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Me Aurélie LAROCHE (Traducteur)
EAN : 9782258195035
336 pages
Presses de la Cité (28/01/2021)
3.74/5   44 notes
Résumé :
Au début du xixe siècle, dans une anse isolée de la côte nord de Terre-Neuve, Ada et son frère Evered ne sont encore que des enfants lorsqu’ils se retrouvent brusquement orphelins et laissés à eux-mêmes. Leur existence, régie par l’alternance d’abondance durant la belle saison et de presque disette au plus creux de l’hiver, se transforme en un combat pour leur survie.

Le passage de L’Espérance, navire qui les ravitaille au printemps et à l... >Voir plus
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Michael Crummey, poète et écrivain canadien, signe avec « Les Innocents » un roman sur la fin de l'enfance, la résilience, la volonté farouche de survie et d'indépendance. Cette histoire se déroule au 19ème siècle dans une contrée reculée de Terre-Neuve, un environnement sauvage, généreux mais impitoyable, où la nature humaine y puise finalement des attributs d'égal contraste.

Evered et Ada n'ont que onze et neuf ans lorsqu'ils deviennent orphelins et qu'ils doivent apprendre à vivre seuls dans cette anse littorale et cette cabane où ils ont grandi avec leurs parents récemment emportés par la maladie. le frère et la soeur se mettent en tête de reprendre l'activité de pêche et de fumage de poissons pour laquelle leur père avait un contrat. Leur seul lien avec la civilisation est le passage de l'Espérance qui jette l'ancre tous les six mois dans la baie, leur permettant d'échanger le fruit de leur labeur contre des provisions essentielles et introuvables autrement. C'est le Sacristain à bord du navire qui tient le livre de comptes. C'est avec lui qu'Evered s'engage pour un nouveau contrat, persuadé que lui et sa soeur pourront survivre seuls à l'hiver, poursuivre l'entreprise de leurs parents. Les saisons vont alors s'enchaîner au rythme des apparitions de l'Espérance, du surgissement providentiel des bancs de capelans et de morues, de l'arrivée de banquise flottante et des phoques qui l'accompagnent, de la débâcle qui suit dès que l'air se réchauffe, des rencontres animales ou humaines impromptues…

Les enfants vont grandir et avec eux leurs questions et leurs envies, leurs peurs et leurs pulsions, leur connaissance du monde des Hommes et de leur monde intérieur. Deux mondes remplis d'autant de lumière que de noirceur. Dans cet élégant roman initiatique en communion avec la nature, Michael Crummey explore l'âme, le coeur et le corps de deux enfants confrontés au fait de grandir dans le dénuement et l'isolement. Récit touchant, tout à la fois audacieux et pudique.

Je remercie NetGalley et Les Presses de la Cité pour m'avoir permis de découvrir ce roman. J'ai commencé cette lecture au format e-book, mais après quelques chapitres j'ai cédé à l'envie de posséder le livre papier et l'ai donc acheté. La couverture est particulièrement réussie, offrant au regard un morceau de ces paysages somptueux dans lesquels se déroule cette belle histoire.
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Début du 19ième siècle, Evered et Ada vivent avec leur parents et leur petite soeur Martha, sur une parcelle isolée de Terre-Neuve, nord du Canada. Les hivers y sont rudes, les étés courts et guère plus chauds. Ils survivent de pêche, du jardin qu'ils essaient de faire produire et des visites semestrielles du bateau de ravitaillement l'Espérance qui leur fourni les autres produits du quotidien de l'époque.

Mais un malheur vient frapper cette famille pourtant tranquille. La petite Martha de moins d'un an décède de maladie, puis la mère et ensuite le père en dernier, laissant Evered 10 ans et Ada 7 ans, livrés à eux-mêmes dans cet anse hostile. Il ne leur reste qu'une hutte de bois au plancher de terre battue pour seule maison et un pauvre potager où ne pousse que des tubercules.

Les parents ont été mis en mer, seule Martha est enterrée sur l'île. Ne voulant pas ‘abandonner' leur petite soeur, Evered et Ada souhaitent rester vivre seuls ici ; ils sont autonomes, travailleurs, courageux..

