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EAN : 9782709642804
250 pages
J.-C. Lattès (01/02/2013)
3.84/5   67 notes
Résumé :
Les copains des maisons de campagne, un jeune homme confronté à la lâcheté, un père divorcé qui s'inscrit à un jeu télévisé pour conquérir ses enfants, une jeune femme qui sacrifie tout pour courir le marathon, un bobo parisien qui contemple le monde dans un restaurant japonais.
Au cours de ces nouvelles, du coeur de la ville au coeur de la campagne, Franck Courtès déroule le fil ténu de nos vies. Il dit avec maestria ces tremblements de terre intimes et sil... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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Après Robinson, j'avais envie de vie qui grouille, de situations variées dans lesquelles me divertir. J'ai donc pioché dans la liste de nouvelles proposée par Bookycooky (que je remercie pour cette découverte et les suivantes). Ce recueil m'a apporté ce que j'étais venu y chercher : du court sans trop d'investissement, une écriture simple qui se lit rapidement. Même si j'ai trouvé les 300 dernières pages plus prenantes que les 300 premières.


Dans les 300 premières pages, je suis restée un peu sur ma faim. La première nouvelle éponyme par exemple, dont je trouvais le thème intéressant : à l'occasion d'une préparation de marathon, une jeune femme évoque en elle-même les raisons de son rapport à son corps, de son alcoolisme, de son besoin de ce défi pour montrer aux autres qu'elle existe et est digne d'autre admirée. C'est pas mal fait, mais au moment le plus intéressant, le point de vue devient extérieur et raconté par des témoins. Il m'a vraiment manqué quelques lignes sur ce qu'il se passait dans le corps et dans l'esprit de cette femme au moment crucial. Comme si l'auteur avait lâché l'affaire avant la ligne d'arrivée. Pas de bol, en l'occurrence, après s'être tapé 20 bornes.


J'ai trouvé les autres nouvelles de cette première moitié inégales en intérêt. La plume de l'auteur étant très simple, presque froide, si le thème ou la façon de le traiter ne relève pas l'ensemble, l'intérêt pâlit. Ainsi certaines tranches de vie m'ont laissée indifférente : soit que l'histoire manquait de ressort, ou les personnages de relief ; et je n'ai presque jamais pu m'attacher ou m'identifier à eux. Les personnages font souvent le même métier (photographe), ont un père mort par un chauffard (ça ressemble à un élément autobiographique qu'on tente d'exorciser), ou un fils surdoué (qui ne finit jamais bien). On a presque l'impression que l'auteur n'étant pas satisfait de la première manière d'exploiter l'élément, il essaie autrement. Etrangement, alors que l'auteur est photographe de métier, ce sont ces personnages et nouvelles qui m'ont le moins faite vibrer.


Puis on comprend finalement qu'on ne tient pas entre les mains un recueil de nouvelles totalement indépendantes. Des prénoms reviennent, des instantanés de couples s'empilent pour former non pas un roman mais une sorte d'album de famille. La démarche devient plus intéressante, chaque nouvelle est un petit bout de leur histoire à des moments différents. Celles que j'avais trouvées un peu pâles sont à rapprocher de certaines autres qu'elles éclairent sous un autre angle, pour leur donner un nouveau relief.
Finiront-ils par me toucher pour autant Romain et Louise, Bruno et quelques autres, au bout des 600 pages ? Pas tous. C'est le bémol de cet ouvrage pour moi.


J'y ai quand même lu, surtout dans la seconde moitié, de beaux moments plus intenses : Comme la colère désespérée de Stéphane qui vit en HLM, dont les propos peu défendus, entendus et compris car très politiquement incorrects dans notre société - mais pourtant si réalistes - avaient du coffre et sonnaient juste.
Ou encore l'« Au revoir » de ce petit garçon qui est très émouvant, ainsi que l'enfance de Romain en avant dernière histoire (de 64 pages), ou encore l'handicapée au restaurant.
Et puis globalement, j'ai trouvé plutôt sympa de retrouver des news de certains perso dans d'autres circonstances, comme on croiserait par hasard une vieille connaissance.


