Cher Père-Noël,
Après avoir appris plein de choses sur tes origines, sur celles des cadeaux, des gâteaux, du sapin, de la crèche, des cartes de vœux, des illuminations, des chants mais aussi des lettres que l'on t'envoie, après avoir lu bon nombre de courriers que tu as reçus des gens connus (et d'autres moins) tels que Nietzsche, la Comtesse de Ségur, Madame de Sévigné, Émile Zola, J.F Kennedy, Anne Franck, Alexandra et Amandine, je me suis dit: "et pourquoi, je ne lui écrirais pas cette année?".
Ce n'est pas la première fois que tu recevras une lettre de ma part. Je t'ai écrit il y a des années de cela. D'ailleurs, je profite de l'occasion, aujourd'hui, pour te remercier de tes réponses. Trop émue que j'étais à l'époque de recevoir un courrier de ta part. Mais aussi trop malade que j'étais l'année où tu m'avais envoyé des chocolats et des bonbons. D'ailleurs, j'espère que depuis ce temps, tu auras changé de fournisseurs de chocolats! Bref, passons sur ce Noël cloué au lit... Je ne t'en veux pas, tu m'as tellement gâtée depuis. (Sauf peut-être l'année dernière où tu as dû confondre ma taille avec celle de ma nièce).
Bref, Noël approchant à grands pas, dans tout pile 1 mois, je suppose que tu dois être très occupé, que ce soit à emballer les cadeaux ou à satisfaire toutes les demandes des chères têtes blondes qui ne manquent jamais d'imagination (les centaines de pages des catalogues de Noël aidant). Aussi, si tu ne prends pas la peine de me répondre, ne t'inquiète pas, je ne vais pas me froisser. Juste deux, trois détails avant que je te laisse. Sache que je ne suis pas difficile en terme de cadeau (ni en quoi que ce soit, d'ailleurs) mais n'oublie pas que j'ai seulement deux oreilles, que le parfum est devenu un cadeau un peu banal, qu'il ne faut pas que tu te fies à ces publicités (mensongères) concernant les appareils ménagers supposés destinés seulement aux femmes, que j'ai encore pris quelques kilos cette année, que j'ai le mal de mer... Par contre, j'aime les surprises, d'autant que je feins à merveille l'étonnement et le ravissement ! Il faut dire que, depuis toute petite, et sans forcer, j'ai toujours trouvé où tu cachais de cadeaux. On ne peut pas dire que tu fais beaucoup d'effort sur ce coup-là!
Voilà, cher Père Noël, je suis contente d'avoir repris contact avec toi. Grâce à ce livre, j'ai pu me rendre compte qu'il n'y avait pas d'âge pour t'écrire. Je te souhaite beaucoup de courage ainsi qu'à tes chers lutins pour venir à bout de ces longues listes de cadeaux.
PS: un grand merci à Babelio et aux éditions Le Robert...
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Histoire de Noël à travers les siècles par le biais d'une trentaine de lettres de célébrités et d'inconnus.
Avant chaque lettre, Nadine Cretin rappelle quelques éléments biographiques sur son auteur, le contexte d'écriture, les coutumes de Noël en vigueur dans son milieu.
Ce sont ces parties et l'introduction générale de l'ouvrage qui m'ont le plus intéressée.
L'auteur, historienne spécialisée en anthropologie religieuse, répond à toutes les questions qu'on peut se poser sur Noël, ceci de manière claire et agréable grâce à la variété des supports (photos, dessins, lettres, courtes parties théoriques, lexique).
Tout, on apprend tout sur les origines de cette fête, qui célébrait initialement la fin de l'hiver (ou plus exactement l'allongement des journées), plusieurs siècles avant les débuts du christianisme.
L'auteur évoque les origines du sapin, de la crèche, de l'échange de cadeaux (d'abord alimentaires), les coutumes festives selon les époques et les régions, le business développé avec l'apparition des grands magasins en ville à la fin du XIXe siècle, l'illumination des rues depuis la seconde partie du XXe siècle...
Et bien sûr, vous saurez tout sur le VIP de la fête : non pas Jésus, mais le Père-Noël, sa naissance et son évolution, son "ancêtre" l'évêque Saint-Nicolas.
