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Brice Matthieussent (Traducteur)
EAN : 9782267017830
375 pages
Christian Bourgois Editeur (02/09/2005)
3.76/5   46 notes
Résumé :
Quand, au milieu des années quatre-vingt-dix, deux jeunes garçons de l'Amérique profonde se rencontrent dans un bar à l'occasion d'une soirée " micro pour tous ", que font-ils ? Ils descendent quelques bières et décident aussi sec de créer un groupe de " pseudofolkrockpunk " ! Même si aucun des deux ne sait chanter ni jouer de la guitare. Pourtant, à force de cachetonner dans les bars, les festivals, puis au célèbre CBGB's de New York, Owen le dingue et son complice... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Transcription de Radio WXRT,
Chicago, 1er janvier 1999 :

« Nous venons de recevoir une information consternante : le guitariste et chanteur Owen Noone du groupe « Owen Noone & Marauder » vient de s'écrouler sur scène alors qu'il donnait ce soir un concert à Los Angeles. »

C'est par cet incipit en forme de communiqué laconique que commence « Owen Noone & Marauder » de Douglas Cowie.

Les premières lignes du roman nous ramènent en 1995. le narrateur, qui deviendra bientôt le Maraudeur, étudie l'anglais dans une université de l'Illinois. Introverti, discret, timoré, il rencontre Owen Noone qui interprète a capella « Sweet Child O'Mine » des Guns N' Roses dans un bar étudiant. Une interprétation aussi catastrophique qu'enthousiaste qui marque le début d'une amitié indéfectible. Grand, bien bâti, les cheveux blonds, Owen est l'antithèse du narrateur : extraverti, charismatique, intrépide. Il n'est pas étudiant mais joueur de baseball professionnel dans une ligue mineure.

De but en blanc, Owen propose de fonder un groupe de rock. Aucun des deux compères ne sait chanter, ni jouer du moindre instrument mais qu'à cela ne tienne. Noone a de l'argent, et ni une, ni deux, les deux complices s'achètent deux Telecaster (la guitare mythique de Keith Richards) flambant neuves, un ampli et des pédales d'effet. Prenant conscience qu'ils ne disposent pas de répertoire, les apprenti-rockeurs vont se plonger dans la bible du folk, le recueil de standards compilés par Alan Lomax, « The Penguin Book of American Folk Songs ».

Après un concert prometteur dans le bar étudiant où ils se sont rencontrés, les deux rockeurs en herbe se laissent un peu de temps. le temps pour Maraudeur de terminer sa licence d'anglais et pour Owen d'en finir définitivement avec le baseball. le retour d'Owen dans l'Illinois marque le début de la grande aventure. Au grand dam de ses parents, le narrateur abandonne le boulot qui l'attend chez Caterpillar, et accepte la proposition de son ami : partir à l'aventure et donner à leur groupe « Owen Noone & Marauder » une chance de percer.

La formule est aussi simple que décapante. Pas de section rythmique, ni basse, ni batterie. Seulement deux guitares électriques, une pédale fuzz, et un improbable répertoire folk intégralement issu du recueil d'Alan Lomax. Un chanteur-guitariste (Owen) qui chante faux mais n'a peur de rien, un second guitariste (Maraudeur), qui surmonte son trac en buvant quelques bières. Deux passionnés qui bossent comme des fous pour réinventer une douzaine de standard folk, dans un style insolite mêlant punk et indie rock. La formule rodée sur « Yankee Doodle », un chant traditionnel de la fin du XIXème siècle, est simple. Des couplets chantés sur un tempo plutôt calme où Marauder distille quelques arpèges, et un refrain hurlé par Noone qui envoie les watts en jouant de la pédale fuzz. Un son incandescent. de l'énergie à l'état pur. Un mur sonore mêlant les rugissements d'un chanteur habité et les distorsions de deux guitaristes en fusion. Une déferlante qui emporte tout sur son passage. Un public en transe qui reprend à l'unisson le refrain de « Yankee Doodle » :

« Yankee Doodle, keep it up
Yankee Doodle Dandy
Mind the music and the step
And with the girls, be handy.»

