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EAN : 9782379612695
450 pages
Editions Elixyria (07/08/2020)
4.4/5   10 notes
Résumé :
1913, Angleterre
Jane Baker est femme de chambre au domaine d’Huffington, dans le Lancashire. Habituée au grand air et à la campagne, cette orpheline courageuse doit se familiariser avec la rigueur quotidienne de cette existence de servitude, parmi une armée de domestiques.
Lord Heavings est l’héritier d’un comte anglais, dans le Berkshire. Ce jeune aristocrate, accoutumé à un monde d’apparence, a l’art de briller en société par son charme et ses bonne... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Il y a des livres que l'on referme avec regret, triste de quitter les personnages, devenus des amis, mais aussi de s'extraire d'une histoire dans laquelle on se sentait bien. C'est exactement ce que j'ai ressenti en lisant avec angoisse l'épilogue de « Heavings Park », qui est sans conteste mon premier coup de coeur littéraire de l'année.

« Je ne suis qu'une femme de chambre, vous êtes l'héritier d'un grand domaine. Je crois que toute la fatalité de notre relation est exprimée dans cette simple phrase. » Tout commence comme une romance entre lord Heavings et la femme de chambre qui sert lady Victoria Busby. le bel homme riche et la jeune servante, c'est tellement cliché pour Jane, qui est loin d'être naïve. Andrew, qui en a lui aussi conscience aimerait détourner les règles de l'étiquette. Une correspondance dangereuse se met en place entre les deux protagonistes.

« Les gens d'en haut avaient- ils avaient- ils seulement conscience de la quantité de travail qu'ils leur imposaient ? » Avec Jane, nous en apprenons beaucoup sur le monde des nobles, leurs us et coutumes et leurs exigences. Les domestiques ne sont appréciés que s'ils sont pleinement dévoués... et surtout s'ils restent à « leur place ».

Mais la guerre de 14 – 18 éclate. Les hommes sont envoyés au front. Jane, elle, sur un coup de tête, s'engage auprès De La Croix – Rouge pour devenir infirmière et partir elle aussi sur les champs de bataille, tout comme ses amis masculins et bien évidemment, Andrew Heavings.

« - Nous sommes trois infirmières pour combien de patients ? demanda-t-elle en essayant de dissimuler son inquiétude.
Dans le Derbyshire, elles étaient six au total pour s'occuper d'environ cent cinquante blessés tournants.
- Entre deux et trois cents, ça dépend. » Jane découvre, horrifiée, l'enfer de la guerre, ces corps amputés, ces blessures purulentes, ces âmes terrorisées. Retrouvera-t-elle les hommes de sa vie ? Pourra-t-elle enfin avouer à Lord Heavings qu'elle partage bel et bien ses sentiments ?

J'ai adoré le personnage de Jane, toute de sagesse, de force et de détermination. C'est une héroïne que l'on ne peut oublier. Par ailleurs, l'écriture fine et élaborée de Tiphaine Croville fait de ce roman un réel plaisir de lecture. Les pages se tournent avec fluidité et les nombreux soubresauts de l'intrigue sont captivants. Bref, un beau roman qui m'a tenue en haleine et qui m'a surprise par sa complexité et sa richesse historique. Un très bon moment de lecture que je ne peux que recommander !
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On s'embarque pour une romance historique avec des Anglais dedans, dont un noble. Autant dire qu'à part le versant placé sous les auspices de Clio, voici, réuni dans un seul bouquin, tout ce que je fuis comme la peste : romantisme, perfide Albion et sang bleu.
Dans l'ensemble, ma lecture s'est passée sans dégâts. Un seul point m'a gonflé. le noble. Qui en plus porte sur la figure sa haute naissance à travers son port altier et aristocratique. C'est au-dessus de mes forces. J'aurais mille fois plus apprécié une histoire entre petites gens, par exemple un cordonnier et une blanchisseuse (ou une boulangère, puisque l'héroïne s'appelle Baker). Il y a longtemps que je suis fatigué du fantasme littéraire sur la noblesse. Pour un Misérables, tu croises cent cinquante Princesse de Clèves. C'est trop. Un peu dommage qu'en littérature, on reste sur une courbe d'inégalité identique à celle de la répartition de richesse ou du pouvoir, à savoir que les mêmes 10% de gens phagocytent toujours 90% du gâteau… Les aristos ne sont ni bons ni beaux par essence, surtout pas par la magie d'être bien-nés, conception qui flirte un peu trop avec l'eugénisme à mon goût…
J'ai donc lu avec en tête l'image d'une guillotine tout du long.


