Une référence sur le cinéma américain par deux grands auteurs et critiques.
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« Nous sommes tous des acteurs et nous jouons tous un jeu », a déclaré Mankiewicz dans une de ses interviews. Ses derniers films, thématiquement les plus explicites, sont entièrement marqués par cette vision de l'existence comme action dramatique, action où les protagonistes sont les auteurs-metteurs en scène de leur propre destinée et de celle des autres. Tous les personnages de Mankiewicz sont menés par l'ambition, mais qu'ils aspirent à la réussite, la gloire, la richesse, ou tout cela à la fois, c'est en fait le pouvoir qui est leur objectif ultime. « Tirer les ficelles » de ce théâtre de marionnettes qu'est la société humaine est leur vocation, leur raison d'être. Tous sont, d'une façon ou d'une autre, des artistes, l'activité créatrice est chez eux l'extension de la soif du pouvoir. Les protagonistes demiurges de the 'Honey Pot' et 'Sleuth' ont tout loisir de se consacrer à leur œuvre. Ces hommes se sont réfugiés dans un monde d'illusion, s'y sont hermétiquement enfermés et consacrent tous leurs efforts à obliger la réalité à se conformer à leurs fantasmes. Cecil Fox (The Honey Pot) reprend Volpone dans la vie réelle, y ajoutant une variation personnelle qui lui permet de tromper ses victimes plutôt deux fois qu'une. Dans 'Sleuth', l'auteur de romans policiers Andrew Wyke imagine un stratagème incroyablement compliqué (il semble être sorti de l'un de ses livres) afin de prendre au piège et d'humilier l'amant de sa femme. Dans les deux films, l'obsession manipulatrice atteint un degré sans précédent. Dans 'Sleuth', elle est un principe universel : le manipulateur devient à son tour la victime du manipulé en un échange de rôles qui, à la limite, pourrait être sans fin. Même obsession dans 'There Were a Crooked Man', où le hors-la-loi et le représentant de l'ordre incarnés par Kirk Douglas et Henry Fonda passent des années à jouer au plus fin, chacun usant du pouvoir qu'il possède (pour l'un, un savoir : la cachette du trésor ; pour l'autre, la loi) afin de manipuler l'autre.
p.689
[Au sujet des mélodrames de Vincente Minnelli]
La flamboyance de la forme tire ces films vers l’opéra (ce qui nous rappelle le sens orignal de mélodrame), et on ne juge pas un opéra sur le réalisme et la vraisemblance de son livret. Pourquoi ne pas apprécier les envolées lyriques de Minnelli comme les amateurs d’opéra apprécient leurs arias favoris, sans se croire obligé de s’excuser pour l’artifice de leur contexte ?
J-P. Coursodon et B. Tavernier : Cinquante ans de
cinéma Américain
Nous retrouvons
Olivier BARROT à l'Institut du Monde
arabe pour la présentation de l'ouvrage "
50 ans de cinéma américain" de
Jean Pierre COURSODON et
Bertrand TAVERNIER. Cette 4ème édition raconte l'évolution des grands studios de
cinéma et comporte un
dictionnaire des scénaristes et des réalisateurs.