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EAN : 9782902920013
137 pages
Vent Du Ch'min (01/08/1983)
3.88/5   4 notes
Résumé :
Poèmes et chansons
«Ce petit gars maigriot,
aux regards de flamme,
aux lèvres pincées,
était un grand poète.
Il allait chantant les gueux des villes et des champs,
dans son jargon savoureux,
avec son inimitable accent du terroir.
Il flagellait les tartuferies,
magnifiait les misères,
pleurait sur les réprouvés et sonnait le tocsin des révoltes.
Un grand poète, vous dit-on»
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
N° 1447 Mars 2020.

Gaston Couté, le « gars qu'a mal tourné »

Gaston Couté (1880-1911) passa toute son enfance à Meung sur Loire où son père était meunier. Il n'aimait pas beaucoup d'école et lui préférait les bois et la nature. Dût-il à Villon qui fut un poète contestataire et qui y fut incarcéré quelques temps, d'être lui aussi « un gars qu'à mal tourné » mais Gaston connaissait par coeur des poèmes du Maître François et marqua très tôt sa préférence pour le français et l'histoire, délaissant les mathématiques au lycée d'Orléans qu'il finit par quitter en abandonnant définitivement ses études au grand dam de son père. Comme il n'était pas question d'en faire un meunier, on fit de lui, pour un temps seulement, un agent de perception, puis un reporter dans un journal du Loiret qui publia ses poèmes. Rapidement il fut invité à déclamer ses oeuvres dans les cafés d'Orléans et se laissa convaincre de partir pour Paris où il débarqua en octobre 1898 à l'âge de 18 ans. Les cabarets montmartrois accueillirent favorablement ce poète beauceron patoisant, lui procurant des applaudissements, mais pas de cachet. Il connut une longue période de misère et malgré des rencontres comme celles de Jehan Rictus et de Georges Oble qui l'invitèrent dans un cabaret qu'ils animaient, la bohème désargentée qui fut la sienne à cette période fit de lui un SDF.
Il revenait parfois chez ses parents à Meung qui lui pardonnaient volontiers de ne pas avoir appris le métier de meunier mais l'acceptaient comme il était, rêveur et insoumis, indifférent aux biens matériels et incompris. Il reste un poète de la terre, de la nature, des bords de Loire du patois, des déshérités, des filles de ferme jetées à la rue... C'était un être mélancolique, précoce mais farouchement indépendant, ennemi des compromissions, solitaire et dépourvu d'ambition, indifférent à la réussite sociale… Tout cela fit de lui un révolutionnaire, réfractaire à tout ce qui compose une société, la justice, l'armée, l'Église, les notables, la religion mais sa vieille croyance religieuse le rapprocha de Dieu avant de mourir et lui inspira l'émouvant « Notre-Dame des sillons ». Il ne se contenta plus d'être un poète libertaire, anarchiste, délaissant à partir de la trentaine les cabarets où se pressaient les bourgeois, pour devenir un militant, défenseur du Peuple, dénonçant l'injustice, contestant la guerre, la maréchaussée, la prison, les flics. il s'engagea dans « La guerre sociale », le journal d'extrême gauche de Gustave Hervé qui lui ouvrit ses colonnes pour des textes contestataires et subversifs contre l'autorité mais aussi l'accueillit comme polémiste, dessinateur, caricaturiste et lui rendit hommage à sa mort. Ainsi se termina dans la misère le bref parcours de ce poète mort à 31 ans de privations, d'excès d'absinthe, de la tuberculose qui l'emporta. Son enterrement fut cependant suivi par une foule populaire.
Il y aurait beaucoup de choses intéressantes à dire sur ce personnage, pourtant mort jeune et qui ne chercha pas la notoriété de son vivant, mais une biographie n'est pas mon sujet, d'autres s'en sont brillamment chargé. A titre personnel, je me suis intéressé à l'oeuvre de Gaston Couté à travers les travaux de Gérard Pierron, rencontré il y a bien longtemps lors d'un spectacle, et qui mit certains de ses poèmes en musique et les chanta. Il ne fut d'ailleurs pas le seul à être ému par le talent du Beauceron et beaucoup se penchèrent sur son oeuvre et la commentèrent. Il est pourtant aujourd'hui un poète injustement oublié. de nos jours, il n'est meilleur vecteur de la poésie que la chanson et je me suis demandé pourquoi Georges Brassens qui pourtant a popularisé nombre de poètes comme Francis Jammes, Paul Fort, Victor Hugo, Antoine Pol … n'a pas fait mention, à tout le moins à ma connaissance, dans son oeuvre immense, de Gaston Couté. Il y avait certes le patois beauceron, difficile à acclimater pour Georges qui n'en était pas familier mais on peut toujours voir dans les chansons sentimentales et surtout libertaires et anarchistes qui firent sa renommée, le souffle du Beauceron. Couté a peut-être mal tourné, c'est peut-être un poète maudit, mais il n'a pas vieilli.
©Hervé Gautier mhttp:// hervegautier.e-monsite.comN° 1423 - Janvier 2020.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Notre-Dame des sillons (cantique païen)

Je suis parti sans savoir où
Comme une graine qu'un vent fou
Enlève et transporte
A la ville où je suis allé
J'ai langui comme un brin de blé
Dans la friche molle.

Refrain

Notre-Dame des Sillons
Ma bonne Sainte Vierge à moi...
Notre-Dame des Sillons
Dont les anges sont des grillons
Oh terre! Je reviens vers toi!

J'ai dit bonjour à bien des gens
Mes ces hommes étaient méchants
Comme moi, sans doute
.L'amour m'a fait saigner un jour,
Et puis j'ai fait saigner l'Amour
Au long de ma route.

Je suis descendu bien souvent
Jusqu'au cabaret où l'on vend
L'ivresse trop brève;
J'ai fixé le ciel étoilé
Mais le ciel hélas m'a semblé
Trop haut pour mon rêve.

Las de chercher là-haut, là-bas
Tout ce que je n'y trouve pas,
Je reviens vers celle
Dont le sang coule dans mon sang
Et dont le grand cœur caressant
Aujourd'hui m'appelle.

Au doux terroir où je suis né
Je reviens pour me prosterner
Devant les miracles
De celle dont les champs sans fin
De notre pain, de notre vin
Sont les tabernacles.

Je reviens parmi les guérets
Pour gonfler de son souffle frais
Ma poitrine infâme,
Et pour sentir, au seuil du soir,
Son âme comme un reposoir
S'offrir à mon âme.

Je reviens ayant rejeté
Mes noirs tourments de révolté,
Mes haines de Jacques,
Pour que sa Grâce arrive en moi
Comme le dieu que l'on reçoit
Quand on fait ses Pâques...
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Les soirs, parmi les landes pleines
De l’encens fauve des genêts,
Les filles jettent leurs bonnets
Par dessus les moulins des plaines.
Et les gâs, en l’ombre des bois
Où tremblotte la lune rose,
S’en vont cueillir la fleur éclose
Qui ne se cueille qu’une fois.
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Vidéo de Gaston Couté
Gaston Couté. Les mangeurs d'terre.
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