Courts textes, poésies (entre deux et quatre minutes en général), dans un jargon régional, offert par un Bernard Meulien à l'accent certain (véritable passeur d'art, l'homme a chanté Gaston Coûté toute sa vie). Totalement déstabilisant de prime abord ("- Qu'est-ce que c'est qu'ce patois d'antan ?"), on se laisse vraiment aller à percevoir une phrase ci ou là, à accepter que nous échappent certaines choses pour mieux en ressentir d'autres, et recevoir le plaisir simple de la lecture. L'immersion est généreuse et nouvelle pour moi : je n'avais jamais entendu le timbre des paysans beaucerons. J'ai vraiment apprécié ces horizons nouveaux. On sent une authenticité derrière tout cela et la nécessité de porter la voix des petites gens.
Malgré tout, il m'a manqué dans cette édition Thélème le côté papier des textes. J'aurais aimé m'y frotter davantage encore, sans avoir à chercher sur internet les textes, pour revenir sur les choses qui m'échappaient (ce que j'ai fait). le CD seul frustre l'analyste en moi, besoin d'écrit pour admirer le style, de temps pour déchiffrer le sens, d'une lecture personnelle pour boire autrement le jus de gnognotte. Voilà la limite un peu chagrine qui m'a peiné ici.
Pour le reste, la prose est riche, la rime est atypique, on se laisse happer par ce voyage, autant géographique que temporel. Inattendu et curieux, tout ce qu'on aime !
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Ayant vu lors de la masse critique de septembre la sortie de cet opus mais ne l'ayant pas gagné, je me suis empressée de l'acheter lors des Journées Gaston Couté organisées à Meung sur Loire tout près de chez moi fin septembre.
Disons-le de suite, je suis une inconditionnelle de Couté, et encore plus de Couté dit par Bernard Meulien. Sans faire injure aux autres magnifiques interprètes de Gaston Couté, pour moi c'est la référence.
Je n'ai donc rien découvert ni les textes ni le diseur. Mais c'est à chaque fois des frissons. A cent ans d'écart, les thèmes nous touchent toujours autant.
Merci aux Editions Thélème d'avoir intégré Couté à leur catalogue pour le faire découvrir au plus grand nombre.
Mais je vous en conjure,où que vous soyez, allez voir en "live" les "diseux et diseuses" de Couté. Ils sont nombreux, jeunes ou vieux avec des sensibilités à fleur de peau qui font que tous les ans, j'en découvre de nouveaux et j'en redemande.
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Du phrasé, de la tournure, du vocabulaire, du jargon. Voilà une étonnante excursion dans le petit monde inconnu de Gaston Couté, qui ne m'en aura pas tant coûté, puisque offert par l'opération masses critiques de Babelio (merci au site et aux éditions Thélème !).
Seul bémol, le CD est sous forme de fichiers MP3, ce qui signifie qu'il ne passe pas sur les platines CDs anciennes (dont je suis l'heureux possesseur, sniff), il m'aura fallu dénicher un vieux pc avec lecteur de CD (ça devient rare avec les portables).
Pour le reste, une régalade. le conteur (et chanteur) Bernard Meulien fait passer bien des choses, émotions, luttes, engagements, et plus encore. Quelle est la plus-value du conteur dans ce plaisir de la lecture offerte ? Je ne saurais dire, mais il est certain qu'ici, auteur et lecteur savent fichtrement bien faire, de vrais beaux artisans du mot, qu'il ne faut pas hésiter à écouter. le tout file avec force et sans une ride. La patte des artistes qui traversent le temps.
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Lire de la poésie, ce n'est pas écouter des poèmes. J'aime lire de la poésie, me laisser porter dans ses rêves. Cette fois-ci c'est un livre audio que m'a envoyé Babelio, je n'ai pas l'habitude d'en écouter, mais je dois constater que l'écoute ou la lecture entraînent des plaisirs différents.
Pour moi, ce fut d'abord, dès les premiers mots, une grande émotion. Entendre ce "parler" des vieux paysans de ma lointaine enfance m'a profondément émue. La belle voix de Bernard Meulien porte très bien ces textes. Puis peu à peu surgit un monde paysan aujourd'hui disparu, rude,dur à la peine, rempli de révolte , facilement moqueur et plein d'humour.Je connaissais peu Gaston Couté ( juste "le Gâs qui a mal tourné") . C'est donc pour moi une découverte très agréable.
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"(..)
Après tout, faut pas tant que j'blague,
ça m'arriv'ra itou, tout ça :
La vi', c'est eun âbr' qu'on élague...
Et j's'rai la branch' qu'la Mort coup'ra.
J'pass'rai un bieau souèr calme et digne,
Tandis qu'chant'ront les p'tits moignaux...
Et quand qu'on m'trouv'ra dans ma vigne,
On m'emport'ra dans l'champ d'naviots !"
Gaston Couté, Le champ de naviots, in "Le Gâs qu'a mal tourné", 2019, éditions Thélème.
Gaston Couté. Les mangeurs d'terre.