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EAN : 9782070414888
265 pages
Gallimard (18/10/2000)
3.93/5   137 notes
Résumé :
Joe Lon est un sale type qui a grandi aux côtés d'une sœur folle et d'un père brutalisant ses chiens. La mère a disparu. Les potes se défoncent, attendent le soir et cherchent dans les excès un espoir d'ailleurs qui ne vient pas.

Joe Lon est leur meneur égaré qui, un jour, pour écrabouiller l'ennui, noya dans le fleuve un voyageur perdu. Il habite désormais le camping avec ses deux gosses et tabasse sa femme. Joe Lon attend comme une bombe, caresse s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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Mystic. Un bled perdu en Georgie, USA. On y organise tous les ans un grand concours de chasse aux serpents. Grande affluence des alentours. Et c'est la fete. La Fanfare des Crotales de Mystic joue. On elit la Miss Crotale Mystic. Et c'est la foire. On se promene avec des serpents autor du cou. On vend des mosaiques d'ecailles de crotale, des bibelots crotales, des godes crotales, des preservatifs crotales. On mange du serpent. Grille. En sauce. La sauce piquante de Louisiane. On boit. Bieres. Whisky en sacs papier pour les blancs. Pour les noirs de la gnole locale.

Mais Mystic c'est aussi des fermiers souls. Des soulards qui n'ont pas de ferme. Une equipe de football (americain): Les Crotales Fatals du Vieux Bahut de Mystic. Un ancien joueur-star de l'equipe qui n'a que son passe devant lui. Des majorettes vicieuses. Un sheriff avec une jambe en bois qui utilise sa prison comme bordel prive. Un vieux qui entraine des chiens pour des combats a mort. Une fille qui passe sa vie devant la tele et se badigeonne les cheveux de merde. Un avocat de passage qui ne peut jouir qu'en pensant a Auschwitz. Des noirs qui rasent les murs et repondent oui a tout sauf une, toute jeune, qui coupe la bite de son violeur. Et des serpents. Partout. Des serpents a sonnettes. Des crotales. Dans leurs cachettes. Dans des cages chez l'habitant.


Crews decrit longuement les principaux personnages, leurs journees, leurs habitudes, leurs faits et leurs mefaits; pour nombreux d'entre eux leur violence exacerbee, violence pour cacher le mal-etre, une desillusion oppressante, la folie qui guette. Un defile de personnages bizarres, degeneres, la pire caricature du bouseux sudiste, engages en une sorte de nihilisme hedoniste-violent, obscene et desespere. Les cavaliers ivres d'une apocalypse redneck.

On comprend tout de suite que ca ne peut que mal finir. On ne voit pas comment, on n'augure pas les details, mais on sent le drame qui se declenche. le pouls du livre s'accelere peu a peu, non sans nous avoir rappele le passe d'un petit meurtre gratuit pour chasser l'ennui, et a force de coups gratuits, de boisson, de bagarres pour le plaisir, de whisky, de baise vache, de litres de biere, d'agressions, de viols, de blessures, de combats de chiens, de deguelis, de racisme ostentatoire, de gnole pourrie, d'affolement serpentin, il devient frenetique, enfievre, et met a mal le lecteur, qui doit de temps en temps interrompre sa lecture pour calmer son pouls a lui, pour ne pas vomir. Ca a ete mon cas.


Ce livre n'est pas a vrai dire un polar. C'est un livre noir de noir, noir d'ebene, noir de negre. du gothique noir. Un livre cruel, douloureux, transgressif et provocateur. A force de violence, de folie destructive, on attend la catharsis. Et elle sera atroce. Une apotheose. Une explosion de delivrance par la haine. Tres realiste en fait, l'Amerique nous ayant presque habitues a ce genre de deflagration. L'ultime vaccin contre la rage.