Il n'empêche, au-delà de cet aspect très subjectif, que le roman est intéressant et bien écrit. Donc si c'est plus votre truc que le mien, je vous le conseille comme le haut du panier, très supérieur en qualité à bien des productions romantiques lambda écrites avec les pieds par des bras cassés qui devraient se tourner vers des activités plus à leur portée que l'écriture, comme la pâte à modeler ou les boulettes de pain dans les trous de nez.
Déjà, sur la trame, Croville s'en sort bien alors que le concept était casse-gueule. Les amours ancillaires, avec un aristo qui se tape la boniche, c'était déjà un topos dans le théâtre antique, autant dire que depuis 2500 ans, le sujet a été traité mille milliards de fois, usé jusqu'à la corde. La plupart des auteurs auraient pondu une énième redite du sujet… Je ne sais même pas pourquoi j'emploie le conditionnel plutôt que l'indicatif : les trois quarts des auteurs du genre le font. Dégorger une soupe insipide et prévisible, un milliardième clone qui tient moins de l'écriture que d'un poussif labeur de copiste payé à la ligne. Là non. Si Heavings Park s'inscrit pile dans les codes du genre en sortant l'arsenal complet des éléments romantiques (différence de classes sociales, questions de statut, d'étiquette et de qu'en-dira-t-on, amour qui triomphe de l'adversité…), il propose aussi un travail d'écriture sérieux, autour d'une construction qui sort du lot à entremêler narration classique et récit épistolaire. À travers l'expression directe des personnages, la correspondance dynamise le récit. le procédé fonctionne d'autant mieux dans la seconde partie du roman pendant la Grande Guerre, celle qui devait soi-disant être la der des ders (spoiler : il y a eu d'autres guerres par la suite et de bien pires). On retrouve à la fois les réalités de la communication de l'époque en temps de guerre et l'esprit du recueil Paroles de poilus, dont je conseille au passage la lecture comme un incontournable.


Côté historique, je n'ai pas rencontré d'erreurs qui me donne envie de sortir une Kalachnikov et c'est heureux, j'évite ainsi l'anachronisme de catapulter dans les années 1910 une arme inventée en 1947.
Alors bon, vous me direz, c'est pas bien difficile de ne pas se planter vu la quantité d'ouvrages sur la période. Certes. À quoi je répondrai que vous n'avez pas idée du nombre de branleurs qu'on croise parmi les gens de lettres. Les foutriquets qui ne font pas l'effort de la recherche documentaire et se contentent d'enfiler copier-coller de Wikipedia, approximations, erreurs et idées fausses récusées depuis belle lurette par les historiens sont légion. Donc des sources, y en a à foison (rien que sur la question des domestiques au début du XXe siècle, j'ai dû trouver six thèses en accès libre), encore faut-il prendre la peine de plonger le nez dedans et de les éplucher. Dans Heavings Park, le taf est fait et bien fait et l'auteure se trouve dispensée de copier six cent mille lignes de punition pour devoirs à la maison non effectués. J'ajouterai que c'est pas le tout d'avoir une masse documentaire abondante, encore faut-il derrière 1) la trier et 2) l'employer à bon escient. Beaucoup de scribouillards du dimanche oublient que le but n'est pas, sous peine d'assommer le lecteur et de torpiller la narration avec des exposés d'érudit, de tout recaser pour pas gâcher la doc, ni d'étaler sa science (qui est celle surtout celle des historiens, les romanciers se contentant de piocher dans le travail mené par d'autres). Croville emploie sa documentation avec mesure et efficacité, intégrée au texte, pas intercalée en forçant pour glisser de la grande Histoire entre deux passages narratifs de la petite.