Au total, un recueil qui a rempli l'office de trait d'union entre deux romans, même si les nouvelles et personnages (surtout de la première moitié de l'ouvrage) manquent d'un petit supplément d'âme à mon goût.
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Autorisation de pratiquer la course à pied
et autres échappées
Franck Courtès, JC Lattès


C'est le titre qui m'avait arrêtée, et finalement ce sont les autres échappées qui m'ont retenue.
Autorisation de pratiquer la course à pied est un recueil de 19 nouvelles, et le premier livre, de Franck Courtès, photographe de son état. le personnage du photographe est récurrent dans ce recueil, ainsi qu'un personnage nommé Romain, qu'on voit deux fois en couple, ou trois en face de Bastien, en ami bourgeois, en amant dont la maîtresse est lasse, en adolescent qui connaît le premier amour. le personnage de Pauline est là deux fois, personnage rédempteur, et gardien de l'enfance, ou de l'être véritable. Ce qui revient aussi, c'est le drame de l'adolescent/e de 16 ans dont le père meurt brutalement, ce qui fut le drame de Franck Courtès.
La première nouvelle donne son titre au recueil, sans mentionner la précision importante, "en compétition". Il s'agit d'une dame mal dans sa peau, qui trouve dans l'alcool comme une euphorie, et qui s'est mis en tête à 46 ans de faire un marathon. Sa préparation à l'épreuve la coupe des gens, bien qu'elle découvre en courant sur un chemin de halage une partie de la misère humaine, et des siens qui ne s'y intéressent pas. Elle cache au médecin qu'elle a consulté pour obtenir l'autorisation, la douleur, l'ennui, qu'elle éprouve pendant ses séances de course, et aussi la diarrhée qui l'afflige. Elle veut connaître le "mur" des 32 kilomètres, l'effet qu'il produit.
A la fin de la nouvelle, des marathoniens témoignent de l'importance de l'accompagnement.
Les personnages des nouvelles semblent vouloir être à la hauteur. A la hauteur de ce qu'il leur paraît qu'on attend d'eux. Ils se sentent ou se montrent impuissants, lâches, différents, faussement supérieurs. Il est question de sexe, de jeune âge, d'amour -et d'amour qui dure, " celui dont on entend parler depuis tout petit et qui se met en travers de votre route un jour", de bonheur. Il montre la fragilité des êtres. Et c'est sans doute cette fragilité qui fait leur humanité, ou leur trop d'humanité. Une nouvelle est bouleversante qui donne à lire le journal d'un enfant qui se suicide, et qui écrit au tout début: "Pour mon anniversaire, mes douze ans (douze ans, ça fait bizarre, j'ai l'impression d'avoir toujours onze)"; ces lignes prennent une résonnance particulière.
le style de Franck Courtès est pur de toute affectation. L'auteur est dans la mesure, le re-tenu. Il est juste, il a de l'humour, il pratique l'ironie, ses mots font touche, comme le brochet qui mord dans la perche goujonnière; c'est un poète. Il a le sens de la formule, j'en offre quelques exemples: "A peine au maquis, et déjà collabo; Sa beauté lui avait ouvert tous les cercles, son sérieux les lui avait aussitôt refermés; Il n'avait pas fait médecine pour autoriser les gens bien portants à aller se faire du mal."
Il a également le sens de la construction. Toutes ses nouvelles entretiennent la tension, tiennent en haleine. Il est astucieux dans la disposition de ses trois "Chroniques de mon restaurant japonais favori", dans lesquelles on savoure toute l'autodérision du narrateur, et on reprend souffle. La dernière nouvelle fait office de "concetto" ou de coda. Il n'a pas non plus négligé les titres: j'aime bien "Une dent contre lui" qui ne laisse pas du tout deviner de quoi il s'agit, et "Elle est partie et je l'ai quittée", phrase qui a dû plaire à Franck Courtès qui l'utilise comme un leit-motiv.
Ces nouvelles, qui sont de la belle ouvrage, content poétiquement les choses de la vie. La nôtre, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre .

