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EAN : 9782220048154
207 pages
Desclée de Brouwer (19/09/2000)
3.75/5   2 notes
Résumé :
Attrait pour la méditation, popularité de personnalités comme le Dalaï-Lama, création de nombreux monastères : incontestablement, le bouddhisme séduit l'Occident. Pour autant, le connaissons-nous vraiment ? Et surtout, que savons-nous du Bouddha, fondateur de ce vaste courant spirituel vieux de plus de 2 500 ans ?
Plus qu'une simple biographie ou qu'un exposé à caractère religieux, ce livre de Véronique Crombé appréhende la figure du Bouddha dans le contexte... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Voici une biographie sobre, épurée des scories des légendes et du “merveilleux” , rendant un “Bouddha Çâkyamuni ” à l'authenticité dans son époque, ainsi que le décrit Stephen Batchelor de nos jours (« Le Bouddhisme libéré des croyances », « Itinéraire d'un bouddhiste athée »), ceci dans le ton des documentaires de Gérard Mordillat dans « Corpus Christi » ou « L'Origine du christianisme », ou encore « Jésus et l'Islam ».
Nous sommes ainsi ici dans le domaine de l'essentiel, du “crédible” ! Avec une fin d'existence, qui, vouée à la “libération lumineuse” d'une condition humaine prise dans les jeux de l'égocentrisme et de ses frustrations, ne s'en termine pas moins dans un environnement de “sombritute” quelque peu lugubre et parfois sinistre !
Là aussi, tout comme pour Jésus le Nazaréen ou encore Mahomet des Bani Hachem en leurs temps et sous d'autres latitudes, ou encore la Lignée de Marpa et Milarépa au Tibet, Véronique Crombé met fort bien en perspective la “transmission orale” du vivant de Çâkyamuni Gautama et la transition délicate de ce qu'il en a été reproduit ultérieurement par écrit.
Le “Lalitavistara” par exemple, cité fréquemment jusqu'à la moitié de l'ouvrage, mis en forme assez tardivement, source quasi exclusive du lamaïsme tibétain*, est resitué dans son contexte de période correspondant aux mentalités d'une époque et d'une population géopolitique donnée. La perspective qui en est livrée par V. Crombé est précieuse pour pouvoir aborder en toute compréhension le fil conducteur du « canon tibétain »**. Elle précise p. 21 : « Chaque école possède son Canon, mais seul le Canon pâli nous est parvenu dans sa totalité. »
— Ce livre aborde également le “carriérisme” religieux, un fléau un chancre pour la spiritualité de l'Humain, et plus particulièrement monacal, (dénommé souvent comme “Dharma mondain”) impliqué avec les pouvoirs politiques et économiques de “leur temps” ; voir p. 114-115 l'attitude décisive de Gautama et du “don” (dana) et les malentendus et risques auxquels cela pouvait et donne encore lieu !

— V. Crombé y traite également de l'adhésion de l'être à l'enseignement, et de l'appartenance formelle à une doctrine, de la différence dans l'imbrication éventuelle des deux … « l'on ne saurait trop insister sur ce caractère profondément humaniste du bouddhisme » (p. 178) «Samâtha peut être pratiqué avec profit par quiconque, sans considération d'appartenance religieuse » (p. 177) « Il est parfaitement possible d'être un excellent bouddhiste sans l'accomplissement d'aucune formalité particulière. » (p. 181)
Nous retrouvons là les positionnements de Thich Nhat Hanh (« Bouddha et Jésus sont des Frères ») et du chrétien laïc authentique Marcel Légaut (« L'homme à la recherche de son humanité ») qui se placent hors du contexte de “gestation politico-culturel” du règne du roi Açoka de la dynastie Maurya (Bouddha, p. 187) pour le premier où de l'empereur romain Constantin Ier pour le second. ***
Est soulignée ainsi la différence qui peut exister entre le fait de “naître bouddhiste” ou de “naître chrétien” (ou de se “convertir” !) et de le “vivre” en son être : la « praxis » (… manière d'agir, manière de vivre, manière d'être ; c'est-à-dire création continue, exercice quotidien, recherche permanente de l'attitude et du geste justes. «Fleurs, fêtes et saisons », Jean-Marie PELT, p. 326) ce qui n'est pas exactement de l'ordre la “croyance”...

