ont la petite maison oui mais laquelle, la troisième avec le pré derrière, mais le pré n'est pas à eux, c'est tout de même dommage », celui qui construit son ambition de s'extraire de ce milieu dès l'enfance.

- Gabriel, le frère de Blanche, hanté par la tristesse, «  aussi frêle dans sa peau que gigantesque dans son chagrin » avançant sur le bas côté dans l'ombre de sa soeur et de sa grand-mère.

Tous inoubliables. Cécile Coulon veut que le lecteur ressente des choses pour eux, soit habité par eux. Et cela fonctionne parfaitement car cette très jeune auteure ( 29 ans seulement ) déploie une virtuosité narrative rare avec une écriture qui m'a râpé la couenne au plus profond et a fait vibrer chacune de mes cellules. Je me suis délectée de ses mots si bien lâchés, entre poésie et rudesse, violence tapie et lyrisme. C'est exactement ce que je recherche lorsque je lis, de l'organique, du tellurique, du vital. On sent à quel point l'auteure doit aimer Steinbeck, Faulkner, Tennessee Williams.

Cécile Coulon a dit qu'avec ce roman elle voulait arrêter d'être l'auteur très sage qu'elle est depuis 12 ans. Elle y est parvenue tant ce roman est plus noir, plus violent, plus sexuel aussi que ces précédents romans.

Un roman empli d'un souffle puissant, profond, hypnotique, à l'empreinte singulière.

Disponible à partir du 21 août
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Cécile Coulon n'a pas peur de trancher dans le vif et dans le lard. Son écriture est parfois sobre souvent vive toujours directe.
Dès les premières pages on devine un drame.
Le livre débute par une scène d'amour entremêlée avec une scène de tue-cochon. L'odeur de la peau, de la sueur, la confusion des premières fois se mêlent à l'odeur du sang et des cris de l'animal. Mauvais présage.
Malaise du lecteur qui d'emblée plonge dans une atmosphère fiévreuse à la fois empreinte de sensualité et de brutalité.
Blanche et son frère Gabriel perdent leurs parents très jeunes et sont recueillis par leur grand-mère Émilienne dans la grande ferme familiale « Paradis ». Les rejoindra le commis Louis secrètement amoureux de Blanche.
Solide et courageuse Blanche est perçue comme une guerrière le travail à la ferme et sa terre deviennent son tout.
Elle voue un attachement profond à ce domaine avec lequel elle fusionne et sur lequel elle veille viscéralement.
Puis vient la rencontre avec Alexandre entre eux, l'attirance est fatale, leur relation débute par une alliance avant de devenir passion amoureuse.
Ambitieux, promis à un bel avenir il décide de quitter cette vie étroite et abandonne Blanche.
Comment faire le deuil d'un « amour vivant »? Voie sans issue. Début de la transformation.
Cet abandon déclenche un désespoir et une rage incontrôlables. Blanche devient une ombre « elle se déplace dans sa vie comme un fantôme dans une forteresse ».
La bête, c'est elle.
Dévastée par le chagrin elle perd pied, devient fuyante et silencieuse. Inconsolable elle tente pourtant de reprendre le contrôle de son corps disloqué et est en proie à des réactions extrêmes.
Le Paradis devient un tombeau dans lequel on côtoie « plus de fantômes que de vivants ».
Le retour brutal d'Alexandre quelques années plus tard et son comportement vont relancer un rouage temporairement désactivé et conduire à la mise en place d'une mécanique implacable.
Dans cette histoire la trahison, la manipulation et le désir de vengeance réveillent une animalité chez Blanche, pourtant non dénuée d'humanité, et donne une tonalité intéressante au récit.
Un bon moment de lecture.



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Ne pas se fier au panneau à l'entrée du chemin qui dit : Bienvenue au Paradis. Car il a tout l'air d'un enfer ce paradis là, où Emilienne élève comme elle peut les deux enfants de sa fille, décédée avec son époux dans un accident de voiture, à quelques centaines de mètres de la ferme. Elle-même veuve, elle accepte de bonne grâce l'offre spontanée de Louis : tout le monde y trouve son compte. Emilienne profite d'une aide précieuse pour cette lourde tâche qu'est le travail dans une ferme à l'ancienne et Louis est à l'abri de la violence de son père. C'est aussi pour les deux enfants un repère stable dans l'univers chaotique des deux orphelins.