Ils concluent alors un arrangement avec le sacristain de l'Espérance : ce dernier accepte de continuer à les avitailler, en échange de leur production de pêche et de jardin.

C'est au rythme des saisons, dans ce coin reculé de l'île que ces deux enfants vont évoluer. le froid, le travail acharné pour payer le sacristain, la pluie…, la nature offre tout ce qu'elle a de plus beau mais de plus dur également. Leur vie ne sera égayée que par la visite semestrielle du navire et par quelques bateaux perdus.

Des rencontres, qui les feront évoluer, se sociabiliser un minimum, voir un peu plus loin que leur terrible paradis.

Ces deux gamins sont pourtant très attachants et le lien fraternel qui les unit reste omniprésent, un peu trop parfois.

Ada, veut être considérée comme une femme forte et courageuse, elle n'hésite pas à monter la voix sur un frère qui se veut autoritaire et protecteur. Malgré cet attachement, les tensions sont fréquentes et plus les années passent, plus l'appel du large est parfois présent.

Pour ne rien arranger, évidement, l'adolescence et son lot de bouleversements hormonaux bousculeront leur éducation. Pour ces deux frère et soeur élevés mutuellement, qui n'ont aucune idée du monde qui les entoure et sans expérience extérieure, ils seront vite balancés entre croyances et pulsions, se laissant aller aux appels du corps.

Roman contemplatif, mais surtout d'apprentissage par excellence, « Les Innocents » nous plonge dans le quotidien de deux enfants rendus adultes bien trop tôt. Rythmés par le va-et-vient perpétuel des saisons, ils n'auront que la nature et la solitude pour unique terrain de jeu.
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UN RÉCIT INITIATIQUE ENVOÛTANT... 😍

On est au XIXème siècle, au Nord de Terre-Neuve. Alors qu'Ada et son frère Evered ne sont que des enfants, ils se retrouvent brusquement orphelins et livrés à eux-mêmes dans un environnement hostile. C'est pourtant tout ce qu'ils connaissent, n'ayant jamais quitté cet endroit ni fréquenté d'autres personnes. A deux, ils vont apprendre, survivre, grandir...

J'ai beaucoup aimé ce roman initiatique, j'ai été transportée avec eux au coeur de cette nature hostile et j'ai adoré ça.
On les suit au quotidien, dans cet endroit si éloigné de toute civilisation et pris par les glaces. Les deux enfants vivent au gré des saisons et leur quotidien est rythmé par la venue du navire L'espérance qui les ravitaille en vivres.
Au delà de la lutte pour leur survie, on les accompagne aussi dans leurs changements corporels liés à l'adolescence et dans l'évolution de leurs relations envers autrui. Une inévitable attirance contre laquelle il vont tenter de lutter va s'instaurer entre eux... le tout est abordé avec beaucoup de justesse.
Dans ce récit, la nature est omniprésente et les paysages grandioses ! le froid, la neige, les baies, l'odeur du poisson, les mouvements de la banquise, les saisons qui défilent... c'est beau et ça fait du bien. 🤗

Attention si vous cherchez un roman avec de l'action et de nombreux rebondissements, passez votre chemin ! Pêcher, chasser, manger, dormir et chaque jour recommencer...

Ce roman c'est un rude apprentissage de la vie, sa fragilité et sa puissance, au moment de l'adolescence où tout est exacerbé...

C'est un récit qui je crois ne plaira pas à tout le monde mais que j'ai dévoré en apnée, le souffle coupé... Alors vous l'aurez compris, je ne peux que vous le recommander ! 😇
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Michael Crummey nous embarque à Terre-Neuve, au début du 19ème siècle, dans une anse isolée, dont la vie est liée à la rudesse climatique et à la solitude. Dans cet anse vive deux jeunes orphelins. Après leur petite soeur, la mère puis le père sont décédés. Deux enfants restent alors : Ada et Evered qui sont encore très jeunes. Ils sont désormais orphelins et soumis à la rigueur de leur lieu de vie. Au contact de leurs parents, ils ont appris l'essentiel pour survivre. La pêche de la morue à la belle saison, sa salaison dans l'attente de voir arriver le vaisseau qui leur apporte des vivres et du matériels en échange du résultats de leur labeur deux fois par an. C'est leur seul contact avec le monde d'ailleurs, avec d'autres êtres humains. le reste du temps, ils sont seuls. Ils se débrouillent, apprennent de leur erreur, s'améliorent avec le temps.