« Owen Noone & Maraudeur » nous narre la trajectoire fulgurante d'un duo touché par la grâce. En brutalisant des classiques folk tels que « John Henry » ou « Careless Love », les deux musiciens retrouvent la pureté originelle du rock'n roll. Sauvages, libres, indomptés, les deux rockeurs raniment la flamme éteinte d'une musique vivante et éternelle.

Au cours de leur interminable odyssée à travers l'Amérique, Owen et Maraudeur vont affronter des labels assoiffés de profits, des managers véreux, et une presse people qui frappe sous la ceinture. Ils vont découvrir l'univers corrompu de l'industrie musicale, dont le seul et unique horizon est le billet vert.

Toute l'originalité de Douglas Cowie est de délaisser les tropes du « rock'n roll circus ». Les deux héros ne se droguent pas, n'additionnent pas les conquêtes d'un soir, ne fracassent pas leur guitare sur scène, ne se jettent pas dans une foule en délire. La musique, rien que la musique. Tel est le mantra du roman. Un mantra qui lui confère une intégrité rare, une fraîcheur presque enfantine.

Et pourtant. « Owen Noone & Marauder » n'est pas qu'un ouvrage musical pour happy few. C'est aussi un roman initiatique qui explore le passage à l'âge adulte, ce moment où nos illusions se fracassent contre le réel et aborde avec un regard touchant l'amitié, l'amour et la filiation.

« It 's better to burn out than to fade away » - Neil Young (Hey, Hey, My, My)

Cette phrase clôt la lettre de suicide de Kurt Cobain, le chanteur de Nirvana, dont l'ombre tutélaire plane sur le roman, tout comme celle de John Lennon, de Bob Dylan, ou de Buddy Holly. Tous ces artistes ont eu un jour le même rêve qu'Owen Noone et Marauder, jouer une musique indomptée, s'affranchir des codes d'une société hypocrite et corsetée, refuser de perdre sa vie en la gagnant.

C'est finalement le petit miracle réalisé par ce premier roman d'un jeune auteur de vingt-sept ans, nous rappeler que ce rêve nous l'avons tous partagé, et qu'il porte un nom : liberté.