Même si les lettres m'ont globalement moins intéressée, certaines m'ont émue (trêve au milieu des tranchées, générosité d'Anne Frank). Celle d'Emile Zola à sa femme et leurs enfants m'a surprise, je ne m'attendais pas à de telles préoccupations "petites bourgeoises" et consuméristes de la part de cet auteur "social", soucieux de gâter les siens restés à Paris tandis qu'il est exilé à Londres (affaire Dreyfus).
Un petit ouvrage instructif, agréable à lire et joliment présenté.
A découvrir - qu'on crache sur Noël en déplorant que cette fête génère un tel gaspillage, qu'on trouve mièvres les ruses et mensonges déployés pour entretenir la légende du Père-Noël, qu'on redoute les grands rassemblements familiaux, ou qu'on adore cette période de l'année qui nous renvoie à notre enfance et à celle de nos petits devenus grands... ou qu'on ressente un curieux mélange de tout ça...
• Merci aux éditions Le Robert et à Babelio.
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De nombreux autres petits gâteaux [de Noël] découpés à l'emporte-pièce ont des formes porte-bonheur comportant des pointes : coeurs, étoiles, losanges, croissants de lune, sabots pointus, simples triangles... Le nom des biscuits de Noël est d'ailleurs souvent dérivé du latin 'cuneolus', petite pointe : 'cognots' (Champagne), 'quinieu' (Franche-Comté) par exemples. Les pointes et coins étaient utilisés contre les sorcelleries. Fréquent dans la décoration, le houx (végétal) est également un symbole prometteur puisque ses feuilles sont garnies de pointes. On disait que les jeunes filles Outre-Manche en disposaient autour de leur lit pour se protéger la nuit des gobelins, petites créatures maléfiques.
(p. 109)
Il me semble qu'au fur et à mesure que l'on vieillit, la distance, à la fois dans l'espace et dans le temps, perd de son importance; j'ai véritablement l'impression que tout ce qui est révolu depuis longtemps déjà et tout ce qui arrive en ce moment loin d'ici est tout aussi "présent" que ce qui peut se trouver tout près de moi en ce moment.
« Je résume la conversation que j’ai dû répéter peut-être deux cents fois depuis à tous les curieux. C’était le jour de Noël, jour de fête, et ils demandaient qu’on ne tire aucun coup de fusil pendant le jour et la nuit, eux-mêmes affirmant qu’ils ne tireraient pas un seul coup. Ils étaient fatigués de faire la guerre, disaient-ils, étaient mariés comme moi (ils avaient vu ma bague), n’en voulaient pas aux Français mais aux Anglais. Ils me passèrent un paquet de cigares, une boîte de cigarettes bouts dorés, je leur glissai « Le Petit Parisien » en échange d’un journal allemand et je rentrai dans la tranchée française où je fus vite dévalisé de mon tabac poche. » Extrait d’une lettre d’un poilu à sa femme (1914)
"En ce moment je lis un livre de Renan intitulé Cahiers de jeunesse (1906): mon dieu que c'est beau.Comme le tintement de clochettes en argent; et quand sa vieille paysanne de mère écrit, c'est la même chose, si bien qu'à mon avis la langue française a cette qualité de se prêter à la prose, alors que l'anglais fait des boucles et des noeuds et se rompt en courts spasmes de rage. Enfin je lis ton Keats, avec le même plaisir qu'on prend à manipuler de grosses pierres lumineuses. Je me lève et je hurle d'extase, mes yeux s'emplissent d'un plaisir tel qu'il me faut poser le livre et regarder par la fenêtre."
Virginia Woolf à Violet Dickinson, 25 décembre 1906
« Ç’a été une journée de Noël plutôt absurde – imagine – j’ai été réveillée par la lumière du soleil dansant sur mon nez, j’ai juré, je me suis levée et j’ai vu le carreau entièrement bleu, puis le champ entièrement blanc, et des petits oiseaux et des cottages modestes, et de la fumée bleue, et des arbres paisibles : si j’avais été chrétienne, j’aurais rendu grâces pour cet heureux matin. Mais j’ai simplement toqué chez Adrian et nous sommes descendus chercher nos lettres et nous paquets. Puis, entre deux bouchées de dinde, nous avons marché dans les bois, qui avaient l’air d’être peints, tout en teintes nettes et vives, en tracés délicats, en espaces blancs immaculés. » Extrait d’une lettre de Virginia Woolf à Violet Dickinson, une amie (1906)
Les chants de Noël - Entrée libre - interview de Florent Marchet, artiste, compositeur, interprète et Nadine Crétin, historienne