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Xavier Collette (Autre)
EAN : 9782492403057
350 pages
Argyll (18/03/2021)
3.79/5   39 notes
Résumé :
Les étoiles meurent aussi…

Suite à l’explosion de la supernova Briareus Delta, située à 132 années-lumière, la vie est complètement chamboulée sur Terre. Alors que se succèdent tempêtes et typhons, prémices d’une nouvelle ère glaciaire, l’humanité se découvre soudain stérile. Les unes après les autres, les sociétés humaines s’écroulent, victimes de dérives autoritaires autant que d’un effondrement philosophique… Car que faire dans un monde sans avenir... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Publié en 1974 (traduit et publié pour la première fois en France en 1976), ce roman se montre étonnamment moderne par certains thèmes qui trouvent des échos avec notre société actuelle : perturbations climatiques, retour à la nature, faillibilité de la science, recherche d'une nouvelle voie spirituelle. Un bon choix pour lancer une nouvelle maison d'édition. Bienvenue à Argyll !

Une catastrophe climatique
Quand Briareus meurt, la Terre subit l'onde de choc de l'explosion de la supernova. Fascinés par ce spectacle tellement proche que tous les habitants de notre planète peuvent en profiter, les Terriens observent sans inquiétude, jour après jour, les effets de cette perturbation. Mais des voix se font entendre sur les dangers potentiels d'un tel phénomène. Et même si elles sont minoritaires, elles ont bien raison. Première alerte, de terribles tempêtes, voire des ouragans dévastent certains coins du globe. Dont un port anglais où habite le narrateur. Il en réchappe de justesse. Mais cela ne va pas s'arrêter là et le nord de l'Angleterre (l'auteur est anglais et situe donc l'action dans ce pays qu'il connaît parfaitement et aimer énormément), suite à la défaillance du Gulf Stream, va ressembler progressivement à la Sibérie : froid glacial et neige une bonne moitié de l'année. Écho évident avec notre réchauffement climatique et l'incertitude qu'il véhicule quant à notre avenir.

Des mutants
Suite au passage des radiations, le climat n'est pas le seul à être transformé : toute une partie de la population va être modifiée. On découvre bientôt l'existence d'une mutation Zêta. de jeunes femmes et des hommes sont affectés. Ils vont connaître des expériences communes et avoir des visions. Certains vont avoir des relations sexuelles comme s'ils y étaient obligés, sans désir préexistant. Et eux, comme le reste de la population, vont être frappés de stérilité. du jour au lendemain, plus aucune conception du moindre bébé sur Terre. La fin de l'humanité ?

Une société bien décevante
Face à ce danger exceptionnel, les autorités réagiront. Mais pas nécessairement de la meilleure des manières. Richard Cowper évoque ouvertement le spectre du traitement inhumain réservé aux juifs pendant la Deuxième guerre mondiale. Il montre comment on peut rester bloqués sur de vieilles habitudes, sur des façons de réfléchir datées et inefficaces devant de nouvelles situations, sans être capables de réagir, de s'apercevoir de ses erreurs pour essayer autre chose. Bien sûr, ce n'est pas le cas de toute la population. On trouve aussi des « lanceurs d'alerte » (terme anachronique, pas utilisé dans le roman bien sûr) qui proposent aux autorités d'autres hypothèses, peut-être plus proches de la réalité. Mais il n'est de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Cet aveuglement entre en résonance avec notre monde actuel. Cinquante ans plus tard, on peut retrouver les mêmes problématiques.

La venue d'un messie
Le Crépuscule de Briareus véhicule, comme solution, un bagage religieux sous-jacent évident. Dans ce roman, suite à la catastrophe, les populations abandonnent leurs anciennes idoles (technologie, science) au profit des croyances (retour aux religions traditionnelles, émergence de sectes). Et l'on sent bien que l'auteur ne les regrette pas, ces produits du progrès. D'ailleurs, à lire son interview à la fin du livre, on découvre un auteur proche de la nature, du spirituel, très opposé aux villes qu'il semble détester. Quelqu'un qui ne souffrirait pas nécessairement dans le monde tel qu'il est devenu dans son roman.

