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EAN : 9782917559857
Editions Baker Street (09/12/2022)
4.5/5   3 notes
Résumé :
A l'occasion du centenaire de la mort de Proust, un volume de pastiches par de grands auteurs, grands proustiens et quelques grands chefs…
Pour commemorer le centenaire de la disparition de Proust en novembre 22, un livre de pastiches sur le thème de la fameuse madeleine de Proust, qui contiendra des pastiches par des écrivains connus et populaires, français et étrangers, d'autres textes par de grands proustiens, ainsi que quelques recettes de chefs et de pat... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce recueil contient de courtes Variations autour du texte de -La Madeleine de Proust- extrait du premier tome de -La Recherche- intitulé -Du côté de chez Swann- récit, qui a tant fait écrire et réécrire.
Un collectif d'auteurs plus ou moins connus, Irène Frain, Musso, Mark Crick (aussi l'illustrateur du recueil), Jean-Marc Proust, Céline Malraux, et d'autres se sont lancé le défi de pasticher (écrire à la manière de…) l'épisode de la Madeleine soit en restant fidèle au texte d'origine soit en prenant le contre-pied en parodiant le fameux extrait dont voici quelques phrases ci-dessous :
« Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d'un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j'avais laissé s'amollir un morceau de madeleine. Mais à l'instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d'extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m'avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m'avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu'opère l'amour, en me remplissant d'une essence précieuse : ou plutôt cette essence n'était pas en moi, elle était moi. J'avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D'où avait pu me venir cette puissante joie ? Je sentais qu'elle était liée au goût du thé et du gâteau, mais qu'elle le dépassait infiniment, ne devait pas être de même nature. D'où venait-elle ? Que signifiait-elle ? »
Au début du recueil, certains auteurs se sont vraisemblablement plus attelés à prendre le contrepied de l'écriture proustienne du texte de la Madeleine en écrivant un texte expéditif et parodique voire satirique (Musso par exemple), une sorte de cocktail explosif.
D'autres permettent au personnage narrateur de la Recherche de se réincarner à travers leurs textes parfois ainsi -La Madeleine- se dilue et se confond avec le texte de la Recherche.
On y rencontre alors le personnage du Marcel de la Recherche embarqué dans certaines situations cocasses, sorties tout droit de l'imagination des auteurs du recueil présent.
On retrouve les différentes facettes du personnage de la recherche ainsi que les thèmes abordés librement adaptés et pastichés et y ajoutant une touche d'actualité, du présent des auteurs et du nôtre.
Dans ces extraits, le narrateur est vu avec beaucoup d'humour, de poésie, d'inventivité. Les textes sont tantôt explosifs, brefs, créatifs. D'autres prennent des formes plus poétiques, un texte est écrit à la manière de Guillaume Apollinaire, par exemple, où la Madeleine devient objet du poème.
Ainsi les auteurs reprennent à leur compte le « je » proustien en s'identifiant totalement au narrateur. Alors, pour un temps et avec amour, admiration, confiance. Ils deviennent Marcel pour notre plus grand régal, des réminiscences de lecture de la Recherche (pour qui l'apprécie), fort agréables, resurgissent en nous.
Alors, sous nos yeux de lecteurs émerveillés, attendris, souriants, émus, moqueurs, Marcel devient parfois timide, amoureux, se souvenant, évidemment, d'un passé révolu, tendre et regretté, un amateur d'art initié. Un narrateur voyageur aussi, gourmet et gourmand, contemplatif, rêveur, méditatif. On se souvient bien de ces traits de caractère qui parcourent L'oeuvre, le recueil lui-même, devient un peu notre Madeleine.
On citera, le superbe texte de Mark Crick, par exemple, traduit par Malraux, qui pastiche à merveille l'épisode de la Madeleine évoquant un amour défunt à l'occasion de la dégustation d'un tiramisu. C'est la madeleine qui se dessine devant nous avec tous ses délicieux parfums ouvrant la voie au « lent dérèglement de tous les sens. », du temps et de la mémoire. C'est un parfait délice, mélange du 20e et 21e siècle.
Le thème de l'hypersensibilité proustienne est souvent mis en avant aussi, les auteurs fouillent alors jusqu'au plus profond des sensations, des pensées et des souvenirs. Certains pastichent avec talent la profondeur et la finesse exceptionnelles de l'écriture proustienne. Un de mes souvenirs de lecture des plus agréables et qui m'a fait apprécier l'écrivain au plus haut point.
Les auteurs du recueil, nous emmènent ainsi, de page en page, sur les rivages de la distorsion du temps et de la mémoire induits par la fameuse madeleine pour notre plus grand bonheur.Les textes sont ponctués par illustrations de Mark Crick qui nous permettent de poser notre regard, c'est ainsi un bâtiment parisien transformé en madeleine géante, des croquis de Proust, des madeleines dans tous leurs états.
Enfin, en fin de texte, Bernard Loiseau et ses chefs cuisiniers, nous servent Les délices des dieux sur un plateau. Ce sont des recettes de cuisine ou entremets ; tels que le délicieux Tiramisu façon Loiseau ou les asperges à la vinaigrette de truffes et d'autres recettes plus rares qui nous mettent l'eau à la bouche.
Tous ces clins d'oeil en font du recueil un livre sympathique qui ravira autant les amateurs de Proust que ceux qui veulent découvrir l'auteur sous un angle différent que celui de la recherche.
Je remercie à nouveau l'équipe de Babelio ainsi que les éditions Baker Street qui m'ont permis de découvrir cet ouvrage pastichant l'un de mes romanciers préférés du 20ème siècle.
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Ils ont dû bien s'amuser ces auteurs invités à « pasticher » Marcel Proust.
L'année 2022, année proustienne, anniversaire de la mort de Marcel Proust, commémoré par de nombreuses parutions, offre ici aux lecteurs un regard différent sur cet auteur emblématique.