Les années passent. On suit leur évolution, la complicité et les conflits qui vont inévitablement naître entre eux en grandissant.
Le lecteur est invité à découvrir cette vie au coeur d'une nature impitoyable, rythmée par les saisons, les tempêtes et la venue de ce navire à la fois salvateur et pernicieuse. L'équilibre du duo frère/soeur est mis à mal, fragilisé à chaque rencontre, à chaque visite. Parfois d'autres navires s'arrêtent et passent du temps avec eux...
Les Innocents est un roman d'apprentissage, un roman initiatique au coeur d'un lieu sauvage, rude. Une initiation à la vie rude, coupée du reste du monde. Les deux enfants devront décoder, appréhender le monde avec pour seuls outils les quelques légendes racontées par leurs parents, les leçons de vie appris auprès d'eux et leurs sens de l'observation. Pour le reste, ils ne savent rien du monde extérieur, très peu sur les choses de la vie et sur les interactions sociales. Ils sont de ce fait méfiant mais aussi curieux. Un croisement étrange.
Ensemble ou chacun de leur côté, ils découvrent leur corps, leurs émotions évoluant en grandissant, en vieillissant.
Michael Crummey nous décrit un décor rude, sauvage, entre calme et danger. Les orphelins s'y épanouissent à leur rythme, à leur façon. Ils vivront des moments de joie et des moments terribles. J'ai apprécié la façon dont Michael Crummey les fait évoluer au fil des pages. le roman porte bien son titre : ils sont soumis très jeunes à une vie solitaire, compliquée, éprouvante. Et c'est leur innocence qui leur donne la possibilité de survivre. Mais ils sont également conscients qu'ils ne seraient peut-être pas à leur place dans une ville. C'est dans cette anse qu'ils ont grandi et c'est la seule chose qu'ils connaissent.Entre ces deux là, les relations passent de la complicité, à la jalousie... de longues périodes de silence, de non-dits, d'observation. En grandissant, ils prennent conscience de certaines choses, en découvrent d'autres ensemble.

Au fil des visites du navire du ravitaillements ou d'autres voyageurs, les langues se délient (souvent avec l'alcool). Les histoires sont racontées, des liens possibles entre chacune se créent, s'imaginent. J'ai aimé ce fil conducteur qui revenait, qui nous laissait imaginer le passé plausible des défunts parents... ou peut-être pas.
Le lecteur est soumis à la langueur du texte, qui tangue au rythme des saisons, des tâches quotidiennes et des années qui passent inlassablement avec les épreuves du temps et du climat à franchir. On est dans un texte descriptif, contemplatif. On est initié à ce lieu, à cette vie. On est littéralement dépaysé que ce soit par le lieu ou l'époque car les enfants vivent dans un lieu hors du temps.
Un roman riche en apprentissage, en courage, en résilience. Une lecture éprouvante à bien des niveaux par la beauté des paysages, par la force des ces deux jeunes protagonistes, par la rudesse de cette vie...
Lien : https://aziquilit.com/2021/0..
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Alors quand j'ai lu le résumé de ce livre je n'ai pas compris qu'il s'agissait d'un roman initiatique. Est-ce que cela m'aurait freiné ? Je ne pense pas, je n'en avais jamais lu. le résumé de ce roman m'a semblé intéressant et le principe de mettre en situation deux jeunes enfants livrés à eux même a attisé ma curiosité.

Mais cette lecture a été laborieuse. Il m'aura fallu 10 jours pour en venir à bout car l'envie de poursuivre ma lecture n'était franchement pas là. J'ai eu l'impression que cette histoire était interminable et qu'il ne se passait rien une fois l'intrigue mise en place.