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Ouah ! Un roman où faire des pauses est une torture. Des ingrédients qui ne pouvaient que me plaire : musique, traversées des Etats-Unis, jeunesse, rapport avec parents, dénigrement de la politique.
Le hasard fera se rencontrer deux jeunes qui vont former un groupe de rock. le succès ne tardera pas à venir, malgré un manque visible de talent. le narrateur est l'un des deux. Une bonne intrigue, une bonne chevauchée d'est en ouest et vice-versa avec description des différents états d'Amérique. Des personnages attachants que tout lecteur va adorer.
Sur la gloire éphémère, sur l'amitié, sur la perte d'identité quand une personne devient publique. Une fin qui appelle une suite ?!
Un roman rock n'roll sans sexe ni drogue.
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Owen Noone et Maraudeur (qui nous raconte l'histoire) se rencontrent sur un campus, musiciens, ils rèvent de devenir des pops stars et décident de tenter l'aventure. Nos deux héros vont très vite se rendre compte que la route est parsemée d'embuches et que le talent n'est pas forcément le premier critère des maisons de disque. Owen Noone doit aussi se battre avec un père politicien qui refuse de reconnaitre son fils.
Le jeune Douglas Cowie, né en 1977, réussit un premier roman,sorte de road movie, avec suffisamment de talent et de savoir-faire pour nous emmener sur les routes avec ce duo atypique. Car le plaisir du roman vient de ces deux personnages, persuadés que leur succès n'est qu'une question de temps et qui bossent, créent, et sillonnent les routes américaines avec l'espoir au fond des yeux. Un premier roman touchant, généreux bourré d'énergie, ouvrez la porte de la salle de concert : ce soir c'est Owen Noone et Marauder qui mettent le feu. Et ça donne la pêche.
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Douglas Cowie est né à Chicago, Illinois (Etats-Unis) en 1977. Il a vécu à Chicago et à Toronto. Puis, il a bougé sur Berlin, avant d'atterrir à Londres. Ses nouvelles ont été publiées dans diverses revues britanniques. "Owen Noone and The Marauder" est son premier roman publié en Angleterre, aux Etats-Unis et en France.
Ce jeune homme nous livre un roman rapportant l'histoire fictive du groupe de Punk Rock "Owen Noone & the Marauder". On y voit la naissance du binome, sa complicité, son ascension vers la gloire, que les deux protagonistes n'avaient pas prévue. On apprécie leurs prestations live, au cours desquelles ils revisitent des titres folk de l'Amérique profonde avec seulement leurs deux guitares et la voix éraillée et dissonante d'Owen. On découvre avec ces deux jeunes musiciens les exigences de l'industrie du disque, la castration de l'artiste dans tous les codes et les règles qui leur sont imposés. le lissage commercial de leur musique lorsqu'ils sont mixés par un individu payé pour sortir un produit formaté aux desideratas d'une masse qu'on ne doit pas choquer si on veut vendre plus et faire partie du Top Ten. Owen, plein de son authenticité et de sa franchise violente, profite de sa reconnaissance grandissante pour atteindre son père, congressiste républicain puritain, qui l'a abandonné 2 ans après sa naissance. Ce père absent qui prône les valeurs familiales et qui lutte contre l'Art dangeureux qu'est le Rock'n Roll, sera victime de la grande gueule d'Owen avant de se servir de l'image subversive de son fils pour appuyer son discours politique.
Le Marauder, toujours dans l'ombre, nous fait le récit de cette histoire poignante, émouvante et parfois drôle, où deux jeunes gens intègres dans leur production se verront emportés par un système vampirique, qui ne respecte que l'argent. Sans être glauque ou larmoyant, ce premier ouvrage est très réussi, simple, accessible et rythmé, à l'image des deux musicos que l'on rencontre. On se demande quel regard porte l'auteur sur la politique de son pays natal... Autant poser la question à Owen Noone sans doute.

Douglas Cowie est un jeune talent à surveiller! Rock'n Roll rules!
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le tout premier roman de Douglas Cowie porte le curieux titre de Owen Noone & Marauder(éditions Christian Bourgois,souvent intéressantes).Il conte les trois années d'existence d'un groupe de rock,activité souvent soumise au siège éjectable ayant tendance à s'autodétruire assez vite.Pourtant dans ce périple rock américain peu de clichés,pas de défonce,pas de mésentente entre les membres(deux musiciens seulement),peu de filles en pamoison.Juste un peu de bière comme vous et moi si j'ose dire.Mais une belle description simple de la carrière fulgurante et dévoreuse d'un groupe de rock contemporain,aussi vite saisi par le succès que par le doute.Je vous laisse le découvrir vous citant une seule phrase,géniale et dont j'aimerais avoir eu l'idée.


