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Critique de Domterrier


Vesper, officier traitant et future directrice de la DGSE, rencontre pour la dernière fois son meilleur agent, Victor, qui sillonne le monde, l'Afrique en particulier, fidèle à sa mission depuis vingt-cinq ans. Le caractère définitif de cette ultime rencontre devrait favoriser la sincérité des deux personnages mais, étrangement, la conversation est maigre, sibylline, parfois agressive. le mystère s'épaissit au fil des pages. Dès les premières pages la question est posée : qui est le chat, qui est la souris ?
Victor, tout en scrutant cette femme qu'il adore mais dont il se méfie, livre ses confidences au lecteur comme un fil rouge, déroulé presque en aparté. Cette multitude de souvenirs, composée de retours en arrière non chronologiques, finit par former un ensemble cohérent qui trouve son apogée lors d'un final que n'aurait pas renié le maître Alfred Hitchcock.
Vesper est un roman d'espionnage rédigé comme un recueil de mémoires. C'est un récit qui sent le vécu, la sueur et le sang, qui évite les morceaux de bravoure et les gadgets souvent très abondants dans ce style de littérature. La violence est omniprésente dans Vesper mais Vincent Crouzet a le tact et le talent pour toujours l'évoquer hors-champ, soucieux de ne pas transformer son lecteur en simple voyeur. Semblables à des poupées russes, les petites histoires de Victor s'imbriquent les unes dans les autres pour construire la grande histoire de l'Afrique contemporaine. Mais Vesper est avant tout un roman, je rassure le futur lecteur, mais un roman dont la construction se rapproche davantage du Tunnel aux Pigeons, l'autobiographie de John le Carré, que de Casino Royale, même si son titre renvoie à Vesper Lynd, l'adorable espionne de Ian Fleming dont James Bond tombe amoureux fou.
La France a des yeux partout. On l'oublie souvent. Comme toutes les grandes puissances elle scrute sans cesse le continent africain, souvent pauvre en surface mais riche de son sous-sol. La France se glisse dans les cicatrices encore fraiches de la décolonisation pour continuer d'exister, d'une manière ou d'une autre, dans des pays en éternelle reconstruction où les gouvernements se font et se défont à une vitesse foudroyante, au gré des aides militaires et commerciales accordées par les puissances alliées.
Les agents du renseignement, sous couverture, projetés par la DGSE sur des terrains souvent mouvants, forment cette étrange armée des ombres « Où l'on ne dupe que des volontaires » comme le dit si bien Vesper, la maitresse-espionne. « Pas de remerciements, les règles de l'armée des ombres magnifient l'ingratitude et la frustration » rajoute Victor, agent ultra méritant qui ira jusqu'au bout de ses convictions.
Un beau livre, riche et foisonnant, qui sort des sentiers battus du roman d'espionnage classique grâce à ce cachet d'authenticité que Vincent Crouzet imprime sur chaque page.
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