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EAN : 9782743628994
272 pages
Payot et Rivages (30/11/-1)
3.5/5   48 notes
Résumé :
« Deux panaches de fumée à une période de l’année trop douce pour les feux de cheminée nous surprennent à l’aube. Notre terre est cernée de flammes. »

En quelques jours, le pouvoir change de mains dans le village. Le bien et le mal s’inversent, au point de se confondre. Walter Thirsk doit déchiffrer les règles pour tenter de sauver sa peau. La violence fait rage, poussant l’âme humaine dans ses retranchements, engendrant une lutte sans fin entre l’in... >Voir plus
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Alors que la moisson s'achève tout juste, un crime vient d'être commis au village. Un incendie criminel a ravagé les écuries et le pigeonnier de maître Kent, ne laissant pour tous vestiges qu'un tas de cendres. Et si Walter Thirsk a sa petite idée sur l'identité des coupables, il n'en dit rien et préfère se ranger du côté des villageois qui soupçonnent d'ores et déjà les trois étrangers, fraîchement installés en bordure du village et dont personne ne sait rien…


Cette femme envoûtante, au charme sauvage, et les deux hommes qui l'accompagnent ont forcément quelque chose à se reprocher, sinon ils ne se défendraient pas avec autant de véhémence contre les accusations dont ils font l'objet… Emmenés de force, les deux hommes se retrouvent condamnés au pilori pour une semaine. Mais l'incendie n'est que le début d'une série d'actes criminels qui vont voir la violence, la suspicion et la trahison s'installer au coeur de cette communauté paysanne…


Walter Thirsk, en tant que narrateur, est notre guide dans cet étrange village qui semble figé, coupé du monde et de ses lois. Arrivé il y a douze ans aux côtés de maître Kent, son frère de lait, ce veuf discret et volontaire a tout fait pour s'intégrer à la petite communauté, sans jamais se défaire totalement de son étiquette d'étranger. Car le village fait régner ses propres règles, confiant la justice aux mains du bienveillant maître Kent, mais voyant d'un mauvais oeil l'arrivée de nouvelles têtes, venues perturber un quotidien tranquille.


Rien ne nous est dit de l'époque ni du lieu où se déroule l'histoire, même si les indices font penser à un âge féodal où les serfs cultivent la terre grâce à des charrues pour le compte de leur seigneur et où la justice s'exécute de manière aléatoire et souvent barbare… le roman s'ouvre sur l'incendie, installant dès le début une tension et une violence palpables au sein de la petite communauté, qui ne vont faire que croitre jusqu'à l'apogée finale. Plus l'histoire avance et plus un malaise s'installe au sein du village mais aussi chez le lecteur, témoin impuissant d'actes qu'il ne parvient pas à comprendre. La confiance placée dès le début en Walter Thirsk et en son jugement s'étiole peu à peu, laissant planer un doute quant à sa lucidité… La folie s'installe peu à peu et ne semble épargner personne…


