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Critique de Entrez_dans_les_livres


Un ouvrage à la couverture explicite et engageante, cela donne toujours envie de se ruer dans sa lecture. Pour celui-ci, j'ai tout de suite capté le message de la Seconde Guerre mondiale, et la première citation de la quatrième de couverture m'a engagé à le découvrir.

Nous sommes en 1992. L'auteur, Henri Cueco, a soixante-trois ans et se souvient de ses années de guerre à Uzerche, son village natal, au centre de la France, en Corrèze. Loin de Paris et des départements du nord-est, les habitants continuent leur vie normalement, en côtoyant néanmoins les maquisards.
En 1939, Henri Cueco a dix ans. Il en a quinze à la libération. La période de guerre a coïncidé avec les bouleversements du début de l'adolescence. Et pendant la première moitié du livre, ce n'est pas vraiment une « chronique des années de guerre » qui est livrée au lecteur. Plutôt un état des lieux de ses changements corporels et psychologiques qui entraînent des questions fondamentales sur la sexualité et l'amour chez les pré-adolescents. C'est avec nostalgie et tendresse que l'auteur se rappelle ses premiers émois, ses stratagèmes pour observer les jeunes filles et les femmes mais aussi de tout ce qu'adultes et plus vieux adolescents lui racontaient pour l'effrayer à ce sujet.
Cette première partie ne m'a pas vraiment plu car je ne m'attendais pas du tout à ce genre de récit. C'est intéressant, certes, et l'on a l'impression d'être dans un film tel que « La guerre des boutons ». Mais cela ne correspond pas à des chroniques de guerre comme on peut se l'imaginer. D'autant que j'ai trouvé les idées parfois désorganisées, à la manière de bribes de souvenirs arrivant en masse dans la mémoire du narrateur, sans ordre précis.

Dès la seconde moitié du roman néanmoins, le lecteur plonge vraiment dans la vie de l'auteur et des habitants d'Uzerche durant cette guerre. Les patrouilles allemandes, les couvres-feu, le maquis, les arrestations de juifs, la peur, les fusillades. Une atmosphère lourde et terrifiante, vécue à travers les yeux d'un enfant, pas encore assez mature pour comprendre tous les aboutissants de ce conflit.
Henri Cueco arrive parfaitement à rendre compte de cette situation ambigüe où on cachait les amis juifs mais où l'on ne croyait pas aux camps de concentration et où l'on pensait que seul les hommes seraient arrêtés par les SS. Dans la logique de ces citoyens, en quoi les femmes et les enfants représentaient un quelconque intérêt ? Et pourtant, le narrateur se souvient encore de cette petite fille, Sarah, qui un jour disparaîtra à l'arrière d'un fourgon allemand pour ne jamais réapparaître.
Cette seconde partie du roman m'a beaucoup plu. J'ai trouvé le narrateur vrai, attachant ; et l'histoire correspond davantage à ce à quoi le lecteur s'attend.

En plus de ces souvenirs, à chaque début de chapitre Henri Cueco réserve un paragraphe sur sa vie actuelle. Père et grand-père, il évoque ses petits-enfants qui sont maintenant sa vie, paisible. Mais il décrit parfois aussi la vie du village, les ragots entre voisins, tout ce qui fait vivre au quotidien ; un quotidien de paix.
J'ai beaucoup aimé ce parti pris de l'auteur de nous confronter à l'enfance puis à la vieillesse. Une enfance de résistance face à un long vieillissement sans héroïsme : « Il va falloir apprendre à mourir de maladie et de vieillesse. [...] J'ai raté ma guerre. J'étais trop jeune pour être un héros. » Un paragraphe magnifique, qui prend aux tripes, qui nous fait vaciller et réfléchir.

Un livre qui a tout à fait répondu à mes attentes dans sa seconde partie. Une déception sur la première partie.
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