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EAN : 9782371775640
208 pages
publienet (09/01/2019)
4.5/5   15 notes
Résumé :
Quand votre maison n’existait que par intermittences, comment faisiez-vous des projets d’avenir ?

Le petit monde d’Alexandre, c’est son appartement, son quartier, son lycée, ses tableaux, ses amis. Mais il vit dans un Paris qui nous échappe, un Paris en deux dimensions tel qu’on peut le représenter sur un plan. Il s’en accoutume bien, même si la vie quotidienne de part et d’autres des pliures est parfois compliquée.

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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Entrer dans "l'épaisseur du trait", c'est accepter d'emblée son décor. le résumé dévoile en quelques mots l'intention de l'auteur : faire vivre Alexandre, un jeune ado parisien, sur le plan d'une Capitale où largeur et longueur des rues laissent proportionnellement peu de place aux immeubles qui les bordent. Alexandre vit donc dans un appartement situé dans l'épaisseur d'un trait quand d'autres vivent dans des immeubles abîmés par les pliures du plan. Son espace est limité par les deux pages sur lesquelles s'étale son quartier, et il le vit jusqu'à maintenant très bien.
Mais l'adolescence a ceci de romanesque qu'elle donne des envies d'ailleurs, des envies d'autres. Des envies qui naissent par des rencontres. Et Alexandre rencontre Ivan, un garçon qui habite dans l'immeuble d'une rue si petite qu'elle n'existe que par intermittences. Et à partir de là, on évitera d'en dévoiler beaucoup plus.

Antonin Crenn réussit parfaitement à nous embarquer dans l'univers d'Alexandre. Il écrit les visages comme il décrit les plans en ajoutant aux lignes, aux courbes, aux traits, toute la mélancolie, la douceur, la tristesse et la nostalgie que peut faire émerger une plume sensible et poétique.

Alexandre est un Rastignac partant à l'assaut de sa maturité en montant dans un train qui l'emmène au-delà de la double-page de son adolescence pour le faire arriver dans une ville étrangère. Là, le presqu'adulte prend de la hauteur et se découvre en même temps qu'il découvre le goût de l'autre. Un autre incarné par un jeune homme qui se trouvera comme le guide du parcours initiatique du héros, un autre au prénom symbolique qui a perdu le grec de son i pour n'en garder que la romanité : Ulisse.