Un style souple, mais riche
Richard Cowper, de son vrai nom John Middleton Murry Jr, était le fils d'un critique anglais et a exercé le métier de professeur de littérature anglaise. Et il possédait un amour de la littérature qui ressort par tous les pores de son roman. Il cite régulièrement, et à juste titre, des phrases tirées des classiques de a littérature de son pays. Lui-même use d'images parfois singulières, mais toujours parlantes. Son style est riche, mais fluide : pas de longs passages descriptifs, même si l'auteur aime croquer la nature qui entoure ses personnages (il était peintre, également, et cela se ressent dans l'efficacité de ses paysages) ; des dialogues peut-être pas enlevés, mais bien équilibrés et sans superflu. En plus, il sait utiliser les différents genres pour nous raconter son histoire jusqu'au bout : la dernière partie se démarque du reste du roman (mais je n'en dis pas plus). La traduction revisité par Pierre-Paul Durastanti y est peut-être pour beaucoup, mais je pense aussi que la prose de Richard Cowper a su rester moderne et facilement lisible, même en 2021. Je n'ai pas peiné sur ce roman comme cela peut arriver sur des lectures de la même période.

Des suppléments de qualité
À la suite du roman, l'éditeur a eu la bonne idée d'ajouter de quoi remettre cet ouvrage dans le contexte de son époque. Et, surtout, de faire découvrir l'auteur. Tout d'abord, des extraits du blog de Christopher Priest, ami de l'auteur, dont on connaît les avis tranchés, surtout à l'encontre des autres auteurs de science-fiction. Et ces passages ne déçoivent pas tant il est mordant. Mais aussi une assez longue et complète interview de Richard Cowper, qui date de 1979, et permet de bien mieux comprendre qui était l'auteur du Crépuscule de Briareus. Enfin, une courte biographie de l'auteur par l'éditeur. Des « bonus » qui sont tout sauf un gadget. Une très bonne initiative.