J'essaie d'apaiser les battements de mon coeur. Je me calme. Apres tout, ce livre est peut-etre un livre moral, et Crews un precheur combatif, aux diatribes feroces, effarant et malmenant son auditoire pour mieux le convaincre.
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Ce livre est comme une morsure de serpent : brutale et venimeuse.

Nous sommes en Géorgie et dans l'esprit du roman de James Dickey "Délivrance", (celui ou quatre copains partant camper vont se faire traquer, violer et tuer par de charmants autochtones) or James Dickey, Géorgien lui-même, affirmait que son livre reflétait fidèlement la réalité....
Les habitants de la charmante bourgade de Mystic sont pour la plupart des abrutis violents, alcooliques, incultes et complètement arriérés.
La cruauté envers les humains ou les animaux, la bêtise crasse, le viol, le racisme ordinaire du Sud... Tout y est.
La folie y a déjà pris ces quartiers, elle triomphera lors de cette foire aux serpents.
Du noir, du très noir, mais du très bon.

Harry Crews a été élevé à la dure et s'est engagé à dix-sept ans dans les marines. Il fera de la prison, sera tabassé par un Indien unijambiste et croisera des destins hors du commun. Totalement atypique, souvent féroce avec les gens normaux et tendre avec les monstres, il s'est imposé comme l'un des plus grands écrivains américains de romans noirs.

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Le roman est lisible, louchant du côté de chez Faulkners auquel il fait allusion, mais à mon sens il manque le souffle, l'épaisseur.
Une histoire chez les rednecks, une de plus devrais-je écrire, avec des pièces classiques du décorum, personnage cloîtré, alcool, femme battue, combats de chiens, amitié virile, racisme et sexisme ordinaires , football américain... Mais ce ne sont plus les années 1930, il en faut d'avantage pour faire un roman réellement accrocheur sur ce sujet à l'instar des grands auteurs de cette époque, même si la période de parution de roman était encore très rétrograde dans ces régions américaines.
En fait le roman, même s'il se lit avec plaisir, ne surprend pas. Seul élément original, cette foire aux serpents, réunissant nombre d'adeptes et de barrés, au cours de laquelle les tensions vont se cristalliser jusqu'aux drames tous en relation avec le sombre héros du récit, Lon Joe. Sale héros d'ailleurs, mauvais mari et père entre autres, mais tout de même ambivalent dans ses actions et sentiments, autour de qui tourne entièrement le roman, les autres personnages n'étant que des faire-valoir dont la personnalité n'est estimée qu'à l'aune de son rapport à Lon Joe, qui lui ne manifeste d'intérêt que que pour sa soeur et le chien de combat de son père.
Cette facette du roman, ortho-centrée sur un bourrin tourmenté et complexe, est de fait la plus intéressante.
Il reste un bon roman de train facile et rapide à lire auquel il manque juste un petit quelque chose pour être incontournable.
Je lirai d'autres oeuvres de Harry Crews (dont j'ai l'impression que " l'étranger" de Camus transpire au travers de ce roman), rien que son histoire personnelle est un roman...
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1975, Mystic, Géorgie. Joe Lon Mackey se morfond, il bouillonne comme une bombe prête à exploser. Il a le sentiment que sa vie est devenue un film pas très intéressant , qu'il est condamné à voir et à revoir à l'infini. En effet, Joe Lon mène une vie plutôt pathétique, vivant dans une caravane avec sa femme Elfie, qu'il aime bien mais qu'il ne peut s'empêcher de tabasser, et ses deux marmots. Lui l'ancienne star, le running back des Crotales de Mystic, qui détient bon nombre de records de son ancien lycée, tient désormais l'ancien troquet de son père, Big Joe, où il vend de l'alcool de contrebande à des nègres et passe le temps en s'occupant de ses serpents dans l'arrière-boutique. Côté famille, ce n'est guère mieux : une mère partie avec un représentant, une soeur cinglé qui se tartine la tête de merde et son colosse de père qui brutalise ses chiens afin de tirer le maximum de ses pitbulls pour les combats qu'il organise.

