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Livre multiple Ératosthène est peu commun. Rédiger un avis sur une oeuvre aussi riche est peu aisé.

- C'est un roman historique extrêmement contemporain. La couverture en est une très bonne illustration d'ailleurs. Les combats, les questionnements sont actuels, très actuels. Tellement actuels
- C'est l'histoire d'une vie. J'aime les romans qui me permettent de suivre un personnage depuis l'adolescence jusqu'au terme. On vit avec lui. On évolue aussi avec lui.
- C'est un voyage initiatique. Il rejoint par bien des côtés le livre que je préfère entre tous “Siddhartha” d'Hermann Hesse. Comme Siddhartha, Ératosthène refuse de fonder son propre mouvement, d'y embarquer des disciples. Il trace une voie, sa voie, celle de la culture au vrai sens du terme.
- C'est un voyage philosophique au vrai sens du terme. Ératosthène croise ou est au contact de multiples mouvements de pensée. Il construit sa propre image du monde et le partage avec nous. Chaque courant de pensé, chaque école s'insère très bien dans le récit.
- C'est une très intéressante observation de la vie qui nous est offerte. J'ai rarement autant pris de citations en note. Il y a beaucoup de passages qui méritent une lecture lente et approfondie (voir une relecture).

La lecture en est passionnante. Les chapitres sont courts. Autant la lecture d'un roman d'Umberto Ecco peut être ardue autant la lecture d'Ératosthène est fluide et incisive.
Bonus

Je l'ai lu en eBook (9.99€ su immatériel sans DRM) et en bonus on peut découvrir en fin de roman la genèse du roman. L'écriture fut longue. Les versions furent multiples. le résultat est excellent et découvrir ce processus, ce chemin est une excellente idée.

Conclusion

Très gros coup de coeur pour ce roman que je le sais déjà je relirais. Un roman qui ouvre des portes.
Je l'ajoute au Top de mes lectures.
Lien : http://travels-notes.blogspo..
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« Celui qui est parti, ne revient jamais ! », sous entendu que la personne qui revient d'un voyage n'est plus la même que celui qui l'a entrepris.
Et bien lorsque nous finissons ce type de roman, nous ne sommes plus les mêmes car nous avons capitalisé des « savoirs ».
Ératosthène le personnage principal de ce livre partage la « vedette » avec plusieurs autres « characters » : Archimède, physicien, mathématicien et ingénieur ; Bérénice, princesse de la dynastie des Ptolémée d'Alexandrie et Sosibe, athlète devenu guerrier et ivre de pouvoirs.
Durant les chapitres, nous les suivons au travers de leurs aventures, « On aspire à plus, pas à moins. Cette course en avant explique le sens de l'histoire ».
Le monde grec que Thierry Crouzet nous fait découvrir est celui des décideurs, des inventeurs, ceux des maitres.
C'est une culture, où les parents qui gouvernent, sont capables de tuer leurs enfants pour construire leur succession. Les mariages sont possibles entre cousins, frères et soeurs.
Les excès sont monnaie courante et les guerres jamais loin, « Les crises favorisent les génies… se surpasser ».
Dans la première partie du livre, nous voyons arriver cette civilisation grecque à l'apogée de sa flamboyance à Athènes puis en Alexandrie. Nous partageons les découvertes de deux savants à l'âme de lycéen, car tout est à faire, Ératosthène et Archimède. Nous assistons, spectateurs, aux intrigues de palais.
Nouvelle partie, les protagonistes sont au sommet de leurs pouvoirs. Les scientifiques, même si ils sont jalousés, réalisent leurs meilleures études. Les guerriers sont victorieux et les princes sont arrivés aux commandes.
Puis vient l'avènement d'une autre civilisation qui va dominer le monde connu, les Romains. Parallèlement les guerres internes ayant fragilisées le monde des pharaons, la transition se fera dans la douleur.