A la manière d'un conte, Jim Crace dépeint une réalité universelle, à travers une communauté fermée sur elle-même, vivant dans la crainte de la nouveauté et du changement, et cédant aux préjugés et à la violence pour s'en prémunir. Un roman d'ambiance efficace et oppressant, difficile à lâcher !
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On ne sait pas trop si on est chez les Hobbit ou chez les Amish, dans un ailleurs inventé ou un passé éternellement figé. L'écriture nous orienterait plutôt vers cette dernière option, avec son classicisme un peu désuet, et cette façon de polir le langage pour en éliminer toute grossièreté et toute violence. le cadre aussi, qui évoque un univers rural et quasi moyenâgeux. D'un autre côté, certains détails prônent en faveur d'un univers imaginaire, et participent à entretenir une atmosphère d'étrangeté, où se mêlent à la fois l'indéfini et le familier. On est hors du temps ou de toute géographie connue, et paradoxalement en un lieu que chacun peut reconnaître. Il restera "le village", celui d'une communauté fruste et craintive qui y vit depuis toujours en quasi-autarcie et s'échine à arracher à une terre inflexible et impatiente la pitance tout juste suffisante à sa survie sous l'autorité de Maître Kent, veuf de la propriétaire de ce domaine qu'il régente avec une autorité lasse et plutôt bienveillante. On y vit au rythme des saisons et surtout de la moisson, acmé d'une année d'inquiétudes et de labeur qui donne l'occasion aux faux de parler à l'unisson, et autorise exceptionnellement la grivoiserie et la gaieté.
Mais cette fois, la fête est ternie par une série d'événements qui vont finir par embraser le village. C'est d'ailleurs un incendie qui met le feu aux poudres, si je peux me permettre ce mauvais jeu de mots… un incendie qui détruit les écuries de Maître Kent, et décime son élevage de colombes. de probants indices désignent comme coupables de jeunes gens de la communauté qui n'ont sans doute pas mesuré les conséquences des bêtises qu'ils ont perpétrées sous l'influence de champignons magiques. Sauf que l'incident concorde avec l'arrivée d'étrangers qui se sont installés à la lisière du village. Les nouveaux venus, c'est bien pratique, font office de bouc-émissaire. Ils sont trois : deux hommes condamnés au pilori, et une femme qui lors de ses fugaces apparitions provoque chez les villageois une coupable attirance.

A cela s'ajoute la venue prochaine au village d'un mystérieux M. Jordan, cousin de la défunte épouse Kent qui se revendique à raison comme héritier légitime de ses terres, et qui projette de convertir les membres de la communauté en éleveurs de moutons.

En venant percuter son immobilisme séculaire, ces événements plongent le village dans le tourbillon d'une violence visant à prémunir de la nouveauté et du changement. Cela se traduit d'abord par une tension insidieuse, de surcroit relatée par un narrateur qui, dans un inconscient réflexe d'autodéfense, n'exprime son intuition du pire à venir qu'avec parcimonie. Walter Thirsk est lui-même un étranger à ce village où il s'est pourtant installé des années auparavant, ayant suivi Maître Kent dont il était le serviteur. Tombé amoureux de cet endroit, il en a épousé une native, désormais défunte. Depuis qu'il est veuf, il travaille sans amour, ayant perdu le plaisir que lui procurait l'illusoire pouvoir de transformer le paysage. Son absence d'implication dans la confrontation avec les étrangers accusés d'avoir incendié les écuries a creusé la distance jusque-là latente qui le sépare des autres membres de la communauté. Ces derniers évitent dorénavant de le regarder dans les yeux et manifestent à son encontre une soudaine et sourde hostilité.

"Moisson" est un conte cruel au rythme lent, dont la narration est fortement marquée par l'omniprésence d'une nature domptée par le labeur paysan. le lecteur suit le héros des terres asséchées par la moisson aux chemins abîmés par les roues et les sabots qu'embaument les odeurs de foin coupé, tout en étant conscient d'être plongé au coeur d'un microcosme entraîné dans l'engrenage qui mènera à sa perte.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Une petite communauté agricole de soixante âmes isolée du reste du monde et vivant en totale autarcie. On ne sait pas où elle se trouve, on ne sait pas quand l'action se déroule. Ce pourrait être le Moyen âge, ce pourrait être le 19ème siècle préindustriel. En fait, le fonctionnement du village au fil des saisons a tout de féodal. le narrateur raconte l'arrestation de trois étrangers après un incendie ayant touché une partie du manoir du seigneur Ken. Accusés sans preuve, les deux hommes sont cloués au pilori et la femme parvient à s'échapper. Quelques jours plus tard apparaît maître Jordan, nouveau propriétaire des lieux voulant remplacer les cultures par l'élevage de moutons et faire basculer cette « bulle » hors du temps vers le progrès, vers le capitalisme de marché. Ces deux événements à priori sans rapport vont précipiter l'éclatement de la communauté.