Une nouvelle maison d'édition
Mais pas de petits nouveaux, car le quatuor à la tête des éditions Argyll connaît bien le milieu littéraire, pour la plupart. Xavier Dollo, Simon Pinel, Xavier Collette et Frédéric Hugot se sont donc lancés eux aussi dans l'aventure, avec des idées bien arrêtées en terme de solidarité, d'éthique. Un beau projet, de beaux sentiments. Quelques citations tirées d'un article de Ouest-France (Agnès le Morvan, 23/11/2020) : « On souhaite travailler à une rémunération plus juste des auteurs avec des droits d'auteur versés dès le premier livre vendu, signer avec eux un contrat collaboratif et participatif, être le plus égalitaire possible en publiant autant d'autrices que d'auteurs », a dit Xavier Dollo. Tandis que Simon Pinel ajoute : « L'idée est aussi de ne pas surproduire. Avec six titres, cette première année, pour mieux les défendre. Aujourd'hui, trop de livres paraissent et les ventes se concentrent sur quelques best-sellers. » Et : « Avec une volonté que ces essais et romans divertissent mais réfléchissent aussi à demain, en proposant des solutions pour agir. » On espère qu'ils pourront respecter ces principes et que le succès sera au rendez-vous. Longue vie à Argyll !
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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Le crépuscule de Briareus / Richard Cowper
Calvin le narrateur et Margaret sa compagne errent parmi les congères dans la campagne anglaise enneigée comme jamais. Dans cette région du nord de l'Angleterre le climat a subi comme dans beaucoup de régions du monde un bouleversement qui a entrainé la fuite des rescapés le plus au sud possible du pays et ainsi que vers d'autres cieux, en Australie et Nouvelle Zélande. Pourchassés par les chiens errants affamés, ils parviennent à Moyne Hall près d'une habitation isolée où ils font la connaissance d'une très jeune femme, Élizabeth, née de la Génération du Crépuscule qui fait partie d'une communauté de trois personnes avec Tony parti faire des courses et Spencer parti vers d'autres cieux pour un temps.
Dès le second chapitre on apprend la cause de ce bouleversement météorologique avec typhons et tornades suivis d'un grand refroidissement : le rayonnement fantastique visible en plein jour même, suite à l'explosion de l'étoile Briareus Delta située à 132 années lumières de la Terre, vient de parvenir dans le système solaire. Une véritable catastrophe cosmique qui va perturber de façon gravissime la ionosphère, les télécommunications, la couche d'ozone et le climat de la Terre. Pour Calvin et sa femme Laura, la découverte se produit alors qu'ils sont en promenade sur le bord de mer. Tout deux sont professeurs au collège moderne de la ville.
Plus tard, se rendant pour observer la supernova chez son ami Phil qui possède un télescope, Cal rencontre l'une de ses élèves, Margaret, intéressée elle aussi par le phénomène. La séance terminée, il la raccompagne chez elle et c'est alors que des phénomènes bizarres leur arrivent, comme s'ils se retrouvaient dans une autre dimension, dans un autre temps. La sensation est fugitive mais inquiétante et inoubliable. Pour éclaircir cet événement, Margaret décide de revoir Cal et lui fixe un rendez-vous sur le front de mer. C'est là qu'une tornade inouïe survient qui les emporte comme des fétus et les plonge par instant dans un état second.
Dans les jours qui suivent, on apprend que le cataclysme a touché le monde entier et que plus de 50 millions de morts sont à déplorer. Au collège, de nombreuses jeunes filles ont ressenti des symptômes bizarres avec de forts maux de tête et ont dû aller à l'infirmerie au moment des cours. Calvin enquête sur cette affaire qui ressemble un peu à ce qu'il a connu avec Margaret. Il remarque une élève à l'attitude étrange, Marcelle qui semble planer dans un ailleurs qui rappelle également quelque chose à Cal. Après un entretien avec elle, il a confirmation d'une part que Marcelle subit une influence qui la rend totalement soumise et consentante tandis que lui se trouve sous une emprise qui porte sa libido à des niveaux qui justifient une consultation auprès de son ami le docteur Rosen.
« Elle baissa timidement les yeux sur son corps, et ses cheveux auburn ruisselèrent sur son visage. Puis avec un geste d'innocence éternelle, elle fit doucement de ses mains des coupes pour ses seins et me les offrit… Elle se pencha alors, prit ma main toujours sur son poignet, la leva vers son sein nu, les yeux pleins d'une supplication muette. Prenez-moi, priaient-ils, laissez-moi aller avec vous partout où vous irez, être avec vous, être vous.»
Dans un entretien avec Rosen, Cal explique qu'il lui est impossible de dominer la pulsion telle une force magnétique qui le pousse vers les mutantes Zêta que sont Margaret et Marcelle, une force exclusive, primitive où tout le reste est écarté, comme si l'on se servait d'eux. Une sorte de mainmise étrangère sur les personnes. Les mutants Zêta sont les humains qui à la suite du rayonnement de Briareus montrent une anomalie de leur voltage encéphalique En plus du rythme Alpha bien connu se superpose en contrepoint une onde que l'on a appelée Zêta et ce de façon inexplicable scientifiquement. Ces ondes provoquent des troubles du sommeil, l'apparition de rêves étranges et confèrent d'étranges pouvoirs psychiques.
Quoi qu'il en soit, neuf jours après le cataclysme, tout semble redevenir normal : l'éclat de Briareus à fortement décliné et la vie a repris son cours après que les plaies aient été pansées.
C'est alors que le docteur Rosen annonce à Cal avec preuves à l'appui que tous les humains sont devenus stériles depuis le jour du rayonnement de Briareus. Les tempêtes dues à la supernova ne sont plus que des jeux d'enfants à côté de cette découverte. Laura et Cal qui espéraient pour bientôt avoir un enfant se réfugient dans l'espoir que cette stérilité n'est que transitoire. Les recherches des savants du monde entier ne parviennent pas à découvrir ce qui empêche le sperme humain de fertiliser l'ovule. Des expériences de fécondation in vitro montrent que tout se passe après un certain stade de développement comme si la cellule avait perdu la volonté de survivre.
Sont alors tentées des expériences sur les dormeuses (jeunes femmes mutantes) et les hommes mutants. Des expériences d'insémination gérées par l'État qui conduisent à des catastrophes et la mort ou la folie pour un grand nombre. Une chasse aux mutants est organisée pour fournir les laboratoires. Cal va-t-il échapper aux griffes de la sécurité Nationale ?
le philosophe et chercheur McHarty, ami de Cal, lui explique que les mutants Zêta sont ce qu'il y a de plus précieux au monde et sont le seul espoir de salut pour l'humanité. On découvre alors que les enfants conçus peu avant l'apparition de la supernova ont quasiment tous hérité du rythme Zêta, en tout cas en beaucoup plus grand nombre que leurs aînés. C'est ce que l'on appelle la Génération du Crépuscule. On découvre également que de très rares mutants ont des propriétés particulières au niveau des rythmes Alpha et Zêta : on les appelle les diplomutants. Calvin en est un. Que lui réserve cette distinction ? Quel avenir attend les mutants Zêta survivant qui vont être regroupés à Genève dans un centre d'études spécialisé ? Jusqu'au jour où un appel étrange et silencieux invite Cal au départ. Il se pose la question de savoir s'il existe au moins une femme diplomutante dans le monde. Il en a la certitude.
Et si en fait le rayonnement de la supernova avait été utilisé par des entités, comme une sorte de vague et de ressac galactique, en en chevauchant la crête pour traverser la galaxie et prendre contact, tel des missionnaires, avec d'autres formes de vie intelligente ? Des entités pour qui le mort ne serait pas ce qu'elle est pour nous, pour qui le temps linéaire ne serait qu'une illusion ? Les diplomutants seraient - ils les seuls êtres capables d'apprécier les émotions des nouveaux venus ?
Pour une meilleure appréciation de cet excellent roman de fiction et que l'histoire prenne tout son sens, je conseillerais aux lecteurs d'ajouter 50 années aux dates citées au cours du récit, vu que le roman a été écrit en 1974 et que les événements se passent à partir de 1983, année qui était alors un futur proche et pour nous en 2023 déjà un passé éloigné.
Ce roman post - apocalyptique dans la réflexion, spiritualiste et poétique, très bien écrit et très bien traduit, pose grâce à une projection dans le futur un certain nombre de questions et montrent que notre présence sur Terre est aussi aléatoire que le fut celle des dinosaures. En qualité d'Homo sapiens l'humanité n'a que 200 000 ans, et près de 3000 000 d'années pour le genre Homo habilis. Les dinosaures vécurent 180 millions d'années et bien que parfaitement adaptés disparurent très certainement pour des raisons initialement extérieures à notre Terre. Alors quand Briareus delta explose en supernova, tout est possible lorsque le danger vient d'ailleurs. Bien sûr d'aucuns estiment que le plus grand danger pour l'Homme, c'est l'Homme lui-même. Mais cela est une autre histoire !
Pour la petite histoire, rappelons que Briareus appelé aussi Aegeon était dans la mythologie grecque le fils d'Uranus (ciel étoilé) et de Gaia (la Terre), un géant à 50 têtes et 100 mains, dieu des tempêtes.
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Boum
L'astre du jour fait Boum
Tout avec lui dit Boum
Le monde entier fait Boum
Tout l'univers fait Boum

