Ne lisez pas un livre de
Crumley dans l'espoir de suivre un détective privé futé, qui remonte les pistes, tel un chien de chasse lancé sur un gibier ! Oubliez aussi les déduction parfaites, l'étincelle dans l'oeil à la perspective d'avoir une nouvelle énigme à résoudre...
Milo Milodragovitch a été flic, il est devenu privé, mais il tenait plus du détective cherchant la photo compromettante qui prouvera l'adultère, donnant ainsi la possibilité de divorcer à son cocu de client (ou à sa cocue de cliente).
Catastrophe, la loi a changé et maintenant, pour divorcer, plus besoin de prouver le cocufiage, on peut divorcer pour n'importe quel motif ! Bardaf, c'est l'embardée pour la petite entreprise de Milo...
Notre privé biberonnait déjà à la bouteille, se demandant comment effectuer son recyclage professionnel, son héritage testamentaire étant bloqué jusqu'au jour béni de ses 53 ans, lorsque Helen Duffy, une potentielle cliente rousse à la croupe incendiaire, lui proposa une enquête sur la disparition de son petit frère.
Ça commence bien, Milo veut déjà la sauter... La cliente a tout d'une gentille naïve et le petit frère n'est pas aussi clean qu'elle le dit.
Une enquête assez difficile pour notre privé qui passe plus de temps à boire qu'à enquêter. Ou qui boit beaucoup trop en enquêtant.
Avec
Crumley, pas de précipitation dans le récit, pas de courses poursuites, mais des ambiances de bars plus vraies que nature.
D'ailleurs, au bout de quelques pages, j'étais bourrée en lisant toutes les gorgées de whisky que Milo avait ingurgité en compagnie de tout un tas de laissés-pour-contre.
À la fin de l'enquête, je frôlais le coma éthylique... hips, et j'étais remplie de tous les coups reçu au fil des pages. Suivre Milo dans ses pérégrinations n'est pas toujours de tout repos, mais je me suis attachée à lui, ainsi qu'au clodo Simon.
Ceci est un roman noir ! le lecteur explore les bars crades où se retrouvent les paumés; les clodos, les alcoolos et les flics corrompus, qui, pour quelques dollars de plus, ferment les yeux sur les flippers et autres infractions.
L'auteur n'est pas tendre avec son éponge imbibée d'alcool qu'est Milo. Pas tendre non plus envers les habitants de la ville de Meriwether qui regardent un jeune voleur à la tire se faire rouler dessus par des voitures, dans une parfaite indifférence, des flics corrompus ou des dealer occasionnels. Bref, tout le monde en prendra pour son grade.
Les personnages sont tous plus ravagés les uns que les autres et le ton du roman est assez impertinent, surtout avec Milo !
Ne lisez pas ce roman noir dans l'espoir de croiser un foudre d'enquêteur parce que Milo tourne souvent en rond, se bourre la gueule, doit débourrer et soigner ses coups. C'est simple, j'avais le nom du coupable avant lui...
Non, on lit cet auteur pour sa plume, son ironie, ses descriptions de la misère humaine échouée dans les bars. On le lit pour sa galerie de personnages... et on s'enfonce dans les eaux sombres car l'auteur nous maintient la tête sous l'eau.
On le lit pour ses 473 pages que je n'ai pas vue passer... pour le coup de pied au cul final.
En fait, on peut même dire que l'enquête est secondaire, accessoire. Juste une manière de faire plonger le lecteur en eaux troubles.
- Barman ! La prochaine tournée est pour moi !
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