Très très intéressant, surtout si comme moi on ne connaît pas tant que ça la culture japonaise, l'art du haïku ...
Le livre est construit en plusieurs chapitres thématiques, et nous donne un bon aperçu de la fabuleuse diversité des thèmes abordés, des auteurs, des styles
L'auteur ose des parallèles avec "notre" poésie française et européenne (Apollinaire, Verlaine ... entre autres), et nous replace dans le contexte culturel et historique des auteurs de haïkus : les contes zen, les contes populaires asiatiques, la culture bouddhiste et shintoïste ...
A picorer, à savourer, en plusieurs lectures, en plusieurs instants
Le haïku, la magie de l'instant saisi au vol
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Un joli florilège de haïkus variés, composé en thèmes ( moments, humour, bestioles, etc.) et agrémenté de contes populaires, de comparaisons littéraires ( Verlaine, Apollinaire, Proust, Prévert...) et de réflexions personnelles qui accompagnent notre propre promenade sans la gêner. L'anthologie est précédée d'une introduction éclairante, aussi simple qu'érudite.
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Ce livre de haïkus est une anthologie un peu spéciale. Maurice Coyaux est un spécialiste des langues orientales (du russe au chinois) et il a superbement compris l'esprit de ce petit poème souvent écrit à l'impromptu en bordure d'un chemin, au court d'une randonnée, d'un voyage lointain. Il procède donc de même, mêlant les plus beaux poèmes nippons à des réflexions plus personnelles, à des citations d'auteurs occidentaux, à des contes asiatiques qui répondent ou précèdent un joli haïku.
Ceux-ci sont ici classés par thèmes (été, hiver, humour, musique, ...) et non pas par époque ou par auteur. Ce classement impose donc que les auteurs sont présentés petit à petit et que les dates de rédaction se mêlent et se mélangent, sans que cela gène en rien puisque les haïku sont intemporels, éternels.
C'est donc un ouvrage à la fois très léger, souvent impertinent, parfois mutin et coquin ; mais aussi d'une grande érudition, qui montre une immense connaissance de l'Homme de la part de l'éditeur et des auteurs. Un pur régal à lire, relire, parcourir sans cesse pour s'abreuver de ces petits moments hors du temps.
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Une excellente façon de découvrir les haïku, ces petits poèmes japonais en trois vers.
Ce receuil présente une sélection de haïku des plus grands auteurs du genre, regroupés par grandes thématiques, accompagnés de commentaires très libres. Une sélection de contes japonais permet de mieux s'immerger dans cet univers.
J'avais toujours eu du mal à "rentrer" dans les haiku et à saisir leur poésie. Cet ouvrage est un excellent moyen de s'initier.
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Ne pas chercher à remplir ce qui doit rester accueillant au vide. Ne pas chercher à émonder ce qui ne demande qu'à éclore librement.
Simplement, rester attentif au jeu imperceptible des mots du quotidien, qui ont plus d'un tour dans leur sac. Ils nous disent au plus juste de quoi sont faits les instants dont nous sommes faits : menues choses sur lesquelles le regard distrait passe sans s'arrêter, et qui sont pourtant la trame indiscutable de la vie, la substance de toute mémoire.
Cette brièveté dans l'expression, cet art de l'impromptu, nous le retrouvons chez les peintres japonais et chinois. La rapidité de pinceau est à leurs yeux la vertu cardinale : quelques traits, jetés sur le papier avec une apparente désinvolture, suffisent à cerner l'image avec une miraculeuse précision.
Là encore, il s'agit d'évoquer beaucoup en montrant peu, l'essentiel étant laissé au blanc de la page qui symbolise l'espace indéfiniment ouvert - où l'image (comme la note en musique) peut résonner indéfiniment.
Cela dit, on aurait tort d'assimiler purement et simplement l'art du haïku à un exercice zen. Il lui est arrivé - il lui arrive encore - de tenir ce rôle.
Il ne lui est absolument pas réductible.
Si "métaphysique" il y a, ce n'est pas tant celle où trouve à s'exprimer une tradition définie, que celle, diffuse, où se reconnaît tout un peuple, dont les gestes, en plein XXe siècle, sont encore étrangement chargés de sens.
N'oublions pas que le haïku occupe toujours une place centrale dans la vie quotidienne du Japon d'aujourd'hui.
Une soixantaine de revues (souvent très lues) lui sont réservées, et les journaux lui ouvrent régulièrement leurs colonnes.
Chaque dimanche, le journal Asahi ("L'aube") consacre une rubrique aux dernières réussites des haikistes amateurs - choisies et présentées par trois éminents poètes : Yamaguchi Seishi, Nakamura Kusatao et Katô.
Bruits : déchiffrés avec une attention toute musicale. Monodies : pott pott de la fauvette ; cri du marchand de loches. Polyphonies, polyrythmies : crépitement de la grêle et grésillement du télégraphe ; bourdon sourd de la cloche, bruit mat des fruits trop mûrs tombant ; cri des cailles et roulement du tonnerre. Accord parfait : un saut de carpe, tout proche, une note de harpe, plus loin, derrière la colline ...
Bruit de la grêle
Bruit du télégraphe
Paysage nocturne à la fenêtre
Setsujin
Arrivant sur la neige
Elles font pott
Les fauvettes
Bôsha
“sur les écrans de papier
elles font des arabesques
les chiures de mouches”
Issa