Alors Joe Lon picole, traîne avec ses potes tout aussi alcoolos et violents que lui, en se remémorant le bon vieux temps. Car notre héros n'a pas toujours été ainsi, à l'époque du lycée, il y a eu un rayon de soleil dans sa vie (outre le football américain) : Berenice. Une fille assez déluré, qui le laissait conduire sa Corvette et qui était sa petite amie. Mais comme beaucoup d'autres, elle est partie à l'université alors que Joe Lon est resté à Mystic.
Pourtant pas le temps de rêvasser, il a du boulot et prépare comme chaque année la foire aux serpents. Des centaines de caravanes et des milliers de dingos de reptiles débarquent dans le coin pour participer aux festivités. Cette année la foire est différente car Berenice sera là, après cinq ans d'absence. Sera t-elle l'étincelle qui mettra le feu aux poudres ?

C'est avec beaucoup de plaisir que je découvre Harry Crews, un style direct et percutant, sans fioritures. Ce roman féroce, écrit en 1976, n'a pas pris une ride et se lit tambour battant jusqu'à l'apothéose finale. Décidément la Géorgie est une digne représentante de la littérature "redneck" avec Erskine Caldwell, James Dickey et Harry Crews !
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Mystic, Georgie, fait partie de ces petites agglomérations américaines qui semblent évoluer en marge de la civilisation. Certes, il y a un collège, des tournois de football et un staff de majorettes. Que la majorette en chef soit une dévergondée de première à la botte du capitaine de l'équipe de foot n'a rien de bien surprenant. Il y a quelques années, il s'agissait de Berenice et Joe Lon ; aujourd'hui, la tradition se perpétue avec Candy et Willard. Mais s'il est une tradition qui semble prendre toujours plus d'ampleur à Mystic d'une année sur l'autre, c'est la foire aux serpents. Cette année, ce sont des milliers de frappés du reptile qui sont attendus à Mystic ; des centaines de caravanes vont venir se stocker sur le terrain vague habité par Joe Lon, en caravane lui aussi avec femme et enfants.

A la suite de son père Joe Lon senior, Joe Lon exploite le troquet du coin. Joe Lon senior se concentre à présent sur son écurie de pit-bulls et l'organisation de combats. Dans sa grande baraque il y a encore sa fille Beeder, la soeur de Joe Lon junior devenue folle après le décès de sa mère dans des conditions épouvantables. La foire aux serpents se prépare et Joe Lon a plein de boulot.

Encore un roman terrible de l'enfant terrible de la littérature américaine moderne. Bien que daté de 1976, ce texte éprouvant n'a pas pris une ride. Cette foire aux serpents est l'occasion pour Crews de dresser le portrait d'un jeune homme handicapé de l'affect : encore un être de contraste extrême, d'un parfait aspect physique mais d'un psychisme ravagé par les terribles événements déclenchés par son taré de paternel. "Il ne savait pas ce qu'était l'amour. Il ne savait pas à quoi ça servait. Mais il savait qu'il se le coltinait partout où il allait, c'était une scabreuse tache de pourriture, de contagion, qu'on ne pouvait pas guérir. Que la rage ne guérissait pas. Que l'indulgence ne faisait qu'empirer, attiser, développer comme un cancer. Et ça avait fichu sa vie en l'air." Joe Lon aurait pu être un parfait psychopathe totalement privé d'empathie, mais non, il y a en lui ce germe d'humanité qui ne peut pas se développer et qui, paradoxalement, empoisonne sa vie de tourments insolubles. Son traumatisme est une montagne insurmontable, son humanité ne s'exprime que sous la forme d'une haine viscérale dont il a lui-même une peur bleue, mais qui finira quand même par prendre le dessus.