— Pour Gautama le “Budhha” la division de la communion fraternelle de la communauté spirituelle est cause “d'effroi” ; le schisme (une des cinq fautes cardinales du bouddhisme) est redouté, sans doute à juste titre, dans ses effets délétères engendrant l'affaiblissement de la validité de l'engagement dans l'héritage spirituel livré, donné.
« Le Bouddha n'étant plus parmi nous, c'est le Sangha qui constitue l'exemple vivant de l'enseignement du Bouddha car, selon la formulation donnée dans le texte de l'Hommage au Sangha : « la communauté des disciples du Bienheureux a une conduite droite, correcte, méthodique, bienséante » et constitue de ce fait “le plus grand champ de mérites pour le monde” ». (p. 180) car c'est en effet avant tout dans l'accomplissement de la « praxis » qui échoient les “bénéfices” à l'ordre de la Vie !

— Gautama et le « redevenir » : … né dans un contexte culturel donné, il choisi en renvoie à la question d'un “continuum de conscience” d'une “entité”, “un certain silence intérieur” en guise de réponse (p.173). de fait, là aussi, les notions grossières vont bon train avec leur cortège de calamités torves.
(voir à ces sujets : « karma vipaka » et « ahimsa » ****)

En conclusion :
« De quoi était faite la vie quotidienne du Bouddha et de ses moines ? Voyages lents, ponctués de multiples étapes, enseignements, rencontres de laïcs, conversions, voyage à nouveau, retraite imposée par la saison des pluies, une anecdote pittoresque, un “miracle” de temps à autre... Rien que de très classique, finalement, pour un chef religieux.
p. 132 »
---

* « Il m'apparut bientôt clairement que, dans le canon tibétain dont on m'avait assuré qu'il contenait absolument tous les discours que le Bouddha eût jamais prononcés, il manquait la majorité des textes préservés en pâlí, y compris le Satipatthana sutta, le discours sur les bases de la pleine conscience dont S. N. Goenka tirait son enseignement. »
p. 43
« Bien que j'aie passé des années à apprendre à lire le tibétain, cela ne m'a servi à rien puisque la majeure partie de ce qui est consigné dans le canon pâli n'a pas été traduit dans cette langue. »
p. 135
« ITINÉRAIRE D'UN BOUDDHISTE ATHÉE », Stephen BATCHELOR
éditions du Seuil, © février 2012
— le “Lalitavistara” ; « Vie et doctrine du Bouddha tibétain » - éd. Sand, Paris, 1996
ex. de citation : Une naissance “miraculeuse” 
« La grossesse de Mâyâdevî durera dix mois. Chiffre qui ne doit en rien surprendre, même si elle correspond à une durée idéale, la norme parfaite en la matière, telle que la concevaient les Indiens, car il s'agit de mois lunaires, plus courts. Dix mois pendant lesquels le miraculeux enfant est protégé de tout contact impur par un tabernacle cristallin, car, selon les termes peu flatteurs du Lalitavistara : « Comment, au sortir du paradis des Tuçita, le Bodhisattva, cette perle de tous les êtres, lui, pur, et à l'odeur suave, pourrait-il demeurer dix mois dans ce puant réceptacle humain qu'est le sein de sa mère ? » p. 41
(la femme du XXIe siècle de nos contrées appréciera !)

** (Le Kangyour et le Tengyour )

*** Thich Nhat Hanh dans « Bouddha et Jésus sont des Frères », (Éditions Pocket © février 2013) pages 19, 20, 21
« L'homme à la recherche de son humanité » “Et homo factus est” – (“l'homme tel qu'il est”), Marcel Légaut – éd. Aubier-Montaigne © 1971
(… sous le règne du roi Açoka de la dynastie Maurya. Monarque de grande envergure, Açoka offrit au bouddhisme son patronage, ouvertement professé dans le texte des édits gravés sur colonnes ou rochers, répartis sur le territoire qu'il contrôlait. C'est sous son règne, alors que les divisions entre sectes se poursuivent, que commence véritablement l'expansion géographique du bouddhisme p. 187)

**** En ce qui concerne le fameux « karma vipaka » (vipāka désigne, au niveau mental, la maturation de karma, le “résultat d'un acte volitionnel”) :

