"Tu es triste, Zéline?
- non ma fille...juste mélancolique"
Le mot ne me disait rien
- "Tu as en toi des fleurs à cornettes
les grandes, là, avec des cloches violette?
- Tu confonds avec l'ancolie, mon Élise
mais il est vrai qu'avec la t^te qui tombe
les ancolies ont quelque chose de chagrin"
L'été dernier, nos deux frères aînés
Ont quitté la maison un matin
Tandis qu'ils s'éloignaient sur le chemin
Élie a demandé : Que vont-ils faire ?
- Apprendre la Terre a dit notre père
Les lois diffèrent d’un pays à l’autre
C’est bien le signe qu’elles sont mauvaises.
Je le sais maintenant :
Pour s’orienter, les rêves sont grands.
Le cœur des hommes est une chose fragile
Qui s’émeut, qui s’emballe et qui se fige
Et malheureusement, il se peut ensuite
Qu’il t’enserre et qu’il te brise.
Mon père dit que les seules lois valables
Sont celles qui président à la croissance de ses salades.
Carte en main, je dévale la combe en trombe
Cette fois, c'est moi l'orage, c'est moi le vent
Je descends le torrent en éclaboussant
Ronces, bouleaux et coudriers-
Tout ce qui pousse en bosquet
"Je ne sais plus trop quoi penser:
Je suis parti pour fuir son amour insensé
Puis en chemin, j'ai cessé de croire à sa réalité
Tu l'as vraiment vue, toi, la Vouivre?"
Les deux hommes chantent
Des trucs qui datent de la révolution
« Mais de laquelle ? je demande
- Bof, dit Philémon. C’est toujours la même … »
Comme toutes les pierres
Elle vient du fond de la Terre
Elle a la vie longue
Et tout au fond d’elle
Quelque chose gronde…