Le livre du rien

Dans cet album aux couleurs chaudes et aux crayonnés vigoureux, Rémi Courgeon met en place un équivalent du MacGuffin, invention d'Alfred Hitchcock. le grand réalisateur anglais considérait qu'il fallait happer le public par un objet matériel qui conserve un grand mystère pendant tout le développement de l'histoire mais permet de concrétiser toute l'attente du public. Dans cet album, il s'agit d'un livre qui contient la peur des écrivains – la page blanche (il y en a même plusieurs !) – mais également la peur de tout être, le vide, l'absence, le doute… Face à la clarté immobile des feuilles, l'auteur met en scène une enfant grandissant et construisant sa vie, porté par le tendre accompagnement de son aïeul. Celui-ci par ce cadeau parvient à la rassurer et la préparer à l'incertitude de la vie. Elle fourmille d'idées, devient chef culinaire et vit passionnément. Cet appétit, généreux et joyeux, est éclatant et communicatif. le livre se termine par une pirouette étonnante et un sourire tendre. L'écriture de Rémi Courgeon réunit tout l'imaginaire d'Alicia et de son grand-père. Un imaginaire qui n'a pas de frontière et se nourrit de tout, du chagrin, de l'ennui, des éléments précieux de la vie.
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