Promenez-vous dans la rue des Beaumonts et passez de maison en maison : Une vie sur le trottoir, 26 rue des Beaumonts Basse-cour, 17 rue des Beaumonts Il faut aimer les gens, 32 rue des Beaumonts Par acquit de conscience, 28 rue des Beaumonts.
C'est ce que j'ai fait, j'ai sonné au 17 rue des Beaumonts. J'y ai rencontré Blanche, une femme authentique, une belle personne mais qui ne s'aime pas. Pourtant, elle voudrait tant ressembler à sa meilleure amie et dit : « La poule que je suis admire discrètement le cygne que je ne serai jamais ».
Blanche est une femme au foyer qui élève ses enfants. Elle est blessée par son mari qui en aime une autre. Elle se dévalorise sans cesse et veut ressembler à cette catégorie de femmes qui dominent le monde et qui possèdent toutes les qualités qu'elle n'a pas. Elle s'excuse de l'absence de carrière car elle élève ses enfants. Elle y remédie en repartant au travail. Elle se force à pratiquer différents sports pour changer physiquement…. le personnage de Blanche nous touche, nous fait de la peine car on a envie d'un côté, de prendre soin d'elle et de l'autre, la secouer. Cette femme se dévalorise sans cesse et n'essaie pas d'être « elle » tout simplement, en se moquant du regard des autres. Fort heureusement le personnage va évoluer. Après un choc émotionnel Blanche va se retrouver à l'hôpital. Sera-t-elle piégée par un malentendu ?
Je pense que l'autrice a voulu provoquer un déclic avec ce roman qui s'adresse aux femmes qui ne s'assument pas. Elle met l'accent sur ce qui peut faire mal afin de faire comprendre que chaque personne est unique et inutile de vouloir ressembler à quelqu'un d'autre. Ce roman plein d'espoir et d'humour est un hymne à la femme. Il fait réfléchir à leur place dans la société. L'écriture est fluide et agréable. L'auteure finit avec ce joli message : « Il était une fois une poule qui ne cherchait plus à être un cygne ».
J'ai aimé ce roman qui souligne l'importance d'être soi, de s'aimer voire de s'accepter tel que l'on est. A bon entendeur !
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Je la vois, ma meilleure amie manger du fromage à la fin d’un repas copieux. Je la vois et je l’envie, mon esprit encore occupé au calcul des calories avalées. Elle mange du fromage. Elle est grande, elle est fine, elle mange du fromage. Et contre toute logique, elle garde une prestance princière. Une part de brie, un morceau de cantal et du saint-nectaire, 400 calories le tout.
Elle n’est pas de celles qui, comme moi, mutilent leur beauté pour venger leur laisser-aller. Qui ne s’accordent pas le droit de prendre soin d’elles si elles ont des kilos en trop.
De celles pour qui le droit s’incline devant le mérite. Qui ne s’achètent des vêtements qu’une fois amaigries et satisfaites de ce poids idéal. Ce poids idéal, dont l’étymologie rappelle qu’il ne peut exister que dans l’imagination. Ce corps idéal qui retrouve, régime après régime, sa forme initiale. Inévitablement.
Elle n’est pas de celles dont le placard, frise chronologique d’une lente décadence, expose par strate culpabilisante les vêtements dans lesquels elle ne rentre plus, dans l’espoir vain de retrouver un jour prochain la taille adéquate.
De celles qui, rarement, se récompensent d’un regard bienveillant. De celles qui, souvent, se saccagent par pénitence. Et qui ne vont chez le coiffeur que lorsque la balance les y autorise.
J’ai la conscience aiguë de cette misère de n’être que moi, la honte de ne pas être mieux. Face à l’injonction de ma meilleure amie d’être une femme active.
J’ai lu que la musique pouvait jouer un rôle déterminant dans les performances des sportifs. Écouter de la musique pendant un entrainement pourrait accroître de 15 % les performances en stimulant la sécrétion de dopamine et de sérotonine. La musique permettrait de développer nos capacités physiques et cardiaques tout en retardant les sensations de fatigue.
L’élégance est une attitude inconvenable lorsque l’on fait du sport. Un léger laisser-aller – voire une certaine négligence – prouve la motivation profonde du coureur.