Thierry Crouzet possède une écriture solide et sait nous faire partager la vie de ses personnages.
La construction des chapitres est très courte, de quatre à six pages, cela donne une ambiance particulière au roman car l'histoire couvre 50 ans donc une période importante, un curieux contraste qui ne m'a pas déplu.
J'ai pris plaisir à découvrir cet auteur et à lire ce qui est un bon ouvrage.
Ce roman méritera une deuxième lecture de ma part car je n'avais jamais capitalisé autant de notes qu'avec celui-ci. Une source de données sur lesquelles nous pouvons nous appuyer pour nous ouvrir à la société grecque ancienne.
Et comble de l'intelligence du romancier dans son écriture, la fin s'appuie sur….. Vous ne pensiez pas sérieusement que j'allais le faire, si ?

Pour plagier la fin des lettres d'Archimède dans le livre : « J'espère que tu vas bien, moi ça va ! »
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Je n'aime pas trop être négatif mais je crois qu'il faut ici ajouter une information aux autres critiques qui sont très élogieuses et qui m'ont conduit à commencer à lire cet ouvrage.
Le roman historique semble bien documenté. Cependant l'idée semble être de rendre l'Antiquité très vivante, aimablement pittoresque: le lecteur n'est pas écrasé sous le poids de l'érudition.
Le hic en ce qui me concerne c'est que, malgré le travail documentaire, du point de vue du style, je crois bien que l'on est plutôt ici au standard du roman régionaliste, la littérature de terroir, entre Les dames du Périgord, Meurtre au Guilvinec et L'inconnu de Montluçon. Par conséquent pour ceux qui ne souscrivent pas à ce standard je crois qu'il vaudrait mieux passer son chemin. J'ai jeté l'éponge à la moitié. Vu le sujet c'est dommage.
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En ce IIIe siècle av. J-C., les trois royaumes hellénistiques (Ptolémaïque, Séleucide, Antigonide) s'affrontent impitoyablement pour asseoir leur puissance en Méditerranée et en Asie à la place des cités-états grecques déclinantes, à la veille du bouleversement encore plus important qu'apportera Rome. Dans ce climat d'angoisse pour la décadence hellène, la culture se replie sur soi et les écoles philosophiques, en particulier l'épicurienne et la stoïcienne, prônent d'abord une orthodoxie qui a pour vocation d'exclure les esprits ouverts et critiques.

La figure d'Ératosthène paraît douloureusement marquée par ces deux circonstances, à cause des hasards qui le conduisent au plus près de la cour d'Égypte et de ses intrigues sanglantes, ainsi que de son choix précoce de s'émanciper des courants philosophiques athéniens. Sa très longue vie, dont une grande partie fut consacrée à la direction de la fameuse bibliothèque d'Alexandrie, ne lui épargna donc ni guerres et autres adversités liées à la politique, ni hostilités intellectuelles contemporaines et posthumes, allégées seulement par quelques amours d'hommes et de femmes puissants et par l'amitié indéfectible de l'autre grand esprit de son temps, Archimède le Syracusain.

Les avancées de la pensée que Crouzet nous rapporte comme venant d'Ératosthène sont le dépassement de la dualité hasard-nécessité au profit d'une plus grande liberté individuelle, le décloisonnement des spécialités du savoir visant à ce qu'on appelle aujourd'hui l'interdisciplinarité, la transparence et le partage des connaissances entre pairs et sans hiérarchie, comme méthodes et comme éthique de la démarche de recherche des savants, l'invention d'une géographie, d'une cartographie, d'une représentation tridimensionnelle du Globe sur la base des relations des voyageurs croisées avec les mathématiques appliquées à la mesure de la Terre.

Le récit se déroule en chapitres aux titres élégants précédés de l'indication du personnage principal qui en fera l'objet, lequel est désigné ensuite par un simple pronom personnel : Ératosthène s'alterne donc à d'autres protagonistes, ce qui produit un effet dynamisant sur la narration. (Je trouve qu'une table complète de ces titres et sur-titres aurait été utile.)