Encore un chef d'oeuvre magistral et bouleversant malgré sa relative brièveté, à lire juste après la malédiction du gitan. Traduction très correcte de Nicolas Richard (malgré quelques rares erreurs et approximations qu'une bonne relecture de l'éditeur aurait pu éradiquer...).
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
- À la fac, Shep fait partie de l'équipe débats-discussions, expliqua Berenice Sweet.
- Oh, fit Joe Lon.
C'était bien la première fois qu'on lui présentait quelqu'un d'une équipe d'ébats, et il ne savait trop quoi dire, vu qu'il ne savait pas exactement de quoi il s'agissait. Sûrement un jeu de pédé à la con importé de l'étranger, genre balle au pied avec ballon rond. Ce qu'il en disait, lui, Joe Lon, c'est qu'il n'y avait que des suceurs de pine pour taper dans un ballon rond.
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Le whisky avait rendu Joe Lon amer. Enfin, il supposait que sa mauvaise humeur était due au whisky. Il rota et fixa Willard. "Bon, et pis d'abord comment on y joue à ce truc de débat ?"
Willard cessa immédiatement de rire, il prit d'abord une mine sérieuse puis dit sur un ton mauvais : "Tu serais malade si tu voyais ça, Joe Lon. Ils jouent ça avec une petite bague en caoutchouc.
- Une bague en caoutchouc ? répéta Joe Lon, sentant immédiatement la charge de bile outragée que lui pompait son coeur.
- C'est avec ça qu'on y joue. Ces deux types ont des petits chaussons blancs et ..."
La voix de Joe Lon monta d'un cran, incrédule.
" Chaussons blancs !
- Des petites saloperies pointues. Ils s'envoient les petits anneaux de caoutchouc, et le but du jeu c'est de l'attraper avec la bouche.
- Dans la bouche ? brailla Joe Lon en quittant brusquement la table. Dans la bouche !
- En plein dans les dents", confirma Willard.
Joe Lon leva la main, les doigts épais bien écartés, et la contempla un moment. " Bérénice a fait venir ce connard jusqu'à Mystic pour qu'y me serre la main.
- On dirait bien, fit Willard.
- Cette nana est tarée.
- Si je me souviens bien, elle était déjà tarée en partant."
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Dans ce monde, il y avait pénurie d'un paquet de trucs, mais les connards pleins aux as, on n'était pas prêt d'en manquer.
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"Son boulot, c'était de faire le nègre. C'est comme ça qu'il voyait les choses. Je suis le nègre. Ça, c'est l'homme blanc. Ça c'est une route. Ça c'est Mystic. C'était comme ça et pas autrement, tant qu'il était près d'un Blanc. Dès l'instant où il n'était pas dans l'entourage d'un Blanc, il cessait d'être un nègre et pensait à plein de trucs, auxquels il ne pensait pas d'ordinaire. Un de ces trucs était de tuer M. Joe Lon. Évidemment, dès qu'il était à côté de lui, il ne pouvait pas le tuer, il ne pouvait même pas y penser. Mais lorsqu'il était seul, ou en compagnie d'autres Noirs, non seulement il y pensait souvent, mais il lui arrivait souvent de le tuer pour de vrai."
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Père disait : fais un vœux d'une main, chie dans l'autre et regarde laquelle se remplit la plus vite.
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Videos de Harry Crews (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Harry Crews
Le grand James Ellroy poursuit son tableau wagnérien de Los Angeles dans la tourmente de la seconde guerre mondiale. Et Harry Crews brosse un portrait saisissant des péquenots du sud dans les années 70. En contrepoint, un regard subtil sur l'Inde occupée par les Anglais au lendemain de la grande guerre par Abir Mukherjee, jeune auteur à suivre.
"La tempête qui vient" de James Ellroy (Rivages/Noir) "Péquenots" de Harry Crews (Finitude) "L'attaque du Calcutta-Darjeeling" de Abir Mukherjee (Liana Lévi)
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