Ma meilleure amie m’a demandé si je voulais faire du shopping avec elle, et je lui ai répondu que je n’étais pas disponible aujourd’hui. Je ne voudrais pas qu’elle pense que je n’avais rien de prévu et que je suis libre comme ça, à l’improviste. Je la rappelle un peu plus tard pour lui dire que je me suis finalement dégagée de mes obligations. Je sais que je ne devrais pas.
La première fois que je rencontre ma nouvelle voisine, c’est lors d’un repas où nous sommes toutes les deux invitées. Julie-Lys. Quel drôle de prénom. Ma première pensée concerne son nez. Il est trop long. Elle a beau arriver avec un dessert, c’est gentil bien sûr, mais son nez est trop long. C’est dommage, car le reste de son visage n’est pas vilain.
Mais surtout, comment fait-elle, techniquement, pour que le rouge sur ses lèvres ait tenu toute la soirée ? Il est minuit, l’heure où mon rouge à lèvres, si tant est que j’en aie mis un, s’est dissipé dans les méandres du temps. Disparu comme toute chose tend à disparaître, ravie par la mort et par l’oubli. Le rouge à lèvres, sur mes propres lèvres, devient la métaphore du temps qui passe et de la mort.
Je ne sais pas si j’ai acheté les paroles du vendeur, ou son assurance contagieuse, ou l’image de moi dans ces miroirs, toujours est-il qu’en sortant du magasin, ce rouge à lèvres dans mon sac, je suis une autre femme. Je rentre chez moi. Je me réjouis de mon achat, de cette confiance en moi pour 27 euros. J’applique méticuleusement le rouge à lèvres comme le vendeur me l’a si bien appris. Je me regarde. Le rouge vif, brillant, haute tenue. Mais tout à coup l’évidence me saute aux yeux : j’ai l’air d’une pute.
C’est ainsi que certains couples se défont, sans un bruit, dans un silence étonné. Je n’ai rien vu, je n’ai rien senti, je n’ai rien compris.
C’est le moment d’achever cette conversation. Je parle doucement, je prends un air réfléchi, teinté de nostalgie : « Parfois, je me dis que notre couple vieillit, mais que les petites rides qui s’accumulent ne font que représenter tous les chemins que nous avons parcourus ensemble… » J’ai lu ça sur internet, je l’ai appris par cœur, j’étais sûre que ça lui clouerait le bec.
Cet exercice est très désagréable. Il me rappelle que je n’ai jamais aimé ma poitrine, depuis le jour de son apparition, où elle est devenue objet de regards et de convoitise à un âge inapproprié.
Une échographie mammaire, cela signifie rester les seins à l’air, dans une inconfortable position semi-allongée, la poitrine affaissée, flasque, dévalorisée. J’ai toujours pensé que la nudité sans la sensualité flirtait avec le ridicule. Heureusement, le domaine médical échappe à cette règle.
Je n’ai jamais aimé le silence. Je ne connais rien de plus pesant que le silence. Dans le silence, on ne sait jamais quelle ambiance règne, et l’on pourrait facilement croire que l’atmosphère est tendue, même s’il n’en est rien.
Ma meilleure amie et moi-même marchons côte à côte. Et je suis comme tous les autres, jetant un regard furtif de temps en temps, admiratif aussi, un regard discret pour ne pas dire, pour ne pas lui dire. La poule que je suis admire discrètement le cygne que je ne serai jamais. Ma meilleure amie s’oppose à ma propre inélégance, mon avachissement, et ma tête qui, inexorablement, glisse en avant. Comme une poule. Pourtant il m’importe peu aujourd’hui de ne pas avoir un port de tête digne et élégant. Car il est une catégorie de femmes courageuses, persévérantes, acharnées, obstinées, valeureuses et méritantes. Il était une fois une poule qui ne cherchait plus à être un cygne.
L'inquiétude de ma meilleure amie à mon égard remonte à la naissance de mon premier enfant, date à laquelle j'ai intégré la cohorte des femmes au foyer ordinaires qui n'ont pour seule rémunération que le regard approbateur de leur conjoint et la bonne conscience d'être à leur place.
Comment peut-elle être aussi à l'aise, alors que sa bouche prend toute la place dans la pièce ?
Oui, elle capte toute la lumière, et rend toute choses pâles alentours.
Je veux être comme elle, femme fatale et femme buffle tout à la fois, assumant sa féminité dans une ultime provocation, son sexe en pleine figure.