Evered et Ada vont perdre tour à tour leur petite soeur, leur mère puis leur père et vont ainsi devoir affronter le deuil et survivre dans cet environnement hostile de l'île de Terre-neuve. Chaque jour ce frère et cette soeur répètent les mêmes tâches : pêcher, chasser, manger, dormir. Et chaque jour recommencer.

Alors bien sûr il y a eu quelques passages où c'était un peu plus animé comme par exemple lorsque le navire l'Espérance venait les ravitailler en échange du poisson pêché, séché et stocké par Evered et Ada durant la saison.

La nature est au coeur de ce récit avec toute son hostilité et sa dureté. Dureté du climat, dureté envers les animaux et dureté aussi dans leurs relations.

Car il y a aussi cette attirance que tous les deux ressentent l'un pour l'autre lorsque chacun traverse l'adolescence. Attirance contre laquelle ils vont essayer de lutter. Attirance que l'on peut comprendre puisque finalement ils vivent tous deux confinés dans cette nature grandiose, mais qui pourra aussi choquer.

Cette lecture terminée, une chose est sûre, ce type de roman n'est pas fait pour moi. Il trouvera certainement son public mais il manquait d'action et je n'ai pas adhéré à l'histoire même si je conçois tout à fait que cela ait pu exister. Je reconnais néanmoins la qualité de l'écriture et des descriptions très visuelles. Si vous aimez les «nature writing» je vous encourage à découvrir ce roman.
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Elle parcourut la collection de son étagère, élimina les coquillages, les pierres et les plumes qui avaient perdu leur lustre, les objets qui, un jour, avaient possédé une étincelle de magie, de beauté ou de mystère à ses yeux, mais qui désormais lui semblaient bien ordinaires. Elle trouvait déconcertant de voir que la magie, la beauté et le mystère pouvaient s'échapper d'une chose, s'en écouler, et que l'on pouvait en venir à bout, comme des provisions hivernales.
Elle regarda Evered terminer son repas en se demandant si la chose était vraie pour une personne aussi, si ce que l'on ressentait envers elle pouvait se tarir.
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- Mademoiselle Ada, reprit-il, j'aimerais vous demander comme faveur personnelle d'éviter de vous trouver en compagnie de l'équipage hors de ma présence ou celle de votre frère.
(...)
Elle s'assit en silence pendant qu'ils continuaient à échanger et réfléchit à la requête que Warren lui avait faite. Elle se dit qu'elle avait eu raison d'avoir peur d'accueillir les hommes sur la batture. Cependant, le mécanisme par lequel cette connaissance lui était venue demeurait mystérieux pour elle. Il s'agissait pourtant d'une certitude. Peut-être était-ce le genre de chose que les femmes savaient depuis toujours.
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Son travail l'avait menée vers le milieu de la clairière, et elle se trouvait en plein centre d'un étang de baies qui lui montait aux genoux. Elle aurait pu passer tout un mois à récolter des fruits que la plus grande quantité de cette manne aurait tout de même pourri sur pied. Elle se disait la même chose chaque automne, mais cette fois la pensée la rendit furieuse, comme si elle avait perdu patience avec les circonstances qui l'avaient vue naître, avec les règles borgnes et injustes qui gouvernaient toute chose.
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Chaque nouveau détail ne faisait que mettre en lumière l'ignorance des orphelins. Warren répondait à leurs innombrables questions avec la patience d'une infirmière soignant un infirme. Il leur chanta une chanson qu'il avait apprise en buvant du rhum avec des esclaves de la Grenade, Ting a ring ting tarro, et tenta de leur expliquer comment certaines personnes finissaient par devenir la propriété de certaines autres, au même titre qu'un cheval ou qu'une parcelle de terrain.
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Pour la première fois de sa vie, elle savait quelque chose de véritablement important qu'Evered et son père ignoraient. Ils avaient passé des heures à attendre les nouvelles qu'elle venait leur dire et elle éprouvait un plaisir inattendu à les conserver par-devers elle un moment encore.
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