Un homme, une femme, perdus dans une région enneigée sont à la recherche de ne je ne sais quoi. Ce quoi est justement le sujet de ce roman.
Voilà un texte assez atypique qui mêle plusieurs sous-genres de la science-fiction : le post apo, les mutations génétiques, les pouvoirs psys et les aliens, ce qui n'est pas très courant et laisse planer un sérieux doute sur la qualité du texte. Mais au final, l'auteur s'en tire avec les honneurs, ce bric-à-brac hétéroclite se tient de belle manière. Une ressemblance avec un certain Robert Charles Wilson : des personnages très humains, concrets, réalistes, ainsi que dans le traitement du sujet. Ce n'est pas la catastrophe, l'événement extraordinaire qui est important, mais ses conséquences. le fait de savoir en partie ce qui va se passer en plaçant la fin en tout début permet d'éviter le livre catastrophe et de se demander comment nous en sommes arrivés là. Et ici, et une fois encore, l'humain ne fait pas beaucoup preuve d'humanité. Ces divers éléments m'ont beaucoup intéressé, comment une société fait société, ou pas. Des thématiques très actuelles.
Mais à l'inverse d'un Wilson qui va avoir une approche plus scientifique , c'est ici que le bât blesse pour moi, nous n'avons que très peu d'éléments rationnels. Pire, les éléments spirituels se font de plus en plus prégnants. Dont la fin renforce trop fortement cet aspect.
Plus que les années 70, ce roman m'a fait beaucoup pensé aux approches des romans de première partie du 20e siècle.
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Globalement déçu par ce roman. Si sa lecture ne fut pas particulièrement pénible, le moins que je puisse dire est qu'elle ne m'en laissera pas un souvenir indélébile.

