Ce livre auto-biographique du plus célèbre dans le rôle (et de loin le meilleur) inspecteur Maigret que l'on ait connu, est assez troublant.
La période décrite est celle de sa formation d'acteur.
On n'imaginait pas que ce "jeune homme", qu'il décrit avec une regard sans concessions, était si loin de l'acteur adulte qu'il est devenu. Soit, excès de jeunesse peut-être, mais jeune homme assez trouble et disons-le assez antipathique et imbu de lui-même.
Dur de parler de soi et de faire ce genre de confidence. Sans en sortir grandi, on se doit de reconnaître l'honnêteté intellectuelle de l'acteur dans cet exercice d'écriture qui ,elle-même, reste confinée dans une "honnête" normalité.
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c est un homme pudique tres secret qui n aime pas parler de sa vie privé
mais ce livre est assez surprenant !! ..
Bon c'est une autobiographie par rapport à sa jeunesse mais certains passages sont assez intimes !! que l'on avait peut être pas envie de lire !
Mais cest un homme généreux , énigmatique , ténébreux , intelligent, comédien grandiose..
je preferais restée dans le mystère !
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Si dans le regard des autres j'existais à peu près normalement, pour moi, en revanche, je continuais à planer, enivré d'absence, incasable, si ce n'est dans quelques apparitions fantomatiques. Je me nourrissais d'intuition, mais n'avais réellement conscience ni des êtres, ni des éléments, ni de leur réalité. Je ne me situais nulle part et me retrouvais, au gré du hasard., en visite,
dans la demeure bien concrète d'autres âmes humaines, qui avaient eu la chance ou la malchance de prendre corps. Car je n'étais pas malheureux. Je n'étais tout simplement pas là dans moi. Y avais-je jamais été ? A quand remontait mon absence ? Ou m'en étais-je allé ? Avec qui ? Avec mon grand-père ? Pour l'instant, j'avais à gérer l'indifférence, et m'efforçais de la dissimuler sous quelques faux-semblants de vie. Seuls des rêves et de vagues pensées traversaient ma bulle et me permettaient de flotter. Le corps, lui, faisait ce qui lui plaisait. Il n'était pas dangereux pour moi, car très équilibré, très sage, il n'aurait jamais pu obéir à je ne sais quel caprice de l'ombre. La réalité se trouvait peut-être là; seule, l'ombre de mon âme était visible, celle-ci cherchant encore son soleil pour prendre corps. Dans cette attente, je m'éclairais à la lumière d'astres plus ou moins brillants.
Dans la vie aussi, en présence d'être supérieurs, nous nous sentons meilleurs. Quelle belle idée de conquête amoureuse ! Non par la ruse ou la flatterie ou je ne sais quel stratag¨me pervers, imaginé pour affaiblir l'autre, mais par l'ambition de s'élever à sa hauteur,de la surpasser même, en grandeur d'âme, non pour faire céder ses dernières résistances, mais pour la rencontrer tout simplement là o`elle nous attend.
Je compris grâce à lui que l'acteur dit toujours éviter d'expliquer son rôle, mais, avec ses propres moyens et son harmonie personnelle, s'efforcer de proposer une musique possible à son personnage.
Ma nature indifférente et narcissique m'incitait à épouser les humeurs d'une partenaire qui me flattait et me distrayait, sachant bien que je gardais toujours en réserve mon irrésistible goût pour la solitude, ma tour d'ivoire.
Maigret chez les Flamands, téléflm de Serge Leroy (extrait avec Pierre Dherte, Bruno Cremer)