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Directement inspiré par "Autoportrait de l'auteur en coureur de fond" de Haruki Murakami, le titre qu'a choisi Franck Courtès pour son premier ouvrage est un clin d'oeil à leur passion commune, vécue comme un exercice initiatique voire rédempteur.
C'est donc tout naturellement à la course à pied et aux motivations intimes qui permettent d'endurer un tel effort qu'est consacrée la première nouvelle de ce recueil qui en compte 19.
19 nuances autour des sentiments humains, servies par une écriture sobre mais juste. Les joies de l'enfance, l'amitié, la volonté d'être de bons parents, le couple, nouveau ou usé, les premières amours... Franck Courtès analyse les ressorts qui nous anime (pas tous grandioses mais touchants dans leur aspect ordinaire car sincères) sans oublier les loupés, les résignations voire les lâchetés dont certaines ont parfois des conséquences dramatiques.
Dans "Chroniques de mon restaurant japonais favori" déclinées de manière ternaire, il adopte la posture de l'observateur (le photographe en lui n'est jamais bien loin) et aborde avec pudeur mais pourtant sans détour, la question du regard posé sur le handicap.
Dans ce recueil de nouvelles, Franck Courtès esquisse aussi le personnage principal de son futur roman (Toute ressemblance avec le père) en accordant une place récurrente à un certain Romain, photographe de son état...
Le monde de la photographie peut se désoler, le monde de la littérature se réjouir, un auteur est né et il a des choses à nous dire !

