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Critique de CorinneCo


Embarqué dans un road movie teinté de western, Chauncey Wayne Sughrue traine dans son ADN des morceaux de James Crumley. Désabusé, grand coeur, se voulant et se montrant plus péquenot qu'il n'a l'air, grand buveur devant l'Eternel, et à l'occasion amateur de drogues, ex du Vietnam et amateur de femmes (souvent celles qui ne faut pas). le privé dans la grande tradition du roman noir. le dernier baiser s'ouvre sur une séquence cinématographique, un bar, trou perdu, des alcoolos, un fugitif, un chien assis à un comptoir buvant de la bière et Sughrue le narrateur qui entre comme un cow boy fatigué entrerait dans un saloon ; la poussière, la saleté, le soleil, la fatigue, Rosie femme usée derrière son comptoir. Une ouverture en scope. Sughrue cavale après Trahearne, écrivain, fugueur, immature, plaintif, arrogant, soiffard comme personne, en panne d'inspiration, obsédé sexuel et d'un âge certain. D'emblée la scène de récupération du « colis » est réjouissante. C'est la Californie, la non dissolution de deux mondes en un. L'Amérique rurale et brute de décoffrage et un peu bas du plafond et la génération flower power et dérivés. San Francisco non lointaine, « Sodome et Gomorrhe ». Sughrue par l'intermédiaire de J. Crumley a un solide sens de l'humour, aussi solide que son estomac ou son foie quand on lit tout ce qu'il s'ingurgite tout au long de l'histoire. Trahearne lui c'est quasiment en « intraveineuse ». Une histoire à rebondissements, des filles perdues qui se transforment en femmes fatales, des femmes fatales qui se transforment en fille de rien. Des kilomètres et des kilomètres parcourus sur les routes dans l'immensité des plaines de l'Ouest et des montagnes sauvages. Des caïds, des mères possessives et éplorées, des illusions évaporées dans l'alcool, les drogues, la malchance et les mauvaises rencontres. Une histoire de trahison, de mensonge, de manipulation. Des descriptions lyriques et poétiques de situations et de paysages. Sughrue semble incapable de dire non et quand il le dit en fait il dit oui. Un coeur faible ? Peut être… Un coeur qui croit encore un peu à l'amour, à l'âme, à l'amitié, à la loyauté et à la solitude des hivers du Montana. Ce n'est pas une apologie de l'alcool ni un livre sur deux alcooliques partis à l'aventure (pourtant Dieu sait ce qu'ils s'ingurgitent !) Trahearne est un paumé retors et égocentrique, en mal de soi et des autres, couvé par une mère et une ex-femme pas ce qu'il y a des plus saines. Sughrue a une estime de soi au rabais, cynique et néanmoins Don Quichotte. Où sont ses moulins à vent ?
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