— … « il y a aussi la réalité élargie qui est cette continuité qu'est la vie, la vie jusqu'à la mort qui n'est qu'une autre sorte de vie jusqu'à la renaissance. Dans ce sens, les choses qui se produisent dans notre existence, au lieu d'être des attaques personnelles perpétrées contre nous deviennent un flot ininterrompu de phénomènes naturels. le karma n'est pas quelque chose d'humain, c'est l'une des forces qui vont et viennent dans le courant ininterrompu de l'évolution. Parfois, quelque chose arrive et nous pensons : c'est un mauvais karma, mais nous ne dirions pas cela du printemps, de l'automne ou de l'hiver. L'hiver peut être, certaines années, particulièrement rude et il ne nous viendrait pas à l'idée de personnaliser cela en disant que l'hiver est méchant d'arriver. Ce ne sont que les forces de la nature. le karma, c'est la même chose, alors que nous en faisons quelque chose de personnel. C'est de la physique et la physique traite des forces impersonnelles de l'énergie. » (p. 209)
Chacun d'entre nous a un chemin différent dans la vie, il y a différents déséquilibres karmiques qu'il faut rééquilibrer. Je ne recommande donc pas aux gens de se mettre dans des situations dangereuses simplement pour pouvoir s'y confronter : la vie nous donnera ce dont nous avons besoin. Nous devons la laisser se déployer comme elle se déploiera de toute manière dans notre cas et accepter ce qui est tel que c'est. Ce n'est pas la peine de chercher des occasions de nous tester, il suffit de faire avec ce que la vie nous donne, et la vie nous donne beaucoup de matière à traiter. (p. 225)
« OUI, est alors ? », Lee Lozowick, Éditions La Table Ronde © 2001
(Les souvenirs inconscients sont emmagasinés dans la circulation du sang. CG JUNG « Memories Dreams reflections ».)