Les 25 dernières pages de l'ouvrage comportent, regroupés sous la mention « L'avenir », des chapitres très succincts sur la postérité intellectuelle d'Ératosthène, à partir de l'an 140 av. J-C. jusqu'en 2014, qui visent à esquisser des possibles parallèles entre les problématiques du savant grec et notre monde contemporain, surtout eu égard aux raisons du si grand retard de l'Histoire à lui rendre justice. J'avoue que cette perspective, comportant également l'idée d'une communauté du savoir ouverte et « peer to peer » qui fait partie des idéaux (ou des utopies) de l'Internet m'avait beaucoup attirée dans cet ouvrage. À l'issue de la lecture, je trouve que cette esquisse n'a guère plus de consistance qu'une hypothèse jolie. Mais les connaissances me manquent pour trancher sur la question si la modernité des débats d'idées du IIIe s. mis en scène dans le livre appartient au romanesque, - s'il s'agit en quelque sorte d'une réécriture projective par ex. du stoïcisme selon notre entendement contemporain - ou bien si, en profondeur, l'inaudibilité du message et des aspirations d'Ératosthène, la détestation séculaire que sa personne a générée ne relèvent plutôt de cycles historiques, donc en quelque sorte de phénomènes plus invariables, que l'on peut aisément traduire dans des concepts d'une époque à l'autre – par ex. le repli sur un monde étriqué, fragmenté et plat (de préférence le sien propre) en temps de crise.
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Thierry Crouzet a écrit _Ératosthène_ sur la proposition d'un ami qui lui aurait conseillé d'écrire un roman historique. C'est, en effet, à la découverte d'Ératosthène de Cyrène, géographe, mathématicien, poète, linguiste, brièvement disciple de Zénon (en tout cas, apprenti stoïcien) et attiré tout aussi brièvement par l'épicurisme, que nous sommes conviés. Toutefois, les chapitres nous annoncent son histoire, cette Histoire, celle d'un pays, à travers une grande variété de points de vue : Bérénice, Princesse de la Cyrénaïque promise au trône d'Égypte, Sosibe, soldat, athlète, stoïcien, Lysandre, Lysimaque, Archimède (celui que vous connaissez, lui-même)...

Le monde hellénistique du IIIème siècle est radiographié et analysé à travers la biographie et le point de vue d'un homme qui, pourtant, est loin d'avoir été plébiscité par ses pairs, en dehors, semble-t-il, de ses rares élèves, et d'Archimède. Ce dernier semble former avec Ératosthène le pendant d'une évocation de Léonard de Vinci ; l'auteur semble dire que les deux savants ont offert à une époque statique, frileuse et décadente la possibilité d'évoluer, de croître, de découvrir, qu'elle n'a pas saisie.

Cf. suite de ma note de lecture sur mon blog.
Lien : http://aufildesimages.canalb..
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Je termine Ératosthène fatigué, dans un état similaire qu'après Mon père ce tueur, mais atteint sur un plan plus général. Thierry Crouzet a une capacité hors norme à m'essorer l'esprit. L'écriture est élégante et tranchée, elle donne au récit quelque chose d'épique ou de dramatique, presque sentencieux, et n'encombre par le déroulement intellectuel du lecteur. Finalement, je me sens un peu perdu, déboussolé. J'ai cogité après chaque lecture, pensé au Web, aux blogs, à la république des lettres, au trekking, à la philosophie, au bien-être, à la nature , cette liste me semble pouvoir se poursuivre sans limites. La frontière a disparu entre ma lecture et mes réflexions, elles se confondent, je ne saurais même pas le résumer.

Par son insistance sur le généralisme, qui permet de faire des liens, je tisse les miens et m'approche un peu du vertige qu'il décrit. Faire des liens, c'est comprendre le monde pour l'aimer et le vivre. Là encore, impossible de déterminer si cette dernière phrase vient du livre ou de moi. C'est le seul ouvrage avec le portrait de Dorian Gray que j'ai souhaité reprendre immédiatement après l'avoir refermé.

J'avais envie de relire chaque chapitre, de l'annoter, d'en parler. Au travers de nouvelles connaissances, la perception du monde change pour le personnage, il doit le reconsidérer. Alors qu'Eratosthène dessine le monde, nous créons une carte vierge avec le Web. Les enjeux d'antan n'ont plus lieu d'être, comme les limites, il y a l'occasion pour l'humain de grandir. Thierry Crouzet nous y invite.
Lien : https://johndiz.ch/journal-f..
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Pour l'amour de l'histoire et de la philosophie
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