Tout commençait pourtant sous de bons auspices avec un premier chapitre que j'ai jugé convaincant. On rentre dans le vif de l'action et même du sujet, avec un style énergique et visuel, tout en faisant connaissance avec les principaux personnages. Et déjà, des touches de mystère qui éveillent la curiosité.

Seulement voilà : le chapitre suivant nous propulse quelque quinze années en arrière pour nous conter l'origine des évènements tragiques survenus au cours de cette période. Rien d'étonnant : après tout, le résumé annonce assez clairement cette séparation chronologique dans la narration. Ce qui m'a surpris est qu'on ne reprend la suite de la trame du premier chapitre qu'au … dernier chapitre ! Frustration, car je m'étais imaginé (à tort) que cette partie était la plus intéressante et serait la plus développée. Pour couronner le tout, l'auteur a cru bon modifier complètement la forme de narration pour ce dernier chapitre. Si ce choix se justifie aisément par l'intrigue, le résultat produit m'a paru au mieux raté, au pire bâclé, avec des informations disparates livrées de façon hachée.

Ce roman se concentre donc sur la description chronologique des évènements qui font suite aux premières conséquences sur la vie terrienne de l'explosion de la lointaine étoile, et ce jusqu'au dénouement imaginé par l'auteur.

Sur le plan stylistique, Christopher Priest décrit dans sa postface « une prose élégante, précise et somptueuse ». Dans le doute, je concède l'aspect « somptueux ». Quant à l'élégance et la précision, ce n'est pas vraiment mon ressenti. À l'exception notable du premier chapitre, le texte m'a davantage marqué par sa lourdeur, et je ne compte pas les innombrables tournures et images qui m'ont paru, au mieux, alambiquées. Peut-être un problème de traduction ? de manière anecdotique, je pourrais aussi relever une douzaine de coquilles, ce qui est tout de même surprenant pour le premier roman publié par une nouvelle maison d'édition, qui plus est dans le cadre d'une réédition augmentée. Une lecture qui reste fluide, et au moins l'auteur prend-il des risques, ce que j'apprécie toujours.

Le personnage principal – le narrateur pour l'essentiel – m'a fortement déçu : pas de personnalité apparente, pas de consistance, pas de crédibilité, pas d'attachement. Il est de ces personnages neutres et centraux que l'on rencontre parfois et dont l'unique objet semble être de porter la narration et de se plier docilement aux nombreux cheminements de l'intrigue imaginés par l'auteur. Ici, le personnage principal bénéficie d'un rôle bien particulier dans l'intrigue, ce qui est un plus mais ne suffit pas à gommer ses défauts. Son talent pour subir les évènements est criant m'a agacé plus d'une fois. Et lorsqu'il est acteur, c'est trop souvent sous le coup de l'intuition… comme c'est facile !

J'ai également eu beaucoup de mal avec le personnage de Margaret jeune, archétype de l'ado héroïne des romans faciles ciblant le public "young adult" : une jeune fille plutôt réservée, plutôt mystérieuse, plutôt intelligente, et dont la caractéristique la plus agaçante est sa propension à tenir la conversation avec des adultes cultivés tout en donnant l'impression de dominer sur le plan intellectuel, émotionnel ou de la maturité, quand ce n'est pas les trois en même temps. Dans ce roman, cette impression est renforcée par le contexte scolaire, le métier du narrateur, et même le thème apocalyptique si présent dans cette littérature. Par la suite, heureusement, Margaret grandit et cet aspect disparaît.

