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EAN : 9781789997965
143 pages
(09/11/2019)
3.67/5   3 notes
Résumé :
Parmi la hiérarchie des Némésors, Zahndrekh a une réputation de stratège sans pareille. Tacticien inégalé, sa compréhension du champ de bataille a valu mille victoires aux Nécrons de la dynastie Sautekh. Le Vargard Obyron le suit comme son ombre, à la fois infatigable protecteur et compagnon du Némésor pour l'éternité.
Or, quand les fantômes du passé trouble de Zahndrekh reviennent le hanter, et que le duo est envoyé réprimer un soulèvement dans les Astres ,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Bon, je l'avais mentionné en chroniquant le très mauvais La Chute de Damnos : les bouquins de la Black Library portant sur mes Nécrons adorés, il n'y en a pas trente-six mille – et, quand il y en a, il semblerait donc qu'ils ne soient pas tous bons…



La couverture d'Amputés, de Nate Crowley, n'en a pas moins attiré mon attention, hein. Issu de la deuxième série d'une collection de novellas (dont j'ai également lu un autre titre, Les Ruines de la foi, de Danie Ware – je vais essayer de vous en parler un de ces jours), ce petit bouquin a déjà pour lui d'adopter en permanence le point de vue des Xenos – à la différence notamment de la Chute de Damnos, où l'accent est mis sur de pénibles Ultramarines.



Mais ce ne sont pas n'importe quels Nécrons, tant qu'à faire : un duo improbable et magique, non sans caractère référentiel (j'ai lu des chroniques parlant de Jeeves et Wooster, mais aussi de Vladimir et Estragon – oui, absolument), constitué par le nemesor Zahndrekh, et son garde du corps, le vargard Obyron. Tous deux ne sont pas des inconnus pour les joueurs nécrons : ce sont des personnages nommés de Warhammer 40,000, figurant dans le Codex de la faction – et un bon exemple, sans doute, de ces personnages nécrons qui ont un excellent fluff, mais des statistiques hélas bien inférieures (même si, après cette lecture, eh bien, je serais assez tenté d'essayer de les jouer...).



Le nemesor Zahndrekh est un des plus grands stratèges de la dynastie Sautekh – en fait, probablement le meilleur, à la seule exception du phaëron de la dynastie, Imotekh the Stormlord. Au fil d'une carrière s'étendant sur des millions d'années, il a remporté un nombre invraisemblable de batailles. Et ceci alors qu'il est complètement dingue – un thème récurrent pour l'élite nécron, après le biotransfert et le long sommeil, j'en avais causé là aussi en traitant de la Chute de Damnos. Mais la folie de Zahndrekh n'a rien à voir avec les délires nihilistes des Destroyers (qui font une petite apparition dans cette novella, suscitant le dégoût des personnages) ou la répugnante malédiction des Flayed Ones. C'est plutôt qu'il vit dans son monde : à ses yeux, les Nécrontyrs sont toujours des êtres de chair et de sang – le biotransfert n'a jamais eu lieu ; et ses ennemis sont naturellement tous des Nécrons – des sortes de séparatistes, qu'il faut remettre dans le rang. Pas des humains, ou des Orks, etc. Sa folie biaise ses perceptions – mais simplement pour les maquiller : quand il est confronté, comme au tout début de la novella, à une force de l'Adeptus Mechanicus, son inconscient travaille de sorte que les unités ennemies lui paraissent parfaitement nécrons, tout en lui permettant d'apprécier les menaces avec l'acuité du plus perceptif des stratèges, afin d'écraser l'ennemi. Après quoi le nemesor appréciera un bon banquet de la victoire, où il fera mine de boire du vin et de manger de la viande, sa cour de sinistres conseillers étant contrainte à cette imposture. Entre deux batailles, il écrira de la très mauvaise poésie – puis son phaëron lui désignera de nouveaux « séparatistes » à écraser, et le nemesor enthousiaste se rendra sur place, que sa volonté s'accomplisse.



Mais le nemesor Zahndrekh n'est pas seul – jamais. Il a toujours auprès de lui son fidèle garde du corps, le vargard Obyron, qui sera notre personnage point de vue : un puissant guerrier, bardé d'armes et d'améliorations issues de l'étrange technologie nécron. Obyron ne partage en rien la folie de Zahndrekh – mais il sait aussi qu'il ne pourra jamais y remédier. Tout honneur et loyauté, le vargard endure donc les illusions et le pénible discours de son très bavard nemesor, ces mêmes anecdotes qu'il ressasse sans cesse depuis des milliers, voire des millions d'années, et joue son jeu. Il soupire intérieurement, las de l'aveuglement de son maître, mais il est là – et sa présence est d'autant plus requise que Zahndrekh a beaucoup d'ennemis, et pas seulement sur le champ de bataille : nombre de ses « fidèles conseillers » seraient tout disposés à comploter contre lui, et à faire entendre à Imotekh que garder ce général dément à son poste ne pourra tourner qu'au désastre… Mais Obyron veille – et il sait manipuler le temps aussi bien que manier le fauchard.



Les deux personnages forment un merveilleux duo, très drôle et en même temps assez touchant, au fond – avec comme une vague ombre mélancolique qui plane sur leur couple. Zahndrekh, surtout, apparaît tout d'abord comme un personnage passablement cocasse – avec ses manières et son discours qui évoquent une sorte de caricature, mais réjouissante, de vieil officier British condescendant. Les soupirs d'Obyron établissent quant à eux une connivence bienvenue avec le lecteur.



