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Ars industrialis (Éditeur scientifique)
EAN : 9782755500332
115 pages
1001 Nuits (14/03/2007)
3.67/5   3 notes
Résumé :

Que renferme l'expression " démocratie participative " ? N'est-elle pas un pléonasme - toute démocratie n'appelle-t-elle pas une participation de tous ? La démocratie participative peut-elle encore, en ce cas, être légitimement opposée, et comme " démocratie directe ", à la démocratie représentative ? Ne traduit-elle pas plutôt une forme de populisme ? Quelle consistance donner à ce qui pour... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Petit ouvrage d'une centaine de pages pour découvrir la prose et la pensée de ces deux philosophes.
Côté prose, j'ai rencontré pas mal de difficultés tant pour le style,souvent pesant, mais aussi par un manque de connaissance des mots utilisés ; toutefois, quelques réflexions m'ont intéressée.

Dans ce recueil, sont restitués les interventions de Marc Crépon et Bernard Stiegler au cours d'une réunion de l'association « Ars Industrias » dont ils sont tous deux les fondateurs.
Partant de la notion de « démocratie participative » sorte de « conception-marketing » propulsé sur la scène politico-médiatique par Madame Royal au cours de la campagne électorale de 2007 et reprise à l'envi sur le web, ces deux philosophes jugent que le concept mérite d'être étudié et qu'il soulève nombre de questions philosophiques, sociétales et politiques . Laissant de côté l'argument électoral, tous les deux se penchent sur la question de la démocratie participative.

Pour Marc Crépon, la démocratie participative est conditionnée d'une part par la défiance des citoyens à l'encontre de leurs élus, fait commun à toutes les démocraties, et d'autre part, par le développement d'une nouvelle technologie de participation (blogs & forums). Nous sommes arrivés aujourd'hui à une démocratie d'équilibre dont le seul mécanisme existant à portée des citoyens est celui permettant de choisir un gouvernement entre deux équipes pour lui conférer une autorité. L'électeur devient consommateur, ce qui pose la question de la soi-disant souveraineté du peuple ; d'où la fragilité de l'attachement à la démocratie puisque le citoyen est soumis à une suite sans fin de déceptions et les élus politiques atteint d'une surdité ...sans solution.
Ce renoncement à l'utopie démocratique peut-il être contrecarré par la démocratie participative ? Pour cela, il faudrait redonner la parole (en amont des éruptions de colère) et donc du pouvoir à ceux qui n'en ont pas. Sauf que les plateaux de télévisions en interposant leurs filtres entre les politiques et les citoyens, imposent un discours stéréotypé correspondant à l'image qu'ils se font de leur audience. Il faudrait aussi que les actuels « sans pouvoir » puissent exister collectivement.

Bernard Stiegel, partant du constat que les technologies contemporaines s'accompagnent de tout un champ de possibles que les politiques n'ont pas pris la peine d'analyser, alors que ces technologies pourrait réinventer un autre modèle industriel pour remplacer celui dans lequel nous vivons, complètement « toxique ». Pour changer de modèle industriel, il faudrait rechercher une nouvelle conception de l'organisation sociétale et que cette recherche soit au coeur de LA politique. Cette nouvelle société « participative » est déjà à l'état embryonnaire dans le réseau Internet. Pour la penser et l'organiser, il faut des instruments (actuellement monopolisés par les technocrates et les intellectuels), et surtout une pensée collective et politique nécessitant de remplacer le processus de dissociation dans lequel nous vivons (division et individuation) par processus de trans-individuation et de nouveaux dispositifs de représentation.

Certes quelques réflexions m'ont intéressée, mais peut être est-ce parce que sept années se sont écoulées depuis la parution de cet ouvrage, le « désamour » des citoyens pour la démocratie perdure et cette lecture me laisse avec cette impression de déjà entendu.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
...nous vivons un processus de dissociation, c'est-à-dire une lente mais certaine destruction des milieux associés symboliques... Cette dissociation a commencé depuis que le modèle de la division industrielle du travail, issu du machinisme qui s'est déployé au XIXème siècle, a été mis en oeuvre dans le domaine langagier par les médias de masse, tels qu'ils reposent sur l'opposition de ceux qui sont devenus des producteurs et des consommateurs de symboles, et c'est ce qui est rendu possible par....l'apparition d'appareils technologiques qui permettent par exemple d'écouter de la musique sans avoir à en faire, tout aussi bien que d'écouter des discours politiques - formatés, hachés et passés à la moulinette des plateaux de télévision - sans avoir à les lire : sans les fréquenter dans de temps singulier de l'attention que constitue la lecture.
Bernard Stiegler
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Ce que l'on a appelé le divertissement - et qui est devenu le monde des industries culturelles, qui s'est dès lors confondu avec le mot de loisir, qui veut dire d'abord liberté, non pas comme divertissement ou distraction, mais bien au contraire comme "attention" -, ce divertissement "diluant l'attention" a complètement modifié le sens de ce que l'on appelle la culture, laquelle a toujours été bien plus qu'un processus de divertissement : elle a bien plutôt été le processus d'un "effort", individuel ou collectif, comme dans le cas de la culture physique. Il n'y a pas de culture physique sans effort. Il n'y a pas non plus de culture morale, spirituelle et politique sans effort. La culture est l'expérience d'un effort qui donne de la joie, c'est ce qui fait de l'effort une joie et de la joie ce qui nécessite un effort, et qui se présente dans l'"évidence" de cette nécessité.
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C'est à créer les conditions d'une soumission au travail forcé, à un travail absurde ou vécu comme tel, c'est-à-dire à un travail ne donnant aucune culture, que s'est en effet consacrée l'organisation scientifique du travail par Taylor. Une telle organisation a conduit à la pure t simple destruction du travail et à son remplacement par l'emploi comme simple facteur économique.
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Les mots que chacun utilise pour dire son opinion sont rarement les siens. Ils sont tributaires de sources d'information qui sont, pour une majorité de citoyens-téléspectateurs, des informations télévisuelles. Même les mots que nous mettons le plus souvent sur nos inquiétudes, nos souffrances, notre perplexité sont redevables de leur mise en scène et de sa répétition.
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...celui qui écoute doit pouvoir parler pour pouvoir entendre.
Bernard Stiegler
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>Sciences sociales>Science politique>Droits civils et politiques (83)
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