Avec
L'Article 330,
Georges Courteline écrit à peine une pièce de
théâtre, plutôt une farce pourrait-on dire. Mais à y regarder de près, cette farce-là a quelque chose d'éminemment profond et philosophique.
Son ton sarcastique et quasi pamphlétaire ne doit pas en faire oublier la moelle : à la fois le rire qu'il provoque et la réflexion qu'il suscite. Un peu à l'image de
Franz Kafka dans son célèbre Procès, l'auteur nous interpelle sur la justice et sur la loi ainsi que sur la subtile — mais très palpable — différence qu'il y a entre les deux.
Le débat n'est pas nouveau et était même l'un des favoris
De Balzac, où l'auteur montre que l'on peut être un maraud en toute légalité et un innocent de bonne foi débouté par un tribunal (voir aussi Doubrovski de
Pouchkine dans le même esprit).
Dans la pièce qui nous occupe, Jean-Philippe La Brige subit des nuisances d'un trottoir roulant installé pour l'Exposition Universelle de 1900 à Paris. Il a usé de tous les recours légaux possibles et imaginables pour obtenir gain de cause mais n'a obtenu que le droit de payer les frais occasionnés par ses passages successifs devant le tribunal.
L'homme étant par nature obstiné et quelque peu chicanier, il décide de se faire moindrement justice lui-même sans pour autant être tout à fait dans l'illégalité en regard de la Loi, épluchée dans sa lettre. Je vous laisse le plaisir de découvrir le moyen employé par La Brige et ce qui lui arrivera.
J'en terminerai simplement en vous rappelant cette citation
De Balzac dans
La Maison Nucingen : « Les lois sont des toiles d'araignées à travers lesquelles passent les grosses mouches et où restent les petites. »
En somme, une toute petite pièce bien drôle et non dénuée d'intérêt social et philosophique, qu'on ne prend pas grand risque à lire car, au pire, elle laisse indifférente, au mieux, elle vous occasionne quelques beaux éclats de rire, du moins c'est mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose au regard de la loi.