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EAN : 9782812609787
240 pages
Editions du Rouergue (07/10/2015)
3.45/5   19 notes
Résumé :
Durant l'été 70, un adolescent passe ses vacances dans la ferme d'un oncle, perdue dans une vallée de l'Aveyron. On y travaille encore à l'ancienne, les journées sont laborieuses, le mode de vie archaïque et les moeurs rudes, mais le garçon s'attache à ce monde à l'agonie, dont l'oncle est l'un des derniers survivants. Dans ce très beau roman aux tonalités autobiographiques, Daniel Crozes fait revivre les campagnes d'autrefois et nous fait partager l'émotion d'un mo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
"Un été d'herbes sèches" fait partie de ces livres devant lesquels je ne me serais sans doute pas arrêtée si on ne me l'avais pas fichu directement sous le nez. Comme je l'ai déjà dit, les livres circulent pas mal dans la famille, chacun ayant son petit "réseau". C'est ainsi qu' "Un été d'herbes sèches" m'est parvenu, sans même savoir à qui il appartient.

Aveyron. 1970. Un adolescent de 15 ans, tout juste diplômé du BEPC, part chez son oncle et sa tante pour ses vacances d'été. Habitué au confort, il se retrouve dans une ferme isolée, dont les propriétaires sont réfractaires à toute forme de progrès et de modernité. Sollicité pour donner un coup de main à son oncle qui n'est pas au plus haut de sa forme, le jeune garçon apprend la vie à la ferme et les travaux des champs. Qui aurait cru que ce séjour lui plairait autant, lui l'amoureux des livres et le passionné d'Histoire ?

S'il ne trouve guère le temps d'avancer dans son roman (Nana de Zola), il peut au moins satisfaire sa curiosité. Son oncle Kléber est un ancien combattant et prisonnier de 39-45, l'adolescent va essayer d'en savoir un maximum sur cette période pour laquelle il se passionne.

"Un été d'herbes sèches" n'est pas un roman d'action, plutôt de contemplation. On y parle de l'ancien temps (avant la mécanisation), des traditions familiales, de relations avec le voisinage (parfois houleuses, surtout s'ils sont d'anciens collabos), de souvenirs et des traumatismes de guerre, du progrès et de la modernité, de la vie à la campagne, du travail de la ferme, de la vie dans toute sa simplicité.

Il ne s'y passe pas grand-chose, mais on respire le bon air de la campagne, on admire les paysages. On observe l'adolescent apprécier son estivage. On écoute les anciens prisonniers de guerre raconter leurs souvenirs. On est touché de la belle relation qui s'installe entre le jeune garçon et son oncle et sa tante, la belle complicité avec son oncle notamment.

On tombe amoureux de ce mode de vie, tout simple, pas encore dépendant des machines et de la technologie. On s'attache à l'ensemble des personnages, dont on aime à découvrir les histoires de famille. La fin tristement belle nous touche en plein coeur.

Pas un roman d'action mais qui nous prend quand même dans ses filets, qu'on a du mal à lâcher. Un roman simple, plein d'humanité et de belles relations, de douceur, très émouvant. Je ne m'attendais pas à aimer autant.
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Ecrit par Daniel Crozes, auteur, historien, amoureux de son département de naissance : l'Aveyron, ce roman d'un autre temps se lit doucement et paisiblement.

Pendant l'été 1970, un adolescent de 15 ans, qui vient fièrement d'obtenir son BEPC passe toutes ses vacances dans la ferme de son oncle et de sa tante, Kléber et Marie, un vieux couple d'agriculteurs solitaires. Courageux, simples mais très pauvres ils vivent à l'ancienne dans une vieille maison au confort rudimentaire, sans eau courante, dans un hameau isolé. Ils ne ménagent pas leur peine et sont usés par les travaux des champs, qu'ils accomplissent tout au long de l'année, avec un attelage de modestes vaches et des équipements archaïques. Pas de tracteur, ni de mécanisation, uniquement des méthodes traditionnelles. La venue de leur neveu, ce jeune « commis » pour aider aux fenaisons est donc accueillie avec bonheur et soulagement.

Immergé dans ce monde rural, qu'il ne connait pas, le narrateur découvre petit à petit les travaux des champs et prend plaisir à accompagner et seconder son oncle Kléber. Une grande complicité et un lien affectif vont se créer progressivement entre le collégien et son ainé, qui sera aussi heureux de lui confier des souvenirs de guerre et des secrets de famille.