Bhai Sahib et « ahimsa » (exclure l'idée de “nuisance” à la Vie - respecter la Vie offerte - attitude juste/équilibrée en vers la Vie) :
— « Qu'est-ce que ahimsa ? » a demandé le français Philibert l'autre jour.
« Le vrai ahimsa ne peut pas vraiment être pratiqué sur le plan physique ; pas complètement du moins et pas par tout le monde. Que se passe-t-il dans les régions où rien ne pousse et que les gens doivent trouver de la viande ou du poisson à manger ? Les insectes que nous écrasons sans le savoir sous nos pieds, les germes que nous avalons et détruisons sont la vie, aussi. Ce que nous devons pratiquer c'est l'ahimsa mental et nous devons le vivre entièrement.
Ne pas tuer des êtres vivants n'est qu'une conception brute d'ahimsa, car c'est bien davantage. le vrai ahimsa c'est de ne pas nuire aux sentiments des autres, ni à soi-même. C'est ne pas faire de mal aux autres, et ne pas faire de mal à soi-même »
« Comment peut-on nuire à nos propres sentiments ou faire du mal à soi-même ? » voulut savoir le Français.
« Vous nuisez à vos propres sentiments en vous créant des habitudes. Si, par exemple, vous aimez boire du thé, et ne pouvez pas vous en procurer, vous souffrez, n'est-ce pas ? Alors vos sentiments sont touchés par l'habitude créée. Ne jamais, jamais nuire aux sentiments de personne et ne jamais créer d'habitudes dans le vrai ahimsa, voilà ce qu'il faut faire. En créant des habitudes, nous nous emprisonnons nous-mêmes ; emprisonnement est limitation. Et limitation est douleur ». p. 164
« L'abîme de feu », Irina Tweedie, Édition L'Originel © 2002
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Citations et extraits (45) Voir plus Ajouter une citation
Arrêtons-nous ici sur l'aspect pratique des choses : attention et concentration justes sont particulièrement liées à la méditation. Le terme habituellement employé est bhavâna, qui signifie littéralement « faire devenir ; développement ». Le bouddhisme propose deux formes de méditation.
Samâtha Bhâvana, ou le Calme Mental, dont le but est l'apaisement du flot continu des pensées et des émotions agitant l'esprit. Pour y parvenir, des méthodes diverses sont employées, qui impliquent toutes un effort de concentration sur un objet, matériel ou non. La technique d'observation vigilante du va-et-vient du souffle est particulièrement en honneur, car c'est celle que le Bouddha aurait lui-même pratiquée.
La pratique de Samâtha peut mener aux états appelés en pâli jhâna, et que l'on peut ainsi définir : « ensemble des états de conscience raffinés susceptibles d'être expérimentés comme l'un des résultats de la méditation profonde ». Samâtha peut-être pratiqué avec profit par quiconque, sans considération d'appartenance religieuse.
Mais seule la deuxième méthode, Vipassanâ Bhâvana ou Vision Profonde, est spécifiquement bouddhique et peut conduire au Nirvâna. Préalable intéressant, Samâtha n'est pas indispensable à la pratique de Vipassanâ. Il s'agit ici, tout en gardant une « toile de fond » à la pratique — et ce peut être le souffle — afin d'éviter à l'esprit de se disperser complètement, d'observer avec attention les phénomènes de tous ordres, quand ils surviennent pendant la méditation, dans leur déroulement, et d'en saisir l'impermanence, le caractère foncièrement insatisfaisant.
La sagesse, enfin, recouvre pensée et compréhension justes. La pensée juste, dit le texte, est « libre de désirs sensuels, de malveillance et de cruauté ». La méditation, ici encore, sous-tend l'effort vers la pensée juste : des pensées négatives ne peuvent surgir pendant la pratique méditative Vipassanâ, et cette dernière, par la compréhension de la véritable nature des pensées, élimine progressivement les attachements qui mènent aux pensées néfastes. La compréhension juste ferme, si l'on peut dire, le cercle : « Comprendre la souffrance, comprendre l'origine de la souffrance, comprendre l'extinction de la souffrance, comprendre le chemin conduisant à l'extinction de la souffrance. » C'est la compréhension des Quatre Nobles Vérités, objet essentiel de la méditation Vipassanâ, et visant à la délivrance.
p. 177
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LE BOUDDHA
Le dernier repas
En plusieurs étapes, ponctuées de discours et d'ultimes recommandations, le Bouddha parvient à Pâvâ, petit bourg où il s'installe dans un bois appartenant à Cunda Kammâraputra, orfèvre selon certains, issu d'une famille travaillant plus globalement les métaux, pour d'autres. Très classiquement, Cunda, ayant rendu visite au Bien-heureux, le convie à prendre chez lui le repas du lendemain. Y est servi un plat sur la composition duquel de multiples hypothèses ont été avancées. Les textes pâli l'appellent Sukaramaddava*, c'est-à-dire « délice de porc », mais, plat de viande de porc ou plat de champignons dont les porcs sont friands, la question déjà abondamment débattue risque de demeurer ouverte encore longtemps. Étonnamment, le Bouddha demande à ce que ce plat ne soit servi qu'à lui et que les restes en soient enterrés car, dit-il, « il ne voit personne dans le monde... qui puisse consommer le sukaramaddava et le digérer graduellement, si ce n'est le Tathâgatha ».
L'après-midi même, le mal dont le Bouddha souffrait semble s'aggraver. Une fois encore, il surmonte ses douleurs avec sérénité. Soutenu par Ânanda, il prend la route de Kuçinâgara. Mais, en chemin, fatigué, il s'arrête pour prendre quelque repos et demande à boire. À sa troisième demande seulement, et au grand émerveillement d'Ânanda, l'eau du courant voisin, troublée par le passage de 500 charrettes, retrouve sa limpidité et le Bouddha peut apaiser sa soif.
p. 158
---
* voir * Stephen BATCHELOR dans « Itinéraire d'un bouddhiste athée », (ed. Seuil © février, 2012)
Note 22 page 339 du chapitre 17, page 274 :
— Le terme pali sùkara-madava signifie littéralement « tendre cochon » (sùkara). Dans le canon, il est clair que le Bouddha n'était pas végétarien. Il rejetait la proposition de son cousin Devatta d'imposer le végétarisme comme règle pour la communauté monastique. Il ne voyait pas d'objection à ce que ses moines mangent de la viande, à condition qu'il n'aient été ni « vus, ni entendus ou soupçonnés » que l'animal fût tué spécialement pour eux.