De très nombreux thèmes sont présents dans ce roman : l'avenir de l'humanité et sa possible extinction à court terme, les thèmes apocalyptique et post-apocalyptique, les rêves (éveillés ou non), l'âme, l'intelligence extra-humaine, l'hétérodoxie dans le milieu scientifique, les jeux de pouvoir au sommet en temps de crise, l'autoritarisme et le conditionnement des masses, le thème du génocide organisé et institutionnalisé. Ces thèmes sont plus ou moins bien traités, et certains font étrangement écho dans notre société actuelle.
Un chapitre entier est consacré au thème du massacre, et fait référence explicitement à l'holocauste. Si cet épisode m'a plu (c'est le seul offrant une réelle tension, et, loin d'être artificiel, il s'intègre très bien à l'intrigue), j'ai trouvé la dénonciation de l'auteur contradictoire avec la suite des évènements relatés, qui tendent à gommer ou atténuer ce massacre. À moins que cette atténuation par la société face aussi partie de ce que dénonce l'auteur, mais je ne pense pas, en atteste par exemple la deuxième confrontation du narrateur avec le capitaine Norton, dans une atmosphère légère, empunte d'humour.

À mon sens, le plus gros défaut de ce roman est qu'il ne dégage rien de fort, en dépit des évènements extrêmes relatés. le dénouement de l'histoire est pratiquement connu dès la fin du premier chapitre, et l'intrigue principale souffre d'un manque de dynamisme et de rebondissements. Enfin, de nombreux aspects m'ont paru peu crédibles.


Cette lecture m'a remémoré la trilogie « À la croisée des mondes ». Dans un genre complètement différent mais partageant cette culture britanique, ce classique de Philip Pullman reprend de nombreux thèmes présents dans le roman de Richard Cowper. À mon humble avis, les développements de Pullman sont bien plus riches, aboutis et convaincants, servis par son savoir-faire créatif pour concrétiser les concepts liés à l'âme (par nature difficiles à définir et à décrire), par exemple à travers ses « demons ». Il serait également intéressant de comparer dans ces deux oeuvres l'expression de la poésie ou de la critique de la société.


Notes sur cette édition :
- J'ai particulièrement apprécié la postface de Christopher Priest. On y apprend quelques anecdotes assez amusantes sur le petit monde des auteurs de SF…
- La jolie illustration de la couverture résume admirablement bien le roman !
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Le crépuscule de Briareus est une oeuvre anglaise, écrite en 1974, et parue aux éditions françaises Denoël en 1976. Ce n'est donc pas une nouveauté. En revanche, ce texte a connu une seconde histoire éditoriale grâce à la réédition modernisée et enrichie de la toute nouvelle maison Argyll. Premier texte publié : c'est un peu une profession de foi… Et j'avais très envie de cerner la position, les valeurs et les axes éditoriaux de cette maison. Enfin, je suis sortie ici de ma zone de confort, puisque je suis plutôt FF que SF.

Ce texte se situe dans une mouvance new wave, proposant une SF plus axée sciences humaines et sociales, avec des personnages plus fins, et des réflexions contemporains sur les systèmes politiques, sur l'éthique, l'écologie etc.
On est clairement dans ce schéma avec le crépuscule de Briareus, qui aborde des thématiques similaires, mélangées à des éléments purement SF (un récit post-apo, une dystopie uchronique, des éléments de hard SF saupoudrés avec parcimonie dans le texte).

La force de ce texte réside à mon sens dans sa capacité à être très actuel. Il peut tout à fait mettre en lumière certaines réflexions menées dans nos sociétés contemporaines, et apporter des éclairages différents selon la façon dont on le lit et l'époque à laquelle on le lit.

J'ai particulièrement apprécié sa forme romanesque, qui mélange plusieurs procédés bien connus du genre, comme la fausse édition de fragments présumés perdus du narrateur, des récits emboîtés, une fausse postface… Ca crée quelque chose de décousu, à l'image de la réalité décrite dans le texte. Ca colle parfaitement.

Si j'ai vraiment aimé la première partie, constituée du récit des événements survenus entre 1983 (date à laquelle les effets de l'explosion de la supernova se manifestent sur Terre) et le moment présent de la narration (1998), en revanche la fin du texte m'a perdue, partant sur des chemins un peu trop métaphysiques pour moi. Je ne suis pas sûre d'avoir saisi toute la portée du texte, de ce fait. Mais je pense que c'est un roman qui pourra supporter d'autres relectures et apporter d'autres éclairages, avec un autre regard. Je le relirai donc volontiers, plus tard.

