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EAN : 9781606996225
136 pages
Fantagraphics books (07/05/2013)
5/5   1 notes
Résumé :
During the 1990s and 2000s, Peter Bagge worked on the seminal Hate comic, but his dozens of shorter stories are now being collected in this riotously anarchic book. Peter Bagge's Other Stuff includes a few lesser-known Bagge characters, including the wacky modern party girl "Lovey," not to mention the self-explanatory "Rock 'N' Roll Dad," starring Murry Wilson and the Beach Boys. But many of the strips are one-off gags or short stories, often with a contemporary sat... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome est une anthologie regroupant 66 histoires courtes de quelques cases à 8 pages, parues dans divers comics et diverses revues, dans les années 1990 et 2000, écrites et dessinées par Peter Bagge. 14 d'entre elles sont le fruit d'une collaboration avec un autre créateur (scénariste, dessinateur ou encreur). le tome commence avec une introduction de 2 pages de texte écrite par Peter Bagge en 2013, et restituant le contexte d'une partie de ces histoires. Ces histoires sont regroupées en 5 parties.

Groupe 1 : Lovey (26 pages, 4 histoires) - Lovey est une jeune adulte, qui fréquente des copains : André, Natalie, Knuckles. Successivement, elle demande à son copain André de se travestir avant l'acte sexuel, elle se prend de pitié pour un professeur en fauteuil roulant et ses copines aussi. Elle demande à Knuckles de faire boire André au bar pour ramener des ragots. Elle organise une soirée chez elle avec des invités choisis pour de mauvaises raisons.

S'il n'a jamais lu de bande dessinée de Peter Bagge, le lecteur se prend un grand choc. Il découvre des personnages dessinés comme s'ils sont en caoutchouc, avec des membres sans articulations, tout en arrondis, des bouches distordues pour un effet comique, habités par une forme d'hystérie comme s'ils ressentaient chaque émotion comme des enfants, avec une esthétique de dessin animé pour enfant, mais des comportements d'adultes irresponsables, sans compter que Lovey vomit régulièrement, sous l'effet de l'alcool, mais aussi sous l'effet d'une forte répulsion. Il en découle des séquences où l'hystérie règne en maître, ainsi que l'absence de retenue. Une fois habitué à cette direction d'acteurs très particulière, le lecteur peut à la fois se moquer sans retenue d'individus aussi vulgaires et pas très futés, et se reconnaître dans certaines réactions émotionnelles. Il sourit quand Lovey s'attache un harnais pénien et se jette nue sur son amant, tout en ressentant l'intensité émotionnelle qui s'empare de soi lorsqu'on brise un interdit, ici à caractère sexuel. Il comprend que ces jeunes femmes soient hésitantes entre la pitié que leur inspire le professeur en fauteuil roulant, et l'impression de se faire avoir par un pervers. Il partage leur envie de s'intégrer à un groupe de jeunes à la mode, tout en regrettant de les avoir favorisés aux dépens de leurs vrais amis. Ces 26 pages passent très vite, avec des rires bien gras mêlés à des moments de gêne en se reconnaissant dans ces attitudes.

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Groupe 2 : Rock'n'roll (10 pages, 13 histoires) - Au cours d'anecdotes en 1 page ou moins, sont évoqués l'effet des champignons hallucinogènes, Bon Scott, Malcolm et Angus Young en train de composer une chanson, Brian Wilson se faisant offrir un diner aux dépens de ses invités, l'admiration que Melissa Etheridge voue à David Crosby, la relation amoureuse entre Dennie Wilson et Christine McVie, une partie de jambe en l'air à 3 avec Buddy Holly et Little Richard, l'irruption de Sly Stone dans un studio d'enregistrement, le mauvais caractère de Frank Sinatra, etc.

Pensant s'être bien adapté aux idiosyncrasies de l'auteur, le lecteur se lance avec confiance dans le groupe d'histoires suivant. Il prend vite conscience qu'il est passé à un niveau supérieur. Les histoires font en moyenne une page et comptent de 9 à 12 cases, avec des dialogues concis et consistants, pour évoquer des anecdotes dont il est plus facile de saisir le sel si l'on est un peu familier des artistes mis en scène. Il faut deux fois plus de temps pour lire une de ces pages que celle d'un comics traditionnel, voire 3 fois plus. Les personnages présentent une allure toujours aussi caoutchouteuse, mais un peu moins hystérique. Passée la blague sur l'effet des psilocybes, Peter Kupper dépeint les musiciens sous leur pire jour ; que ce soit Bon Scott qui demande à Angus et Malcolm Young de composer sur 3 cordes, ou Brian Wilson en musicien aigri jouant les pique-assiettes ingrats. le lecteur voit ces artistes qu'il a pu aduler sous une autre facette, débarrassés de toute forme d'admiration, ramenés à ce qu'ils peuvent avoir de plus mesquin, ou de plus banal, à commencer par leur bêtise. L'auteur s'amuse également beaucoup à opposer des individus animés de valeurs inconciliables, par exemple le père de Brian Wilson et les membres du groupe des Beach Boys.

