Je pensais découvrir une SF vieillotte, mais j'avoue que je suis particulièrement étonnée de la modernité de ce récit publié en 1925. Il aurait inspiré
René Barjavel pour son roman
La nuit des temps, j'ai eu l'impression que c'était le contraire, tant celui de
Barjavel a vieilli à côté de celui-ci, pourtant écrit plus de 50 ans avant.
On est en Australie, dans les années 1920, Un cultivateur, propriétaire terrien, creuse dans son domaine un réservoir d'eau, il découvre alors un édifice métallique enterré, artefact d'une civilisation disparue depuis longtemps.
J'ai aimé la description de ce village australien, les rapports entre les personnages, Alan Dundas, intégré dans cette société va s'en détacher progressivement pour se consacrer à sa découverte, découverte qui va évoluer dans une étonnante idylle . Avec l'aide de son ami médecin, le Docteur Barry, il va réveiller une très belle femme en état de biostase. Il va confronter sa culture et sa civilisation avec celle de la jeune femme. Ici, on ne tombe pas dans le monde merveilleux d'une idéale utopie, cette civilisation très avancée technologiquement est loin d'être si parfaite, Si Alan est littéralement sous l'emprise d'Hiéranie, les théories racistes et eugénistes de la femme rendent méfiant le docteur.
Erle Cox reprend le thème de Roméo et Juliette sans jamais tomber dans la bleuette naïve, au contraire, il s'en sert comme base pour proposer une véritable réflexion d'anticipation, d'un grand intérêt. Alan Dundas est un personnage intégré dans sa société, cultivé, intelligent, et son esprit critique va être mis à mal par la fascination qu'exerce Hiéranie sur lui. Elle est un personnage libre et fort, une émanation moderne du féminisme, de l'émancipation avec les religions, mais cette société si avancée présente un défaut majeur, une certaine forme de totalitarisme, basé sur l'élimination des humains inférieurs. Ce paradoxe,
Erle Cox l'exploite parfaitement, en donnant une impulsion romanesque au récit. C'est bien rythmé, bien construit, l'exploration du lieu se fait progressivement, offrant un suspense réaliste, on est dans une écoute attentive, un brin d'angoisse, de peur, d'émotions.. le personnage d'Alan est particulièrement bien campé dans ses contradictions, hypnotisé par la beauté et l'intelligence de la femme.
Plein de questionnements, d'idées troublantes, de propositions utopique, dystopiques, de réflexions sur notre propre société, sur celle des années 1920 encore puritaine, et d'anticipation à court terme (écrit avant l'avènement du nazisme), et avec une dimension romanesque avec un personnage bien imaginé, je constate avec étonnement que ce roman écrit il y a un siècle conserve encore une étonnante modernité.