C'était donc une lecture agréable, intéressante, qui m'a réconfortée avec la SF, qui me fait toujours un peu peur. Je trouve ce texte assez abordable; quelque soit le niveau du lecteur dans le genre, je pense qu'il parviendra à trouver des choses qui lui parlent.
Il faut enfin souligner que ce premier texte des éditions Argyll est vraiment de très bonne qualité. Je n'ai pas lu la première édition, et ne peut donc comparer les deux traductions mais le texte se lit avec une fluidité extrême, et on ressent le flegme et l'ironie de l'auteur. Par ailleurs, l'édition est parée d'une couverture résolument moderne, et est enrichie d'annexes passionnants permettant de remettre dans son contexte cette oeuvre singulière.

Une première rencontre réussie pour ma part avec les éditions Argyll, et une curiosité attisée pour leurs futures publications.

Lien : https://zoeprendlaplume.fr/r..
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critiques presse (1)
SciFiUniverse
04 mai 2021
Ce récit de Richard Cowper date des années spoixante-dix et pourtant il est étrangement dérangeant par ces thèmes d'actualité. Un roman prenant et bouleversant d'une grande humanité.
Lire la critique sur le site : SciFiUniverse
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Pendant des années, on avait pris l’habitude d’entendre crier au loup à propos des armes nucléaires, des engrais chimiques, des vapeurs d’essence et, par-dessus tout, de la population. Il y avait eu chaque fois une extraordinaire sécrétion d’adrénaline, et pour quels résultats ? Les armes étaient de plus en plus nombreuses et meurtrières, on utilisait de plus en plus les engrais, on fabriquait de plus en plus de voitures avec la bénédiction des économistes du gouvernement et des leaders syndicaux ; les aliments synthétiques formaient une bonne part du régime et l’augmentation de la population avait atteint un tel rythme que, selon les évaluations, les victimes des tempêtes briaréennes seraient remplacées trois mois après les funérailles de la dernière. Alors, quand les spécialistes commencèrent à gémir, à prédire la fin du monde, le public, ivre de catastrophes, répliqua sotto voce, en cent langues différentes : « Je m’en fiche. »
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J'ai pensé plus d'une fois qu'on voit l'existence comme le tableau d'un pointilliste. Quand se déroulent les évènements, on a le nez sur la toile et on ne distingue qu'un groupe de taches multicolores. Quand le tableau s'éloigne dans le passé, alors seulement commence à se préciser la forme du dessin, mais à ce moment-là on est sans doute occupé par la nouvelle éruption de taches qui composent le présent.
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p. 261, extrait de l'interview de David Wingrove, 1979 :
Peut-on vraiment se demander si l'humanité n'a pas spirituellement perdu son chemin ? Aujourd'hui, nous nous noyons dans le contrecoup du matérialisme du 19e siècle, le sillage turbulent que les grands léviathans scientifiques ont laissé derrière eux. Nous avons besoin de nous accrocher à quelque chose, d'avoir la foi, et tout ce qu'on nous offre, c'est un veau d'or sous forme de PNB du Dieu tout-puissant. Une technologie toujours plus sophistiquée n'est pas la réponse. Pour chaque problème que la technologie résout, elle en laisse cinq autres derrière elle, que nous devons gérer. Plus la société devient techniquement sophistiquée, plus elle est vulnérable et plus l'humanité se sent menacée. Parce que nous ne pouvons mesurer les choses qu'en termes d'argent, de profit ou de perte financière, nous nous accrochons à des ombres. Mais je ne crois pas que l'humanité soit capable de "renoncer" à sa direction actuelle. Tout le château de cartes va forcément s'écrouler de lui-même. Je pense que cela arrivera très bientôt, probablement de mon vivant. Spéculer sur ce qui pourrait émerger des ruines est l'une des choses qui continuent de me donner envie de faire de la SF.
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La religion, c'est parier sa vie qu'il y a un Dieu. Je n'aime pas les paris.
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Après tout, une cage n'est une cage que pour une bête sauvage. Pour ceux qui y sont nés, y ont été élevés, c'est un foyer.
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