AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de cannibalector


"Les derniers libertins": drôle de titre pour un essai historique écrit par une italienne spécialiste du 18eme français. Elle nous narre, en une première grande partie, le destin de sept aristocrates libertins méconnus , de leur naissance ( 1730/1760) jusqu'à la revolution française.
Dans un second temps, elle nous explique leurs choix, ou leurs non choix en 1789.
Enfin, en guise de conclusion, elle nous décrit leur fin de vie ( précoce ou non).

Si j'emploie le qualicatif "drôle" c'est que les libertins existent toujours et que, notamment les clubs du même nom se muliplient mais ce mot résume des personnes ou des couples ayant de multiples partenaires sexuels.

Au 18eme, la notion de libertin est beaucoup plus complexe et beaucoup plus riche:
- il concerne d'abord des aristocrates ou la grande bourgeoisie: ils ont accés au centre de la vie : la cour royale.
- Ils doivent posseder trois qualité principales: un "physique propice" ( Mme du Barry), l"art de la conversation, exercice périlleux qui demande evidemment le sens de l'éloquence et de la répartie mais aussi une grande érudition et surtout une grande ouverture d'esprit notamment envers les idées nouvelles propagées par les intellectuels del'époque.
Mais surtout une grande " hauteur d'âme" ( MMe de Stael)
En effet, être libertin c'est s'abandonner à une autre ( ou à un autre pour les libertines) , c'est choisir par amour de prendre des risques, d'abandonner des amis et surtout des soutiens. Certains des personnages étudiés par l'auteur iront cranement à la guillotine uniquement par amour. Etre libertin, ce n'est pas aimer ou rechercher le vice comme le prétend le marquis de Sade, c'est , au contraire succomber, à l'intelligence, à la beauté, au courage et ces libertins rencontreront dans leur vie plus d'une personne correspondant à ces critères.

Pour bien comprendre ces libertins, il faut certes prendre en compte une certaine oisiveté due à leur naissance mais ne pas oublier qu'ils sont tous maries par convenance. En outre , s'ils ne veulent généralement pas abandonner les faveurs liées à leur rangs, ils veulent acquérir les mérites issus des philosophes des lumières; cette dualité faveur/mérite poussera la plupart d'entre eux à être favorable aux états généraux, à la révolution de 1789 et même à l'assemblée constituante.Adeptes d'une monarchie constiutionnelle, ils rejoindront le rang des émigrés lorsque le roi sera menacé.
Mais un cas contraire m'a marquè: le duc de Lauzun, nommé biron de son nom révolutionnaire. Militaire émérite, il fut le second de Lafayette durant la guerre d'indépendance américaine, il soutiendra par la suite le début de la revolution française puis s'enfuiera à Londres. Mais, n'acceptant pas que la France soit envahi par des puissances étrandères il combat à Valmy et à Jemmapes avec l'armée révolutionnaire. Fort de ses succés, il est envoyé en Vendée combattre les chouans mais ne peut se résoudre à tuer " des français catholiques"; désertant sans se cacher, il sera guillotiné.

Cet essai intelligent nous montre, encore une fois, ce que l'anachronisme à de dangereux: chez ces aristocrates libertins, il y avait des gens biens qui ont fait honneur à notre pays.
Je reconnais que c'est très politiquement incorrect mais c'est pourtant vrai.
Commenter  J’apprécie          436



Ont apprécié cette critique (38)voir plus




{* *}