Mais il y a plus – car l'affaire au coeur de cette novella chamboulera les certitudes du maître et du serviteur. Imotekh confie au nemesor la mission d'écraser encore une autre faction « séparatiste », mais il s'avère que, cette fois, l'armée adverse est bel et bien composée de Nécrons. Seulement voilà : le monde-nécropole à mater a littéralement perdu la tête – des anomalies dans la stase, la solitude millénaire d'un pauvre cryptek et la paranoïa de l'intelligence artificielle chargée de veiller sur le long sommeil des Nécrons ont poussé les conséquences du biotransfert jusqu'à ses plus extrêmes retranchements ; on dit des Nécrontyrs qu'ils ont perdu leur âme en accomplissant le biotransfert, mais on sait en même temps qu'il y a eu des degrés dans cette perte – mais, ici, pas de chichi : ces Nécrons sont effectivement des sortes de robots sans âme, sans conscience – seulement des machines à tuer, extrêmement résilientes, beaucoup trop nombreuses, et dénuées de tout ce qui peut paraître, futilement, donner un sens à la vie. Nul banquet illusoire à espérer ici, pas de mauvaise poésie à composer pour célébrer la victoire.



Paradoxalement, en apparence du moins, c'est le fait d'affronter ce genre d'ennemis qui permet enfin au nemesor Zahndrekh d'entrevoir la réalité du biotransfert – d'abord chez les autres : bon sang, mais qu'est-il arrivé à ces Nécrontyrs ? Ils ont été comme… amputés de leurs âmes… C'est parfaitement horrible ! Et il y a là, bien sûr, comme un écho douloureusement ironique de la perception des forces de l'Adeptus Mechanicus par le nemesor dément au début de la novella. Mais peut-être à terme cette révélation s'appliquera-t-elle à lui-même également ? le choc est terrible – et le stratège génial quand bien même dément perd tous ses moyens. Obyron n'a pas le choix, il devra remplacer son nemesor sur le terrain, en plus de veiller à sa sécurité – mais le vargard est un soldat, pas un général ; il ne sait pas commander… Il a certes eu bien des occasions d'observer la méthode de Zahndrekh, mais il n'est pas Zahndrekh.



Et tout ceci correspond parfaitement aux plans de Setekh, le « vieil allié » particulièrement retors de Zahndrekh, auquel Imotekh a choisi de l'associer pour cette opération… Obyron y a sa place – et ça ne lui plaît guère : si Zahndrekh s'illusionne volontiers sur la camaraderie de Setekh, parmi tant d'autres illusions, le vargard sait reconnaître un serpent quand il en voit un. Mais ledit serpent a des arguments troublants… Pour surmonter cette épreuve, Obyron devra commettre un grand sacrifice ; beau en même temps qu'absurde... et drôle en même temps que triste.



Amputés est un court roman Warhammer 40,000 : la guerre y occupe forcément une place conséquente. La seconde moitié du roman, à cet égard, est sans doute un peu plus convenue que la première – et la fin sans doute un peu précipitée. Cela dit, l'ensemble fonctionne bien, et l'auteur prend soin de mettre en scène les spécificités du combat à la mode nécron, telles unités, leur mode opératoire, leur étrange technologie, etc. C'est plus que satisfaisant.



Mais, surtout, il y a tout le reste – et au premier chef ces Nécrons supposés « sans âmes », de manière générale, et qui, pourtant… émeuvent. Non, le mot ne me paraît pas trop fort. Il y a quelque chose de mélancolique dans l'atmosphère, une certaine tristesse millénaire qui imprègne les faits et gestes des personnages. Il y a de l'humour, aussi, on l'a vu – mais toujours teinté d'absurde, et au fond assez noir. Il y a des chose plus positives, aussi – et si le dévouement du soldat est une figure classique de Warhammer 40,000, et parfois pénible en ce qui me concerne, les flonflons patriotiques sont ici plus discrets que d'usage. Obyron combattant au côté de sa Lychguard sans âme, mais se souvenant de ce qu'étaient ces guerriers, ses amis, des millions d'années plus tôt, se souvenant de leurs noms quand ils ne s'en souviennent plus eux-mêmes, se souvenant de leur caractère quand ils en sont à jamais privés, ne laisse pas indifférent. Et, en définitive, l'amitié qui l'unit à Zahndrekh, au-delà de la seule relation entre maître et serviteur, au-delà des soupirs et de la lassitude, produit elle aussi des moments touchants, au coeur de la folie de la bataille, et avec plus de subtilité qu'on ne pouvait s'y attendre dans le contexte brutal et outrancier du quarante-et-unième millénaire.



J'ai vraiment bien aimé Amputés. Je n'en attendais pas forcément grand-chose, mais ce court roman s'est avéré une très bonne surprise – exactement ce que je souhaitais sans trop y croire : un bouquin de la Black Library mettant en scène les Nécrons et faisant honneur à leur fluff fascinant. Et j'y ai trouvé plus que ça, en fait : un merveilleux duo de personnages, de l'humour, de la tristesse, de la folie, de la terreur, et pas seulement de l'action épique, s'il y en a aussi bien sûr… Amplement de quoi compenser un style sans doute un peu médiocre, et une traduction parfois défaillante (comme d'hab').



Oui, une très bonne surprise ! Et j'en redemanderais bien, moi : il y aurait de quoi bâtir une série sur la base de ces excellents personnages ! Je ne me fais pas d'illusions, cela dit, je ne suis pas Zahndrekh... Mais, tout de même, quoi !
Lien : http://nebalestuncon.over-bl..
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