Le temps passe et les enfants grandissent. Blanche ne résiste pas au charme d'Alexandre, le beau garçon ambitieux que toutes les filles convoitent. Et cela est loin de plaire à Louis…

Dans ce roman aux allures de fable, les femmes sont fortes et indépendantes, affirmées dans leurs choix et leurs passions. Et au contraire l'image de l'homme est associée à la violence ou à la vénalité. Pas de cadeau pour la gente masculine.

Le cadre de la ferme avant que l'on parle d'exploitation agricole est bien représenté, avec ses rites immuables, comme la fête autour de l'abattage d'un cochon, ou les routines du soin aux animaux.

C'est avec une plume claire, solide, que Cécile Coulon narre cette histoire de drames et de passions, au coeur d'un décor suranné mais fondateur.

Qui est la bête dans l'histoire? Au lecteur d'en tirer des conclusions
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Blanche et Gabriel ne sont encore que deux enfants quand leurs parents décèdent d'un accident de voiture, confiés à la grand-mère, à la ferme du Paradis. Blanche, car c'est surtout elle qu'on suit ici vouera un amour obsessionnel et fou pour cette ferme qui la verra grandir.

Coupée quasiment du monde, Blanche ne sera qu'une pauvre orpheline, pantin de terres qui font surgir la sueur sur les fronts, la petitesse agricole d'un monde fermé sur lui-même.
Blanche s'amourache très jeune d'Alexandre qui de son côté nourrit d'autres obsessions que des terres agricoles, au grand damne de la jeune fille.

Un roman de la terre, des bêtes qu'on égorge a sang, qu'on entend hurler pendant qu'Alexandre et Blanche font l'amour, des cochons qu'on affame pour aiguiser la vengeance, une grand-mère qui trucide les poules pour apprendre le respect à sa petite fille. Bref, les animaux dans Une bête au paradis sont de pauvres créatures utilisées par l'auteure pour refléter les facettes de cette humanité mise à mal.

Si on parvient à percevoir ces subtilités métaphoriques, le roman est plutôt intéressant mais si on s'arrête à cette réalité archaïque du monde agricole, la lecture devient pénible.

C'est un roman qui ne m'aura pas touchée ni retenu mon attention au-delà d'une plume agréable et recherchée. L'atmosphère est sombre, les personnages m'ont semblé creux et insipides, et cette ferme au paradis qui semble patauger dans l'ombre, en enfer, sans la consistance d'un décor ancré, foisonnant d'émotions, de psychologie, et ce manque d'amour pour ces terres, ce chien sans nom, ces animaux qui croupissent dans un bouillon.

Pas convaincue.
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Un roman prenant et magnifique qui hante quelque temps, après sa lecture!
Dès les premières lignes, description est faite de ce qu'est ce Paradis : une ferme isolée au bout d'une route sinueuse, une cour avec au centre un arbre centenaire, des dépendances et une fosse à cochons.
Blanche, 80 ans se souvient.
Émilienne, la grand-mère est la gardienne du Paradis. À la mort de sa fille Marianne et de son gendre Étienne tués dans un accident de voiture, elle élèvera ses deux petits-enfants Blanche et Gabriel.
Louis, un adolescent qu'elle sauvera de la violence de son père viendra vivre à la ferme et lui sera totalement dévoué sans pour autant faire partie de la famille.
Puis, il y aura Alexandre, le bel Alexandre, doux séduisant mais ambitieux qui répugne à vivre la vie simple et résignée de ses parents. Ce sera l'amour de Blanche, le grand amour.
Cécile Coulon raconte une vie à la campagne avec le dur labeur que cela représente, l'isolement souvent, cet attachement à la terre qui fait oublier les peines, les fatigues mais aussi le plaisir et la joie de vivre dans un environnement unique. Malgré tout, c'est un investissement de chaque instant où il ya peu de place pour la vie personnelle. Cette vie rurale n'a pas été sans me rappeler le roman "Joseph" de Marie-Hélène Lafon
Ce qui est le plus remarquable c'est la façon dont elle dépeint chaque personnage. Ses portraits tant physiques que psychologiques sont particulièrement beaux, frappants et d'une étonnante justesse. C'est un roman qui se déroule en crescendo. Comment l'amour peut conduire jusqu'à la folie !. Dès le début, une once d'inquiètude, d'angoisse est latente sans qu'on puisse la définir. Bien vite, nous allons comprendre que cet amour entre Blanche et Alexandre pourrait devenir tragique. Car, si Blanche est folle d'amour pour Alexandre, elle l'est également pour sa terre.
Les sentiments qui vont animer tous les personnages de ce roman, l'amour, la passion, la jalousie, l'ambition, la haine, la trahison, le renoncement, la vengeance sont restitués avec une maîtrise parfaite.
Les titres des chapitres : Faire mal, Protéger, Construire, Surmonter, Grandir, Tuer, Naître... sont autant de verbes qui nous font monter en tension, et donnent un rythme haletant à ce roman.
Bien que connaissant avant de le lire, la trame du livre, j'ai été captivée de bout en bout par cette intrigue, et suis restée admirative devant cette écriture concise, précise, colorée, fluide et avant tout plaisante. Une bête au Paradis est une sublime tragédie, un roman sur la vie à la campagne, noir, mais éblouissant !