Clairement, je me suis ennuyé. le narrateur loue les vertus de la nature triomphante, de la simplicité du travail de la terre. Il y a de longues descriptions des activités agricoles, des champs et des bois qui ont eu sur moi un effet soporifique indéniable. Après, je reconnais qu'il y a une forme de tension assez prenante par moment, que l'aspect intemporel donne une dimension mystérieuse et universelle au récit, que l'évidente allégorie dénonçant la mondialisation et le propos politique sous-jacent (notamment le racisme lié au repli sur soi) sont finement amenés. Mais pour le reste...
Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Un roman très déroutant.
Aucune indication sur la situation géographique ni l'époque à laquelle cela se passe. Un village rural qui vit en autarcie : des serfs qui cultivent de l'orge pour un maître propriétaire d'un manoir et des terres. le narrateur, Walt, est un veuf frère de sang du maître.
Un jour 3 étrangers arrivent et les ennuis commencent. de plus, il y aurait un nouvel héritier du domaine qui voudrait apporter de gros changements et notamment l'élevage de moutons.
Une sorte de fable originale mais un peu ennuyeuse.
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Une très belle écriture, un livre que l'on lit plus pour le plaisir des mots et le fond, ce qu'il traite des relations humaines, que pour l'histoire en elle-même qui, bien que réaliste et précise, contient beaucoup de flou (quel lieu ? quelle époque ? on en a vaguement idée, l'Angleterre entre 1300 et 1600 ?). Walter vit, depuis 12 ans, avec ses prochains dans un village sans histoire, isolé des autres et du mal, où les saisons se suivent en harmonie. Il y a Maître Kent, avec qui il est arrivé, qui est bon avec ses serfs, il y a des coups durs et des mauvaises saisons, mais c'est ainsi que va la vie... jusqu'au jour où des étrangers vont passer au village au moment où des chenapans locaux font une grosse bêtise... Il est alors si facile d'accuser les inconnus, même si les preuves retenues sont de toutes évidences très bancales, personne n'ose rien dire... de plus, le pouvoir va changer de main et la vie du village risque d'être fortement bousculée par les nouveaux objectifs... Plus qu'une histoire, c'est une sorte de fable sur la société humaine, terriblement d'actualité (repli sur soi, commerce au-delà des frontières, conservatisme ou progressisme...) et raconté avec un grand lyrisme. Walter est le témoin privilégié de ces moments, il nous livre ses pensées, comment il agit ou non, pour quelle raisons, ce sont toutes nos faiblesses qui sont ainsi égrenées... et moi, j'aurais fait quoi à sa place ? Une lecture à la fois agréable par son , et oppressant par les sujets abordés, envoûtant à sa façon, vraiment, j'ai aimé !
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Deux panaches de fumée à une période de l’année trop douce pour les feux de cheminée nous surprennent à l’aube, tout du moins ils surprennent ceux qui ne sont pas sortis faire des sottises dans la nuit. Notre terre est cernée de flammes. Au-delà des fossés qui marquent la limite de nos champs, à l’abri de nos bois, sur la terre commune, là où hier encore il n’y avait personne pour faire partir de la fumée, des nouveaux venus, à la lueur de la lune bienveillante des moissonneurs, ont monté une hutte – quatre planches de fortune, un bout de toit – et ont allumé le plus distant des deux feux. Il est humide. Ils auront mis du bois vert pour que le panache soit le plus noir possible et que nous le remarquions à coup sûr. Il s’élève en une colonne qui ne penche ni ne s’amincit avant d’atteindre la canopée. Il signifie, De nouveaux prochains sont arrivés ; ils ont construit un foyer ; ils connaissent la coutume et la loi. Ce premier panache de fumée leur donne le droit de rester. Nous verrons.
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La moisson nous donne droit d’être grivois. Notre humour s’enhardit à mesure que l’orge tombe. Il n’y a pas de danger à répandre des rumeurs à voix haute, ni à appâter pour ensuite ferrer. Quels sont ceux qui partagent des épouses ? Quel célibataire barbu se montre bien trop amical avec sa chèvre ? Quel veuf (ils se tournent vers moi) a plongé le pouce dans le pot de confiture d’un autre ? Quels jeunes rougissants du village sont des "partagés", c’est-à-dire des enfants conçus dans un lit mais nés dans un autre ? Qui fait l’amour à des cageots de pommes ? Qui a épousé un sac de grain ? Rien n’est interdit quand nous fauchons l’orge.
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