L'adolescent découvre surtout la simplicité, la solidarité et la gentillesse des villageois, le poids très présent de la religion et du qu'en dira-t-on mais également la bêtise, les trahisons, les rancoeurs et conflits ancestraux...
Dans cette région rurale isolée, on sent que le monde est en pleine mutation, presque à l'agonie. Les méthodes de travail, les modes de vie, les aspirations sont en train de changer et l'auteur à travers les souvenirs de ce jeune garçon (les siens vraisemblablement) nous fait partager sa nostalgie d'une époque révolue. Son écriture est fine, précise, facile à lire, toutefois je l'ai trouvée assez plate, sans relief presque scolaire, comme si l'adolescent rédigeait son compte-rendu de vacances. Cela m'a un peu dérangée mais je garde une bonne impression de cette lecture.

#Challenge illimité des départements français en lectures (12 – Aveyron)
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Eté 1970, en Aveyron. A travers les souvenirs d'un adolescent de 15 ans, Daniel Crozes parle d'une campagne dans laquelle les paysans, même vieillissants, se doivent aux travaux de la terre et aux soins des bêtes, en résistant encore contre la modernisation des outils. C'est aussi l'évocation de la guerre, de ses horreurs et des haines tenaces entre les familles blessées par les conflits.
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Beaucoup de nostalgie, un brin de fraîcheur,une ombre de tristesse, l'omniprésence de la nature , voici en résumé le contenu du livre de Daniel Crozes. Bien sûr, ce n'est pas la littérature prisée en ce 21ème siècle, puisqu'elle parle de paysans, de labeur, de vie rude, de renoncements, et surtout, surtout, d'amour de la terre nourricière.
J'ai trouvé dans ce livre une authenticité rare : le narrateur (qui, sans doute, doit beaucoup à l'auteur) nous fait part de son intrusion dans un monde paysan que l'on croirait oublié.
Aux fins fonds de l'Aveyron, un couple sans enfant accueille pour l'été un neveu ravi de pouvoir aider aux travaux des champs. Kléber, l'oncle, ancien prisonnier de la guerre de 39/45, et Marie , sa femme, voient arriver cet enfant qu'ils n'ont jamais pu avoir avec toute la bienveillance qu'on imagine. Les travaux qu'on lui confie sont rudes, mais plus rude encore est la vie de Kléber, dont la santé se dégrade.
J'ai trouvé dans ce livre de Daniel Crozes des accents de naturalisme, et je remercie cet historien qu'il est de nous intéresser, nous lecteurs avides de sensationnel, à ce petit coin de France, où quelques paysans, qualifiés d ' "arriérés", tentaient de préserver une certaine vérité de l'agriculture paysanne, sans outils, ou si peu, mais avec ce savoir-faire, cette observation quotidienne de la nature, et cette abnégation qui doivent nous interpeller.
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Un adolescent de quinze ans, l'été 1970, passe l'été à la campagne chez son oncle Kléber et Marie.

Marie, sa tante a cinquante et un ans, elle en fait vingt de plus, usée par l'attente durant la guerre. Elle a épousé Kléber en 1939, elle avait vingt ans. Cinq semaines plus tard, Kléber sera mobilisé. Elle le retrouvera seulement en juin 1945. Enceinte lors de son départ, elle fera une fausse couche et fera le deuil de la maternité.

Kléber et Marie sont pauvres. Nous sommes dans la France rurale. Ici pas de chauffage, pas d'eau courante, aucun confort dans cette petite exploitation agricole. Notre ado aide son oncle pour les travaux de fenaison, à l'ancienne avec une faucheuse antique de 1914 tirée par deux boeufs. Pas de tracteur. Il prendra pourtant plaisir à vivre cette expérience à la dure à la campagne.

Il se rapprochera énormément de Kléber, ils deviendront complices. Il aimera aussi récolter les confidences de Kléber sur la guerre, comprendre cette période dont on refuse de parler chez lui.

Les stigmates de la guerre sont toujours présents à Verhnes. de lointains cousins occupent le Verhnes du milieu et celui d'en haut. Malgré les années, des tensions sont toujours vives. Ils étaient collabos ou partisans du régime de Vichy durant la guerre.

Nostalgie et souvenirs, l'été 70 c'est aussi le tour de France, Merckx, le début du camping à la ferme, la recherche des traditions du passé mais aussi la solidarité du monde rural lorsque la santé de Kléber fera défaut.

J'ai pris beaucoup de plaisir dans cette lecture. Une écriture agréable, poétique. Daniel Crozes est un amoureux de la terre et des traditions, cela se sent. Un roman du terroir qui se penche sur le souvenir et les rancoeurs de la seconde guerre.