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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critiques presse (5)
Liberation
24 septembre 2019
Un OLNI, objet littéraire non identifié, où le lecteur s’ennuie ferme à la ferme d’Emilienne, paysanne taiseuse dont les vêtements sentent la terre et le grain, qui tient tout son monde d’une main de fer, [...], des personnages-stéréotypes, tout ce qui fait, tu vois où je veux en venir, le délicieux roman de terroir.
Lire la critique sur le site : Liberation
Culturebox
04 septembre 2019
Avec Une bête au paradis, son septième roman, Cécile Coulon creuse son sillon, celui de la terre et du monde rural, et brosse en même temps un portrait peu reluisant de l'âme humaine, peignant dans une langue charnelle aussi bien les corps, la terre, les bêtes, le désir ou les sentiments.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LaLibreBelgique
03 septembre 2019
Simple, fort et profond, "Une bête au Paradis", le nouveau roman de Cécile Coulon.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeMonde
30 août 2019
La romancière déroule, dans le domaine du Paradis, une histoire de famille et d’attachement à la terre, construit comme une tragédie. Peut-être son livre le plus intime.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaCroix
23 août 2019
Une lignée de femmes accrochées à leur terre, des hommes impuissants à arrêter le destin en marche, Cécile Coulon fait de la campagne française le théâtre d’une tragédie grecque.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (259) Voir plus Ajouter une citation
Au centre de la cour, un arbre centenaire, aux branches assez hautes pour y pendre un homme ou un pneu, arrose de son ombre le sol, si bien qu'en automne, lorsque Blanche sort de la maison pour faire le tour du domaine, la quantité de feuilles mortes et la profondeur du rouge qui les habille lui donnent l'impression d'avancer sur une terre qui aurait saigné toute la nuit.
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Il n'avait pas pu, ce n'était pas que son corps refuse de la besogne, au contraire, mais Alexandre n'était pas un garçon de grange, d'oeufs, de de cornes, Alexandre n'était pas un garçon de marécage, de lisier, de grenouilles, Alexandre était un homme impatient dont les rêves dévorants dépassaient les contours du Paradis, et l'amour qu'il portait à Blanche, son amour d'adolescent, vif, éblouissant, ne suffisait pas à l'immobiliser en ces terres, près de ses pauvres parents, de leur maison étroite, près de la vieillesse d'Emilienne et du regard noir de Louis, près de la mélancolie quotidienne de Gabriel qu'il évitait à tout prix, craignant d'être contaminé par elle.
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Maintenant qu'elle y passait ses nuits, Aurore comprenait qu'elle ne soignerait pas Gabriel, qu'il y avait en lui un arbre noir depuis l'enfance, que la mort de ses parents avait arrosé de colère ; elle ne pouvait pas le tomber, cet arbre, seulement couper quelques branches quand elles devenaient trop encombrantes. Elle le rafraîchissait, le frictionnait de ses mots et de son sourire, elle le secouait pour que tombent de son âme des feuilles mortes et des fruits empoisonnés.
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Il scruta son visage : elle avait vieilli. Ses yeux disparaissaient, enfoncés dans les rides qui les mangeaient, rivière jamais rassasiée. Le vert si dur, si beau de ce regard avalé par le temps se transformait en gris, un gris de terre, un gris de jument, un gris qui ternissait tout, amplifiait les petites peurs, les angoisses sans importance.
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Il ne faisait pas partie de la famille. Il était employé, ici. On ne lui avait rien dit, parce qu'on attendait de lui ce qu'on attendait d'un commis de ferme. Nourrir les poules. Nettoyer la cour. Inspecter la grange. Trier les œufs. traire les vaches. Il ne faisait pas partie de la famille.Il faisait partie de la ferme. Louis avait oublié ce que c'était d'être du paysage sans être de la photo.
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