Lien : http://leschroniquesdepetite..
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Autant annoncer la couleur, à part les nouvelles de Dino Buzzati ou de Michel Tournier, j'ai beaucoup de mal avec ce genre. J'ai donc abordé ce livre (qu'on m'avait prêté), avec beaucoup circonspection. Mais dès la première nouvelle j'ai été saisie par la plume de l'auteur, la rapidité avec laquelle il nous fait entrer, sans détour, dans l'esprit de ses personnages. Tout sonne avec une telle justesse dans ces nouvelles qu'on est surpris d'apprendre que c'est un premier roman. Cette écriture tranquille mais néanmoins vive nous guide naturellement vers la psychologie de personnages naviguant dans les méandres d'une existence banale et néanmoins complexe. le titre du livre « Autorisation de pratiquer la course à pied… » est aussi celui de la première nouvelle qui sera suivie de 18 autres. Aucune n'est moins bonne que l'autre. Et chaque fois, en peu de pages, nous faisons la rencontre d'un être de fiction à l'identité si puissante qu'il nous semble être réel. Avec beaucoup d'acuité Franck Courtès en bon photographe (qu'il doit être ? !) nous livre un cadrage pointu et juste du monde qui nous entoure. Et si avant d'ouvrir le livre, vous ne comprenez pas l'énigmatique « comme quoi ça tient à pas grand chose » écrit en quatrième de couverture, rassurez-vous en le fermant vous vous direz : c'est vrai, bonheur ou malheur ça ne tient pas à grand chose ! Monsieur Courtès j'attends votre prochain roman !
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Je lis peu de recueil de nouvelles. Non que je n'aime pas, mais, d'une part, je préfère la familiarité qui s'instaure progressivement avec les personnages de roman et, d'autre part, il en est peu de contemporains qui m'ont réellement transportée.
C'est dire si en découvrant "Autorisation de pratiquer la course à pied et autres échappées" de Franck Courtès, il m'a semblé ouvrir le coffre aux merveilles ! C'est un bijou qu'il faut lire absolument !
Les thématiques en sont celles de nos vies, de nos peurs et de nos renoncements, les pieds dans la glaise et la tête dans les nuages, souvent simplement en quête d'une quête qui nous grandisse.
A la cohérence des textes répond celle de l'écriture, toute en fines nuances, donnant matière et profondeur aux fragments du réel qu'elle découpe et nous laisse mettre en perspective. Ironie, mélancolie, humour et colère feutrée se déclinent au fil des histoires qui révèlent la fragilité de ce que nous avons tenté de construire, la vulnérabilité des êtres et le mystère insondable des existences que nous cotoyons en nous fiant, par paresse, égoïsme ou orgueil, au paraître.
Franck Courtès cerne ces troubles qui font trembler nos vies jusqu'au vacillement qu'une pirouette nous fait occulter. Un véritable bijou, vous dis-je !
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Au bout du village, c'était la campagne où l'on disait qu'il n'y avait plus rien. Combien de fois ai-je entendu dire d'un terrain bâti qu'il "n'y avait rien ici, avant?" Il y avait pourtant tout, des arbres, des prés, des insectes, de l'eau, des bruits la nuit à vous faire dresser les poils. "Rien?" Et l'espace libre? À l'heure des espaces de tout, espace beauté, espace détente, espace loisir, comment pouvait-on vouloir détruire " l'espace espace? " Un lieu précieux, ni géré, ni surveillé, pas javellisé, où l'on sentait bien l'espace justement, la vie sans nous, où l'on pouvait encore se croire individu, unique, où l'on pouvait voir l'invisible.
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Le divorce, c'était la guerre moderne, des nerfs, la propagande, les grands mots avec finalement que l'argent au bout, la négociation, l'amour entre les mains des comptables. Le prix des choses, on l'apprenait là, au tribunal, à tout recompter, les mots de travers, les sentiments qu'on aurait pas dû avoir, ou qu'on aurait dû avoir, c'était selon. C'était là, dans le tribunal éclairé comme une salle de chirurgie, qu'on vous disséquait enfin.
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On a des pudeurs parfois. J'étais partagé. N'importe quelle fille assise là, devant moi, par le hasard, je l'aurais regardée bien en face, comme un garçon. Parce que j'aime bien les filles, et que j'aime bien qu'elles sachent qu'on les aime bien, nous les garçons. Pour l'ambiance. Mais comment regarder une fille handicapée pour lui signifier qu'un garçon est là, sans qu'elle pense que c'est son handicap qui provoque la curiosité ?
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A l'adolescence déjà, le trac l'empêchait de sortir avec ses amis le soir. Sa mère, belle femme à l'autorité implacable, lui avait ôté, par abus de réprimandes, toute confiance en elle. L'alcool lui servit très tôt de bouée. Un garçon avisé et désireux de l'embrasser lui dit un jour qu'il la trouvait belle. Ce fut une révélation. Plus que l'amour, le compliment devint sa quête. Mais l'obsession de plaire, faute de succès, la conduisit à la souffrance.
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- Parce que çà y est, toi, tu n'es plus de gauche?
- Pas cette gauche là ! Par devant, c'est morale et droits de l'homme, mais par derrière, c'est les gosses dans le privé, loin des immigrés. Les quartiers bien protégés de la racaille et les vacances loin du peuple. Les immigrés sont les bienvenus en France, mais chez les pauvres, pas chez vous! Vous savez quoi? Vous vous êtes battus contre les frontières entre pays, çà faisait chic, mais vous vivez derrière de nouvelles frontières, invisibles celles-là, géographiques, sociales[...]
Et le mec qui vit vraiment avec ces Roms, ces immigrés, le seul truc que vous avez à lui dire, c'est : ne reste pas là ! Ne vis pas dans le même quartier qu'eux, voyons! Ah, vous me dégoûtez !
p190 (au livre de poche)
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Vidéo de Franck Courtès
Vous connaissez évidemment les coups de coeur de Gérard Collard, de Jean-Edgar Casel et les nouvelles chroniques BD de Thomas ! Nouveauté - Les libraires de la Griffe Noire vous donnent aussi leurs coups de coeur ! Comme si vous entriez dans notre librairie et que vous leur demandiez un conseil de lecture... Et cette semaine, Inès, qui a rejoint l'équipe il y a quelques semaines, vous parle d' "À pied d'oeuvre", de Franck Courtès.
À découvrir sur lagriffenoire.com https://www.lagriffenoire.com/a-pied-d-oeuvre.html
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