(mis en note par le transcripteur)
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La Noble Vérité de Dukkha
Le terme pâli de Dukkha est souvent traduit, comme ici, par “souffrance”, mais « insatisfaction » serait une interprétation encore plus proche. Ce qui n'est évidemment pas faux, il s'agit bien de son sens premier. Mais, dans le vocabulaire bouddhique, “dukkha” revêt trois acceptions : la souffrance ordinaire, physique et morale ; la souffrance liée au changement ; et la souffrance liée à l'état conditionné. Si le premier terme est aisé à comprendre, les deux autres le sont moins. L'enseignement bouddhique rappelle que, par nature, tout, dans l'univers que nous côtoyons, est sujet au changement : le temps qui s'écoule nous sépare d'êtres chers, de valeur morale des actes dans la destinée des êtres dans le samsâra, était déjà en vigueur dans certains mouvements religieux contemporains, ou légèrement antérieurs à l'apparition du bouddhisme. Le bouddhisme fait sienne cette idée, en lui apportant sa touche originale : l'accent est mis, en effet, sur le caractère intentionnel que doit revêtir l'acte commis, pour porter des fruits, bons ou mauvais : « C'est la volition que j'appelle karma, dit le Bouddha, ayant voulu, on agit au moyen du corps, de la parole et de l'esprit. »
Toutefois, les textes et les religieux rappellent à l'envi que le “karma” n'a rien d'une fatalité irrémédiable : d'autres facteurs entrent en ligne de compte pour déterminer la renaissance, et l'individu, s'il porte le « fardeau » des actes posés dans des existences antérieures, reste libre, dans cette vie, d'agir en toute connaissance de cause. Dans l'agrégat des consciences, enfin, le terme conscience désigne le pur acte d'attention à quelque chose. Sont répertoriées conscience visuelle, auditive, olfactive, gustative, tactile et mentale.
Le composé de ces cinq agrégats que l'on nomme individu est ainsi perpétuellement en transformation, bien que nous puissions avoir l'illusion d'une continuité.
« ... Comme les cinq agrégats naissent, se dégradent et meurent à chaque instant, vous-même naissez, déclinez, mourez à chaque instant. »
Les individus sont semblables aux vagues innombrables à la surface de l'océan : il en est de toutes tailles, de toutes apparences, mais la vague n'est jamais qu'une manifestation transitoire de l'eau...
p. 170-71
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Quoi qu'il en soit, l'ascète Kaundinya d'abord, suivi de peu par les quatre autres membres du groupe, pénètre la doctrine et sollicite du Bouddha d'être admis comme moine auprès de lui. Ce sont les premiers d'une communauté appelée à un bel avenir. Bien sûr, les règles d'ordination qui fixeront plus tard un quota de religieux sans lequel il sera impossible de procéder à l'admission d'un nouveau moine, ne sont pas encore formellement établies. Il faut partir du postulat que, par son Éveil même, le Bouddha était moine de plein droit et qu'il lui était de ce fait possible d'en ordonner d'autres.
Sûtra et Vinaya pitaka anciens ajoutent d'intéressants détails pratiques sur la façon dont le groupe des Cinq, rejoint par le Bouddha, vivait matériellement, et en particulier comment s'opérait la collecte quotidienne de nourriture. Ces indications correspondent à ce qui s'établira de manière formelle par la suite. L'Heureux Groupe bénéficie encore, dans les jours qui suivent, d'autres enseignements de la part du Bouddha.
Nous allons, à cette étape, nous séparer de l'une des sources que nous avons abondamment utilisée : le “Lalitavistara” arrête en effet sa narration après le Premier Sermon, ne donnant, pour la suite, que des indications extrêmement succinctes. Le rattachement de ce texte, pour l'essentiel, au Mahâyâna, paraît expliquer cette particularité. Le bouddhisme Theravâda est parfois qualifié de bouddhisme “nibbanique”, car il met cet idéal du nirvâna (nibbâna en pâli) en avant. Le Mahâyâna pose, lui, un principe d'identité entre nirvâna et samsâra, qui ne seraient que les deux faces d'une même réalité. Le nirvâna perd ainsi de son importance, au profit de l'enseignement délivré au bénéfice de tous les êtres. Dès lors, le Premier Sermon devient effectivement l'Événement par excellence, et peu importe finalement de poursuivre jusqu'au Parinirvâna.
p. 101
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Les sources sont unanimes à admettre que le Bouddha disparut à un âge très avancé, que lui-même fixe à quatre-vingts ans, dans certaines relations. Plus de quarante années, donc, s'écoulèrent entre l'Éveil et le Mahâparinirvâna. Et sur ces quarante années, les informations à caractère biographique, nombreuses pourtant, sont très éparses. Plus de narration suivie, sinon dans des ouvrages fort tardifs et dont la fiabilité laisse à désirer. On précise bien, parfois, que tel événement se produisit, que tel sermon fut délivré en telle année après l'Éveil, mais les sources, hélas, se contredisent plus que jamais. De toute manière, en plaçant bout à bout l'ensemble des informations et anecdotes, on ne parviendrait pas à combler l'espace de ces quarante années. Les récits de voyages lointains et merveilleux arrivent donc à point pour combler les vides ; ils répondaient sans doute aux aspirations de dévots, résidents de contrées lointaines, en gratifiant leur pays d'un lieu saint, que la tradition disait visité par le Bouddha en personne.
On ne pouvait, bien sûr, envisager que la vie du Bienheureux ait été, dans la réalité, beaucoup plus courte que ne le laissent entendre les textes. Position aujourd'hui abandonnée, mais qui fut un temps soutenue par certains chercheurs qui croyaient voir l'aveu de cette brièveté dans la désorganisation complète des sources d'information.
Entre ces deux hypothèses extrêmes, il en est une troisième qui semble s'imposer : la simplicité. De quoi était faite la vie quotidienne du Bouddha et de ses moines ? Voyages lents, ponctués de multiples étapes, enseignements, rencontres de laïcs, conversions, voyage à nouveau, retraite imposée par la saison des pluies, une anecdote pittoresque, un miracle de temps à autre... Rien que de très classique, finalement, pour un chef religieux.
p. 132
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