“C'est quand même bien fait”, disait Benoît Poelvoorde dans un contexte un peu moins romantique que celui qui nous occupe avec Heavings Park.
Le pacte annonçait une romance historique sur fond de différences sociales et de guerre 14-18. C'est ce que raconte Heavings Park, qui respecte son contrat.
Que le roman ne me corresponde pas – ou que je ne corresponde pas au roman, parce que ça marche dans les deux sens, y a pas de fautif en tant que tel d'un côté comme de l'autre – était établi d'entrée de jeu. Je me suis lancé dans ce bouquin en toute technique d'arrosage – ou connaissance de cause, y a deux écoles, deux formules –, d'où le choix d'une lecture avec le regard analytique du chroniqueur plutôt que l'oeil pépère du lecteur en quête de plaisir. Ma seule attente : que le texte soit bien écrit. C'est le cas. Si vous cherchez une bonne romance historique, vous l'avez trouvée. le reste n'est que littérature et on s'en astique la queue de cheval avec les deux mains (private joke).


Ah ! ça ira, ça ira, ça ira !
Les aristocrates à la lanterne.
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira !
Les aristocrates on les pendra.
Si on n' les pend pas
On les rompra
Si on n' les rompt pas
On les brûlera.
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira !
Lien : https://unkapart.fr/heavings..
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Ce livre me tentait de par sa couverture, mais j'hésitais à l'acheter, je l'avoue. La période couvrant la Première Guerre Mondiale ne m'inspirait pas confiance : en effet j'avais peur d'une fin triste. Finalement, j'ai sauté le pas et je ne le regrette absolument pas ! Ce livre est exceptionnel.

Jane est une femme de chambre, courageuse et instruite qui aimerait évoluer plus vite que ne le fait la société. On découvre qu'elle a choisi sa voie professionnelle pour suivre les pas de ses parents défunts, mais elle se rend compte au fur et à mesure des pages que ça n'est pas en adéquation avec ses idées. Je l'ai adorée. Sympathique, elle est toujours là pour ses proches, amis et autres. Femme forte, elle ne baisse pas les bras face aux situations horribles et désespérées, et se met au service des autres d'une façon admirable.

Andrew, Lord Heavings, est un jeune homme charismatique, taquin qui ressemble à Jane dans sa façon de voir les choses. Il n'est pas pompeux, présomptueux, arrogant. Son rang ne l'a pas rendu détestable, au contraire, les convenances de l'époque ne l'arrêtent pas pour côtoyer les gens qu'ils souhaitent connaître. Déterminé, quoique maladroit, il fera tout pour amener son amour pour Jane à éclore. Comment ne pas craquer pour lui ?

La romance est addictive et ce livre prend parfois des allures de roman épistolaire. J'ai adoré leurs échanges de lettres. Je pense que c'était nécessaire au roman pour ne pas le faire traîner en longueur. Les personnages y disent le principal, tout en permettant à l'histoire de faire des bonds dans le temps. La romance prend son temps, pour notre plus grand plaisir. On s'interroge en même temps que Jane, on vibre avec eux, on serre les dents pour eux.

