Ses champs labourés m'ont sauté aux yeux. le contraste entre le noir de la terre et le blanc des sillons ressort avec force. Parfois, un arbre, une mare, ajoutent une touche sombre, une forme qui casse la linéarité. Ou au contraire, des tâches de lumière, des moutons, éclairent les champs vus du ciel. J'aime la force brute de ces photos.
Les captations d'humains sont plus surréalistes, formes noires dont les contours sont imprécis sur fonds blancs laiteux. Des ombres, des nuages d'humains insaisissables prêts à s'évanouir comme une brume au premier souffle mauvais, traces intemporelles et friables. Parfois ressortent des traits, un regard, qui disent l'enracinement à la terre.
L'introduction d'Alistair Crawford est éclairante. Il trouve les mots justes.
"L'art nous intéresse trop en tant qu'objet mais pas pour le message qu'il nous apporte."
Mario Giacomelli a grandi dans l'Italie rurale des années 30. Il devient peintre à 13 ans "sans avoir jamais eu de contact avec un artiste, une galerie, sans avoir jamais lu un livre". "Son seul souci, c'est de mettre suffisamment d'argent de côté pour s'acheter un vélomoteur, ce qui n'arrivera jamais". Expérimentateur sensible et sincère, il explore les faibles profondeurs de champs, la surexposition, les compositions graphiques. Ses photos sont à vif, empreintes de douleur.
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