Une incroyable histoire d'escroquerie à l'assurance dans lequel s'emboîte les pratiques douteuses du grand capital . Peu crédible mais efficace . Dommage que l'auteur soit rester superficiel et que l'on ne sache que très peu de l'histoire de ses personnages . Un peu brouillon également par moment on ne sait plus vraiment qui fait quoi et qui est qui mais dans l'ensemble un moment plaisant de lecture . Il s'agit d'un premier roman et ceci expliquant peut être cela ..
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Cinquante millions d’euros, ça fait une somme. Son copain Jeff en rêvait toutes les semaines en mettant ses dix euros sur un ticket de loto. Depuis dix ans qu’il faisait ce métier, c’était la première fois qu’il voyait un tel montant versé à un seul bénéficiaire. Rien ne laissait penser à une malhonnêteté quelconque, à une fraude. Rien de tangible. Mais « Goram », tout le monde l’appelait comme ça, avait un sentiment trouble, l’intuition d’un truc qui ne collait pas. Même si leur intimité avait un peu de plomb dans l’aile, Gorune et Nadia partageaient leur vie, enfin ce qu’ils parvenaient l’un et l’autre à consacrer à cette vie-là.
— Around Midnight, répondit-il, vous aimez ?
— Beaucoup.
Elle mentait. Le jazz avait toujours été une source de conflit souriant entre eux, elle n’aimait pas ça. Il pouvait écouter Art Tatum, Miles Davis et Dave Brubeck pendant des heures. Lors de leur première rencontre il lui avait raconté l’histoire de Wes Montgomery, guitariste génial qui avait appris la musique tout seul, inventant un système de notation. Ça l’avait ennuyée, mais elle avait trouvé charmant cet engouement, cette passion, et l’ardeur qu’il avait manifestée pour la lui faire partager.
Il fallait entrer dans l’intimité de la famille, comprendre les liens entre tous ces personnages en apparence lisses et simples, dénouer l’écheveau que chaque groupe humain fabrique. Il ressentit le frisson du chasseur. Au-delà de l’argent que cette affaire pouvait lui rapporter, Gorune éprouvait du plaisir à ce jeu de la vérité. Il lui semblait entrer dans un jardin inconnu, il en ressortait une première impression, puis il se mettait à chercher, à soulever les pierres où se cachaient les résidents invisibles au regard non averti.
Elle imaginait que cette perte de mémoire s’accompagnait d’une sorte de syndrome de démence. Elle commença à ressentir de la peur. Il lui semblait devenu un étranger. Pourtant elle partageait son existence depuis cinq ans. Ce nouveau venu n’avait rien de commun avec l’homme qu’elle avait aimé, même si l’amour s’était effiloché peu à peu. Depuis plus d’un an c’est lui qui s’accrochait à elle. Il lui répétait si souvent qu’il ne la méritait pas qu’elle avait fini par lui donner raison.
Cette façon ridicule que l’on impose à tous les époux princiers pour le bonheur de leurs sujets leur donnait une sorte de vieillesse naturelle bien que les deux personnages fussent visiblement de tout récents trentenaires. Il la regarda, c’était bien elle, retourna vers le miroir, scruta de nouveau le tableau.