Ma note : 7.5/10


Lien : http://nathavh49.blogspot.be..
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Augustin se joignit à nous, trop heureux de pouvoir se dégourdir les jambes après leur périple en voiture de la journée. En chemin, il m'interrogea sur Kléber, ma famille, le collège, mes projets d'avenir et mes passions. Même s'il enseignait dans un grand lycée, il ne chercha pas à manifester un quelconque mépris pour l'adolescent et l'élève moyen que j'étais. J'appréciai cette simplicité à tel point que je n'hésitai pas, tout en poussant les vaches au retour, à le solliciter pour qu'il m'éclaire sur la guerre de 1939-1940, Pétain, le gouvernement de Vichy, la politique de collaboration, la Milice, les maquis et les stalags. Un professeur d'histoire comme Augustin pourrait d'autant plus répondre à mes multiples questions qu'il avait combattu en 1939-1940, séjourné derrière les barbelés des camps et participé activement à la Résistance comme il l'avait précisé à Kléber dans la réponse à son invitation de camper quelques jours aux Vernhes. Ma demande ne manqua pas de l'intriguer. Montrer autant d'intérêt pour ces années noires était inhabituel chez un gamin de quinze ans. Il comprit mieux ma motivation en constatant que mon insatiable curiosité buttait contre le mutisme de mon père, l'intransigeance de Marie, la trop grande discrétion de Raymond et de Kléber. Il ne s'était pas comporté de cette manière avec ses deux garçons : il leur avait raconté sa propre guerre avec ses souffrances et ses moments d'euphorie, les horreurs qu'il avait approchées et la flamme qui l'avait animé dans la Résistance. Une matinée ou deux ne suffiraient pas mais il m'accorderait du temps. La manière dont il s'exprima sur la mémoire et l'Histoire me laissa penser qu'il ressentait la nécessité d'informer sur cette période peu glorieuse et de témoigner pour les générations de l'après-guerre. À l'inverse de mon père et de tant d'autres, Augustin voulait que l'on sache et que l'on n'oublie pas. Je mesurai soudain le privilège de l'avoir rencontré dans ce bout-du-monde où j'avais l'impression de vivre en marge du siècle.
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Dès le lendemain, il m'entraîna de bonne heure jusqu'à la prairie de la Font pour pouvoir profiter de la fraîcheur du matin en bordure du ruisseau. Il avait emmené ses deux faux et sa pierre à aiguiser. Les bras encombrés de deux fourches ainsi que de la musette pour le casse-croûte, je conduisis les quatre vaches dans leur pâturage avant de le rejoindre. Les herbes hautes aux grappes de graines bien gonflées étaient lourdes de rosée. Elles tombèrent facilement sous le tranchant dès que Kléber accomplit ses premiers mouvements pour dégager un passage. La première demi-heure, je le regardai travailler : il progressait d'un pas assuré en parallèle au chemin, les muscles bandés, une certaine raideur dans la cadence, les reins ceinturés par une étoffe de flanelle qu'il avait enroulée sur plusieurs épaisseurs pour se protéger d'un coup de froid, la lame à ras de terre sans jamais l'effleurer. Il avait endossé une chemise en coton d'autrefois, dont il avait retroussé les manches au-dessus du coude pour être à l'aise dans ses gestes. Je comptais attendre qu'il ait effectué quatre ou cinq rangs avant de démêler à la fourche les andains d'herbe fraîche pour ne pas le gêner. Heureux, il chantait comme les équipes de faucheurs d'avant 14. Le talon était fourni mais il ne semblait pas peiner pour le couper.
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Mon père avait accompli des activités physiques aussi difficiles puisqu'il avait travaillé à l'entretien de la voirie dans un kommando, près de Sarrebruck. Creuser des fossés à la pioche et à la pelle, casser de la pierre à la masse, charrier des matériaux et combler les ornières des chemins était sûrement son quotidien... Je m'étais déjà imaginé ce qu'il avait supporté pendant ses années de captivité : des journées éreintantes, des brimades, des insultes, des coups de crosse lorsque la besogne n'était pas effectuée d'une manière correcte ou pas assez rapidement, et la cravache... De l'allemand, il n'avait retenu qu'un vocabulaire bien squelettique. Il résonnait à mes oreilles comme les claquements de bottes des soldats du Reich dans les parades. Ces quelques mots, je les avais entendus ce printemps dans un documentaire consacré à l'occupation de la capitale : Achtung (attention), Schnell (vite), Schlague (fouet, cravache), Nein (non), Terroristen (terroristes).
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En chemin, je songeai à l'agriculture telle que l'avaient pratiquée mes grands-parents, que j'avais découverte grâce à mon estivage aux Vernhes. Elle disparaissait sous les assauts d'une révolution qualifiée de silencieuses mais efficace, modernisant les campagnes avec des machines et des races sélectionnées. Ce monde que j'avais adopté le temps d'un été était à l'agonie.
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Certes, c'était un homme d'autrefois, en marge du progrès, mais les principes qui prévalaient à l'époque de sa jeunesse dans certaines familles paysannes en avaient décidé ainsi. Quoique cette situation le handicapât aujourd'hui, elle ne lui enlevait pas ses qualités humaines. En quelques semaines seulement, il était devenu le grand-père que j'aurais souhaité connaître, interroger, écouter, entourer d'affection.
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