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Critique de MarianneL


L'alliance d'anciens parrains et mercenaires pour une vengeance désespérée contre la globalisation du mal.

«Beaucoup s'imaginent que sur la terre règne une lutte éternelle entre le bien et le mal.
Mais peu savent que le monde est ravagé par des affrontements sans fin entre le mal et le mal.
Et que seuls les vainqueurs satisferont leurs désirs aux dépens des vaincus.»

Purgeant leurs peines dans la prison de Fleury-Mérogis, le druze Hakim al-Eddin et Mister B., un ancien capitaine des Marines américain, tous les deux condamnés pour trafic de drogue, Pierre Bondel, descendant des bergers de l’Aspromonte comme l’auteur, et petit-fils d’un parrain de Calabre, Andreï, un orphelin russe devenu tueur mercenaire, et Luc Daluerre, un ingénieur et entrepreneur de génie ruiné par une multinationale, s’allient avec l’indépendantiste basque Kismi Urruela pour se venger de la pieuvre américaine qui les a fait tomber, incarnation d’un mal puissant dont les tentacules s’étendent sur tous les continents.

«Représentants de petits mondes qui s’étaient rencontrés par hasard et attirés par nécessité. Des mondes en voie d’extinction. Destinés à succomber, balayés par un système de pouvoir qui, pour s’affirmer, a besoin d’effacer les cultures des peuples.»

Leur évasion spectaculaire de Fleury-Mérogis, avec le soutien des vieux parrains calabrais qui voient leur ancien monde atteindre son crépuscule, est le point de départ d’une lutte désespérée, la vengeance de David contre Goliath autour des rives de la Méditerranée, de la Calabre à la Crète, d’Espagne en France, et traversant l’océan jusqu'à la côte est des Etats-Unis, une vengeance marquée par l’empreinte terrible de la guerre du Vietnam, symbole de l’entrée dans cette nouvelle époque.

«Sur cette terre, ils avaient régné et exercé longtemps leur petit pouvoir. De manière impitoyable et sans épargner la douleur. Ils ne se sentaient pas des anges du bien, ils savaient même qu’ils étaient, irrémédiablement, des âmes noires. Leur seule consolation dans la vie était la conscience d’avoir en tout cas défendu leurs propres familles et leurs amis les plus proches du mal qui planait sur le monde. À présent, même ce fragile alibi était sur le point de s’écrouler.»

Ce deuxième roman de l’écrivain calabrais Gioacchino Criaco paru en 2011, traduit en français par Serge Quadruppani pour les éditions Métailié en 2013, et maintenant disponible en numérique aux éditions e-fractions, ne se lâche pas, en tension de la première à la dernière ligne, autour de ces personnages soudés par une haine partagée, avec quelques rares instants d’apaisement sous le soleil caniculaire de la Crète ou de la belle Calabre.

«Le monde, selon Andreï, se divisait entre victimes et bourreaux, et sur la terre se jouait une éternelle corrida. Mais quelquefois il arrive que le taureau, au lieu de foncer sur le chiffon rouge, se soustraie à son destin, plongeant sa corne dans la poitrine du toréador.»

Retrouvez cette note de lecture, et toutes celles de Charybde 2 et 7 sur leur blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2015/06/13/note-de-lecture-american-taste-gioacchino-criaco/
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