Car "L'épaisseur du trait" est tout en symboles, tel un conte moderne avec ce qu'il faut de douceur et de sensualité. Les descriptions y sont nombreuses mais la fluidité d'une écriture travaillée ne les rend ni rébarbatives ni superflues, au contraire. C'est un véritable objet littéraire que nous donne à lire Antonin Crenn et c'est avec un plaisir et curiosité que j'irai découvrir le reste de sa production.
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La vie dans ses plans, Paris en ses pliures ; le roman et ses représentations. L'épaisseur du trait nous plonge dans une introspection pleine de miroir, comme en quête de perspective, de cette dimension manquante où pourrait se comprendre le passage à l'âge adulte. Au creux d'une langue limpide, d'une patine presque intemporelle, Antonin Crenn écrit un roman léger, profond comme les interstices ouvert par cette lente découverte d'un espace à soi qui nous est conté.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Le récit poétique et fantastique d'un aller-retour entre un ici trop balisé et un ailleurs à déchiffrer, pour extraire de la carte un territoire à véritablement habiter.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2020/04/25/note-de-lecture-lepaisseur-du-trait-antonin-crenn/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Antonin crenn nous fait regarder autrement dans l'épaisseur du trait. Beuacoup de description, mais habitées par le regard et les souvenirs du personnage. C'est agréable de se laisser embarquer dans son monde où le plan a autant d'importance que la réalité. J'aime les cartes, j'aime voyager sur google maps, j'ai aimé voyager avec Alexandre.
Lien : https://www.lesmotsjustes.org
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Les gens en général, et les Parisiens en particulier, gardaient souvent dans un tiroir de leur bureau – ou en évidence sur le petit guéridon de l’entrée – un plan de la ville. C’était bien commode pour se repérer quand on s’y aventurait. Il existait notamment de ces guides à la couverture toilée, de petit format, qu’on pouvait glisser dans sa poche. Le découpage de Paris qu’on y avait opéré était très logique : chaque arrondissement était représenté sur une double page du livre, à l’exception des bois qui étaient dessinés à part, à la fin. Le découpage du plan était rationnel, certes, mais Paris ne l’était pas. Aussi, ce système de répartition qui réservait la même surface de papier à chaque arrondissement était trop évident pour être satisfaisant. Peut-être était-il le moins mauvais des systèmes ; en tout cas, il avait pour conséquence inévitable de créer un déséquilibre. Les petits arrondissements, tout étriqués dans le monde réel, s’épanouissaient librement, tandis que les grands retenaient leur souffle pour ne pas déborder. De ce fait, on pouvait supposer que l’on allait trouver des informations plus précises sur les cartes des petits arrondissements, parce que le dessinateur y aurait eu plus de place, et qu’en revanche le plan des plus grands aurait été simplifié, voire bâclé ; mais il n’en était rien. Et c’était là que l’on admirait le travail du cartographe : il avait mis le même soin à indiquer ces petites impasses, ces passages, ces cités, ces cours et ces villas – qui n’étaient pourtant pas faciles à représenter – aussi bien dans le centre de Paris que dans les quartiers périphériques. Rien ne manquait.
L’important, lorsqu’on se référait à l’un de ces guides, était de trouver son chemin, sa « route ». L’important, c’étaient les circulations. Elles avaient donc été privilégiées aux dépens des volumes : voilà pourquoi chacun de ces minuscules passages était représenté. Et, puisque chacun portait un nom, tous les noms avaient été indiqués. Alors forcément, il avait fallu composer avec les contraintes de l’espace. Les noms trop longs avaient été abrégés, parfois jusqu’à des limites qu’on n’aurait pas osé franchir soi-même : certains toponymes étaient tronqués après leurs deux ou trois lettres initiales seulement. Cela paraissait un peu fou, mais c’était efficace. On comprenait que ces plans s’adressaient à ceux qui connaissaient déjà la ville et qui se contenteraient de points de repère. On parlait un langage d’initiés.
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Tes monuments, tes rues, tes boulevards… Tu ignores à quel point je suis loin de tout cela, moi, mon vieux.
— Et alors où es-tu, Eugène ?
— Quand toi tu passes tes journées à parcourir les trois rues du quartier, moi je ne peux plus les voir en peinture. Elles me sortent par les yeux, ces rues. Alors je passe mes nuits (oui, mes nuits, afin de ne pas contrevenir au règlement du lycée, parce que je ne me crois pas, moi, au-dessus de celui-ci), je passe mes nuits à étudier le plan. À tenter de comprendre comment il est fait ; comment en tourner la page ou la creuser, comment m’échapper au travers. Je cherche le moyen de mettre les bouts. Si tu savais comme je rêve d’un avion ! Alors toi, quand tu t’apitoies sur le petit train de bois du jardin de Reuilly, tu me fais bien rigoler.
— Un avion, Eugène ? Pour t’échapper d’ici ?
— Évidemment. Je ne vais pas passer ma vie dans un appartement avec une pliure au milieu.
— Je te parle de nos souvenirs d’enfance ; je te parle de la lumière à l’horizon, et toi tu me parles d’un appartement confortable et d’un fauteuil moelleux. Eugène, je ne te reconnais pas.
— Prends une tartine au lieu d’être sentimental.
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Ils s’étaient tous les deux lassés de se débattre dans l’épaisseur du trait : il leur était apparu comme une évidence qu’ils ne pourraient plus repousser d’un iota les contours de la ligne. Alors, plutôt que de rester prisonniers, ils avaient préféré trouver une astuce et ils avaient troqué l’épaisseur contre le volume. C’était un bon moyen de s’échapper du plan et de donner, du même coup, de l’épaisseur à leur existence qui était encore mince.
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Pour descendre cette ligne depuis Paris, il avait suffi à Alexandre de se laisser glisser sur le plan. Mais pour rebrousser chemin comme on remontait le cours d’une rivière, sur plus de mille kilomètres, l’effort eût été hors de sa portée. Il lui avait fallu cette énergie, qu’il n’avait pu conquérir qu’en gravissant les sommets pour mieux les dévaler. Il s’échappait du plan parce qu’il lui avait donné une nouvelle dimension : la verticale. C’était fini, cette histoire de traits et de prisonniers.
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Le trait d’ombre sous le regard de l’homme s’était épaissi, Alexandre en aurait donné sa main à couper. Il aurait voulu en avoir le cœur net en se rendant au Petit Palais, mais ce jour-là était un lundi et le Petit Palais était fermé. Alors il resta au lit ; et, de toute façon, que ce fût un lundi ou un autre jour ne changeait pas grand- chose pour lui. Cela faisait belle lurette qu’il ne pouvait plus sortir de son quartier.
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Vidéo de Antonin Crenn
Lors du salon de l’autre LIVRE (halle des Blancs Manteaux, du 8 au 11 nov. 2019), Antonin Crenn a présenté son roman, Le Héros et les autres, paru en 2018 aux éditions Lunatique. Une vidéo réalisée par Cyrille Latour.
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