Chaque texte de ce livre pénètre l'univers du grand écrivain selon la sensibilité, l'humour, la lucidité de chaque auteur.

Et cela devient jeu pour le lecteur invité à décrypter, à comprendre le mécanisme de chaque écriture.
L'un nous emmène dans le monde durassien, l'autre joue à Hercule Poirot puis un autre observe la famille Fenouillard ou encore l'arrivée de Céleste. Albertine évoquée passe à travers les lignes, disparaîtra-t-elle?.

Quinze auteurs, quinze textes, quinze univers.
De la banalisée « madeleine » à l'observation précise d'une société en passant par les rencontres (non seulement les noms connus de la Recherche et autre mais aussi des contemporains dont Colette), les émotions et les sensations, l'observation humaine parfois grinçante, tout « joue » autour de cette oeuvre et de son magistral auteur.

L'écriture participe à ces essais, on y trouve notamment une phrase d'une longueur inhabituelle rappellant d'autres phrases célèbres (il suffit de lire « Le Proustographe » de Nicolas Ragonneau, on y découvre celle de tous les records).
Sont adjointes quelques notes biographiques sur les pasticheurs.

Les dessins de Marck Crick complétent admirablement les évocations.

Quelques recettes présentées par le groupe Bernard Loiseau mettent l'eau à la bouche et font revivre le bien-manger de l'époque.
Le chocolat mis à l'honneur par Irène Frain et une rencontre impressionnante avec l'auteur lui donne vie.
La surprise Mac Do au cours d'un dîner sélect amène le rire.

Un plaisir goûteux de lecture, de jeux stylistiques, de réinterprétations variées et riches, chacun y trouvera de quoi sustenter son esprit.

Un grand merci à Babelio et aux Éditions Baker Street pour ce plaisir de lecture.
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MERCI à Babelio pour la découverte de ce livre dans le cadre d'une masse critique.
Dès sa prise en main, j'ai apprécié ce bel objet littéraire : papier de qualité, impression aérée...et illustrations.
Pour moi qui ne connais que très peu l'oeuvre de Marcel Proust, ce recueil a agi comme un apéritif, au sens qu'il m'a ouvert l'appétit, et donné envie de découvrir l'original.
Les écritures des différents auteurs sont très diverses et ne sont pas que des pastiches, puisque certains textes font plutôt référence à des personnages qu'à des épisodes. Parmi ceux-ci, j'ai particulièrement aimé celui titré l'affaire Simonnet, où l'on assiste à l'interrogatoire de Proust sur la disparition d'Albertine : la précision des phrases proustiennes, voire leur préciosité, font merveille face à la familiarité de l'enquêteur. On sourit beaucoup!
Tout aussi réjouissant est la description d'un repas chez Mme de Guermantes, préparé par un cuisinier nommé Mc Donald. La dégustation de ces mets inédits propulse Marcel Proust dans le futur... effet contraire à celui de la madeleine!!!
Les pages consacrées à l'arrivée de Céleste Albaret, dont j'ai tant aimé écouté les souvenirs, montrent admirablement l'espace de coup de foudre entre ces deux personnes si dissemblables...
Enfin, si cet ouvrage invite délicieusement à lire ou relire Proust, il met également l'eau à la bouche, au sens propre, avec des recettes en lien avec les textes.
Je suis sûre que Proust qui, dit-on, aimait les pastiches aurait adoré picorer dans ce livre, réussi sur tous les plans!


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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Mais alors que je mordais dedans pour la première fois, je ressentis une exaltation de tous les sens et un ébranlement de la pensée qui me surprit au point que je cessais de mâcher pour les éprouver dans leur plénitude.
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...La malheureuse jeune fille paraissait anxieuse, mais il s'en fallut de peu, que de gratitude, je ne portasse ses blanches mains à mes lèvres ; c'était bien l'identique et douce saveur d'amande qui avait tiré toute cette beauté de son sommeil dans la sombre mémoire de la forêt évanouie, celle qui me rendait l'Amaretto di Saronno auquel j'avais goûté pour la première fois en la compagnie d'Ursula Patrignani à la lueur des réverbères, parmi les chrysanthèmes.
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Tasse de thé cuillère à moitié pleine
M'ont redonné
Faut-il qu'il m'en souvienne
Tout mon passé dans une Madeleine.
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Mark Crick : La Baignoire de Goethe
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