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Groupe 3 : Collaborations (44 pages, 14 histoires) - Entre autres, Peter Bagge collabore avec Gilbert Hernandez pour un galerie de portrait d'individus égocentrés, avec Alice Cooper pour une anecdote de scène, Avec Adrian Tomine pour une caricature du créateur de comics débutant, avec Alan Moore pour l'histoire personnelle de Jughead, avec Daniel Clowes pour une soirée entre 2 couples dont chaque personne est rongée par sa culpabilité, avec Johnny Ryan pour une parodie de Dilbert, avec Danny Hellman pour mettre en scène Harvey Kurtzman, avec Robert Crumb pour une femme trouvant qu'elle a un trop gros postérieur, etc.

Associer deux fortes personnalités créatrices n'est pas toujours un gage d'une oeuvre encore plus percutante. La première collaboration donne lieu à des portraits irrésistibles faisant ressortir la mesquinerie et l'égocentrisme de chacun individus épinglés, pour une vision acerbe et percutante. Au contraire, l'anecdote d'Alice Cooper (une blessure sur scène) manque à la fois de verve et d'humour. Les revers essuyés par l'auteur de comics débutant constituent une parodie acide et pointue du petit milieu des comics indépendant à tendance biographique, avec les dessins propres et cliniques d'Adrian Tomine, pour une satire inégalable. La collaboration entre Alan Moore et Peer Bagge est tout aussi acide et savoureuse, une parodie de déchéance d'une célébrité, mais il s'agit d'un pichet anthropoïde. Il faut le lire pour croire que les 2 créateurs réussissent une histoire aussi poignante et sarcastique avec un tel personnage aussi improbable. Les 4 collaborations suivantes sont tout aussi réussies : le malaise existentiel doublé d'un mépris de soi exacerbé par les dessins secs et sans pitié de Daniel Clowes, la parodie de Dilbert cassante et méchante, aussi drôle que l'original en plus acerbe, l'hommage vachard à Harvey Kurtzman, et l'étroite collaboration entre Bagge et Crumb dans laquelle ce dernier s'autoparodie avec un humour référentiel (son obsession pour les gros postérieurs) sans pitié envers lui-même.

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Groupe 4 : True facts (20 pages ,14 histoires) - Peter Bagge évoque quelques scientifiques par le petit bout de la lorgnette : Robert Brown (1773-1858, théoricien du mouvement brownien), Wallace Hume Carothers (1896-1937, inventeur du nylon), Dimitri Mendeleïev (1834-1907, concepteur du tableau périodique des éléments), Joseph Priestley (1733-1804, découvreur de l'oxygène), le major Walter Reed (1851-1902, découvreur du rôle des moustiques dans la transmission de la fièvre jaune), Taqi al-Din (1526-1585, astronome et astrologue). Il met en scène quelques considérations sur les débuts des humoristes sur scène, sur le choix d'habiter sur la côte Est ou sur la côte Ouest des États-Unis, sur ce qu'il sait de la Belgique, etc.

D'une certaine manière, cette façon d'évoquer des scientifiques majeurs au travers d'une anecdote pince-sans-rire rappelle Founding Fathers Funnies: Non-Stop Historical Hilarity consacré aux pères fondateurs des États-Unis à qui il appliquait le même traitement. Il vaut donc mieux savoir pour quelle invention ou découverte chacun de ces savants est connu pour pouvoir apprécier l'ironie du gag. À nouveau, les cases sont remplies à ras bord, à la fois par des détails sur les lieux, par des personnages habités par de fortes émotions et surjouant comme des adolescents avec les doigts dans la prise et la lecture de chaque page demande du temps pour tout assimiler.

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Groupe 5 : The shut-ins (20 pages, 19 histoires) - Chet et Bunny Leeway sont un jeune couple sans enfants vivant dans une banlieue indéterminée. Chet se lance dans la création de son site internet, mais n'arrive pas à comprendre le langage de programmation. Chet devient accro à internet au point de ne plus sortir de chez eux et de vivre en peignoir dans le sous-sol devant l'ordinateur. le chat de Bunny et Chet est malade et a besoin d'aide pour excréter. le quartier où ils sortent a beaucoup changé depuis la dernière fois où ils y ont passé une soirée. Leur voisine se lance dans la vente de semence de fleurs par correspondance.

Retour à des jeunes adultes au comportement obsessionnel ou irrationnel, mais cette fois-ci, ils sont installés dans leur propre pavillon et gagnent leur vie, enfin plus ou moins pour Chet. À nouveau l'exagération des acteurs est irrésistible, couplé avec des dessins en apparence tout public, et des comportements crétins, mais très humains. le lecteur éprouve la sensation d'avoir lui aussi les doigts dans la prise du réseau branché sur la quintessence de l'humanité, dans ce qu'elle a de plus faillible et de plus touchante.

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Ce tome ne constitue pas forcément un bon moyen de découvrir les oeuvres de Peter Bagge car chaque groupe relève d'une thématique différente, ce qui peut donner l'impression de sauter du coq à l'âne. Pour autant, c'est un excellent exemple de la verve visuelle de Peter Bagge, de ses dessins sans concession qui n'appartiennent qu'à lui, de la puissance comique de sa dérision, de son esprit critique qui sait mettre en évidence le ridicule de tout à chacun, y compris lui.
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