Fausse piste

ça faisait longtemps que je n'avais pas eu de relation avec une femme capable de paraitre innocente et vulnérable. Non que je n'aime point les femmes fortes et autonomes, mais la plupart des femmes que je connaissais étaient si rudes qu'elles pouvaient tailler des silex bifaces en se servant de leur cœur comme percuteur.

- Tu ne me rends pas triste, dis-je, en me retenant de lui dire que la jeunesse était parfois plus triste que l'âge mûr, en me retenant de lui dire qu'elle me faisait me sentir vieux, plus vieux que les montagnes, plus érodé que les ravines qui serpentaient sur les versants grillés par le soleil. C'est une trop belle journée pour être triste.

- Tu seras vieille comment, quand tu auras quarante ans ?
- On s’en fout. Pour vieillir, vieux, il faut se souvenir des choses, et moi je me souviens même pas de ce matin.

Les hommes sont trop souvent bernés, trop facilement impressionnés par l'apparence physique des femmes . Par la beauté extérieure . C'est triste à dire , mais cela cause bien des chagrins - la beauté, et l'incapacité des hommes à voir au-delà .

- Tu seras vieille comment quand tu auras quarante ans ?
- On s'en fout. Pour vieillir, vieux, il faut se souvenir des choses, et moi je me souviens même pas de ce matin.

- Ça doit être triste, de mourir, murmura-t-elle alors que j'arrivais en haut de Willomot Hill.
- Certains disent que ce qui est triste, c'est plutôt de vivre.

Il existe une croyance à la fois moderne et désuète selon laquelle l'information finit par créer du savoir. Cette croyance est habilement contrebalancée par le cliché selon lequel plus on en apprend, moins on en sait. Ces deux idées contiennent sans doute leur part de vérité, mais ni l'une ni l'autre n'est véritablement utile pour quiconque s'intéresse à l'animal humain.

- Bon Dieu, où étais-tu passé ? grogna-t-elle en repoussant d'une main les cheveux qui lui tombaient sur le visage. Où tu étais, hein ? Bon sang de bonsoir.
- Dehors, à me soûler.
- Comment as-tu pu me faire ça ? gémit-elle en se couvrant le visage de ses deux mains.
- C'est à moi que je l'ai fait, ma chérie.

Je ne proposai pas à Pierre de lui offrir un verre parce que son cerveau était tellement imbibé de whiskey qu'il ne se donnait même plus la peine de boire - il se contentait de penser à l'ivresse, et en général , ça suffisait .

Ne couchez jamais avec une femme qui a plus de problèmes que vous.
LEW ARCHER