Il vendait des poupées gigognes à l'effigie d'Owen Noone(leader du groupe).Dans Owen Noone se trouvait Kurt Cobain dans lequel se trouvait John Lennon dans lequel se trouvait Elvis Presley dans lequel se trouvait Buddy Holly.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Comme personne ne comprenait quel merveilleux poête j'étais, je n'avais pas beaucoup d'amis et je marchais sur le campus, les poings dans les poches, en pensant au jour ou je serais célèbre et ou tous ces salopards de Bradley prétendraient m'avoir connu autrefois.
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« As-tu la moindre idée de ce qu’il faut faire ? » demanda Owen.
Soudain je me suis rappelé le bouquin de Lomax. A la fin se trouvait un appendice qui commençait par « Le Style de guitare folk américain ». Il y avait le dessin d’un type qui jouait de la guitare, plus un diagramme qui montrait toute une série d’accords différents, et où il fallait mettre les doigts pour les jouer. J’ai installé le livre, ouvert à la bonne page, sur mon ampli. Mi mineur m’a semblé être le plus facile et nous avons donc joué cet accord en premier. Le son qui sortait de ma guitare paraissait incroyablement réel et propre, il emplissait l’espace minuscule de ma chambre d’une musique que je n’avais jamais entendue, ni en studio ni en live, comme si quelqu’un d’autre l’avait jouée.
Owen s’est penché en avant, pour voir comment on s’y prenait, puis a tapoté les cordes. Avec au final le fracas d’innombrables pianos à queue tombant d’un toit à l’unisson, une émeute sonore qui m’a donné l’impression que ma chambre explosait, avant de se dissoudre en un perçant gémissement de feedback. Owen a plongé en avant pour couper l’ampli, mettant ainsi fin à la torture auditive et s’appuyant aussitôt sur l’ampli pour ne pas tomber.
« Je crois qu’on devrait jouer un tout petit peu moins fort », dit-il.
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Tout le monde connaît la fin de l’histoire. Voici le début.
La première fois que je rencontrai Owen Noone, c’était en 1995, j’étais étudiant de première année à Bradley University, dans l’Illinois. J’étudiais l’anglais, je me prenais pour un poète. (…)
Voilà à peu près ce que j’écrivais : des poèmes sans rythme sur des filles à qui je n’avais jamais parlé, à qui je ne parlerais jamais, mais pour qui mon coeur était supposé gémir. Comme personne ne comprenait quel merveilleux poète j’étais, je n’avais pas beaucoup d’amis et je marchais sur le campus, les poings dans les poches, en pensant au jour où je serais célèbre et où tous ces salopards de Bradley prétendraient m’avoir connu autrefois.
Je maudissais aussi tous les gens que je côtoyais parce qu’ils ne comprenaient rien à la musique. Je travaillais comme DJ à WCBU, la station de radio de Bradley, où une fois par semaine j’animais une émission de deux heures consacrée à la scène rock locale. Ils m’ont confié ce créneau horaire parce que j’ai écrit un long projet prétentieux sur des groupes obscurs, en insistant sur le fait que cette musique était vitale pour la communauté tout entière, pas seulement pour quelques étudiants branchés. Ces groupes étaient infiniment plus talentueux, intéressants et, comme ma poésie, voués tôt ou tard à l’immortalité, que les musiciens foireux adulés par les étudiants des fraternités qui sortaient avec les égéries de mes poèmes. Tout passait à la moulinette des radios commerciales – tout -, déplorais-je.
Voilà comment, ou plutôt pourquoi je suis devenu l’ami d’Owen Noone : à cause d’une discussion liée à la musique.
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" Putain, j'ai un de ces tracs, murmurai-je hors micro.
– Pourquoi ? dit-il en reculant avant de se pencher vers moi. On ne connaît pas ces gens. Et puis on est bons. Si ça leur plaît pas, qu'ils aillent se faire foutre. " Il s'est ensuite rapproché du micro. " Salut, tout le monde. Je suis Owen Noone. " Il m'a montré du doigt. " Voici le Maraudeur. On n'a jamais joué devant autant de gens et mon copain a un peu le trac, alors soyez sympaso. " J'ai senti mon visage virer au rouge. " Cette chanson s'appelle "John Henry". "

"Jaaaaaaaaaawwwwwwn ", commença Owen en étirant la syllabe tandis que je jouais un accord en do, puis sur le rythme rapide de " Henry " je jouais furieusement, martelant mon accord pendant qu'Owen chantait " Was a little baby boy / You could hold him in the palm of your hand ". Penché sur ma guitare, je regardais tantôt ma main gauche qui formait les accords sur le manche, tantôt ma main droite réduite à un vague brouillard glissant sur les cordes, mon bars s'activant avec rage pour transmettre mes accords au câble puis à l'ampli…
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Quand il y a la guerre, on ne peut pas changer les choses à l’intérieur du pays. Mais quand c’est le calme plat, il faut dénoncer toutes ces hypocrisies. On peut pas se contenter de rester assis sur son cul.
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