L'histoire ne tourne pas qu'autour de la relation entre les deux personnages. On suit avant tout le quotidien de Jane. Ce n'est pas du tout ennuyant, détrompez-vous, l'auteur arrive à rendre cela très divertissant, les actions sont loin de se répéter, contrairement à ce que l'on pourrait penser. La romance bien sûr tient de fil conducteur, mais ça va tellement plus loin qu'une petite et jolie idylle interdite entre une femme de chambre et un lord. La guerre vient tout chambouler et avec elle arrivent la peur, la tension. On est confronté aux horreurs, à des scènes qui vous chamboulent (la mort d'un certain personnage a été difficile à encaisser mais apporte du réalisme.)

L'écriture est irréprochable, la façon d'amener chaque scène également. Je regrette une toute petite chose : je reste un peu sur ma fin. J'aurais aimé connaître le devenir des différents personnages, là on reste un peu dans le flou, c'est dommage parce que je n'ai rien à redire sur ce livre, sinon de vous le recommander ! Vous passerez un très bon moment, ce livre ne quitte pas vos pensées, il vous ensorcelle. Pour l'anecdote, je me suis réveillée une fois à quatre heures du matin et impossible de me rendormir : je pensais à ce qui allait se passer dans les prochaines pages. Alors, qu'attendez-vous ?
Lien : https://lesplumesensorceleus..
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Quand on a tellement aimé un livre, on ne trouve parfois pas le chemin des  mots.
 
Les émotions dominent et embarquent avec elles un alphabet qui s'efface et serait bien désuet face à la beauté et richesse de cette lecture.
 
« Heavings Park » est une expédition entre passé et modernité, entre enfance et vie de responsabilités, entre amour et guerre, entre altruisme et passion.
 
Il m'a semblé y lire des références à un certain « Mansfield Park » que j'affectionne particulièrement, ou est-ce du moins ce que j'ai ressenti malgré l'anachronisme se logeant entre ces deux oeuvres.
 
Une plume documentée et à la délicatesse envoutante.
 
Des héros qui peuvent s'enorgueillir d'en porter l'appellation jusqu'aux tréfonds de leurs actes de bravoure.
 
L'épique et l'épistolaire s'allient pour nous créer une ambiance à la fois scénique, réaliste et romantique.
 
Un livre que j'ai aimé du premier au dernier mot… Les miens se sont perdus quelque part, et je ne saurais en en parler avec la révérence qu'il mérite.
 
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Un roman que j ai dévoré, des personnages attachants, une belle romance pleine de surprises , sur fond historique du début XX eme
Il y a du Jane Austen là dedans... en a pas douter . Je vous le recommande.
Cela se lit très vite , on a du mal à le lâcher
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
- Nous sommes trois infirmières pour combien de patients? demanda-t-elle en essayant de dissimuler son inquiétude.
Dans le Derbyshire, elles étaient six au total pour s'occuper d'environ cent cinquante blessés tournants.
- Entre deux et trois cents, ça dépend.
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— Et je vous présente mon ami, Lord Andrew Heavings.
Jane en eut le souffle coupé. Même si Amelia l’avait prévenue, elle ne put retenir sa surprise devant sa beauté singulière. Déjà enfant, son charisme l’avait marquée, mais aujourd’hui, ses traits d’homme étaient fins et empreints d’un charme renversant. Il portait un costume sombre mettant en valeur sa silhouette élancée et signalant à lui seul son statut supérieur. Si ses manières étaient réellement aussi irréprochables que son physique, alors même Lady Victoria ne pourrait pas résister… Jane en ressentit un étrange pincement au cœur.
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Je dois avouer que l’idée de pouvoir vous causer des ennuis m’a retenu de me jeter sur mon encre et mon papier à la première occasion. Néanmoins, je ne pouvais me résoudre à rester dans le silence après les moments que nous avons passés ensemble.
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Les gens d'en haut avaient- ils avaient- ils seulement conscience de la quantité de travail qu'ils leur imposaient?
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Je ne suis qu'une femme de chambre, vous êtes l'héritier d'un grand domaine. Je crois que toute la fatalité de notre relation est exprimée dans cette simple phrase.
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