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EAN : 9782362661549
160 pages
Talents Hauts Editions (11/02/2017)
4.02/5   148 notes
Résumé :
1916 : les hommes sont mobilisés sur le front. À l’arrière, les femmes prennent la relève. Parmi elles, Agnès est embauchée comme conductrice de tramway. Lorsque son mari, Célestin, rentre blessé de la guerre, il supporte mal qu’elle gagne plus que lui. Une fois la paix revenue, Agnès est renvoyée : les hommes doivent retrouver leur place.
Révoltée par cette injustice, elle s’engage dans le mouvement des suffragettes. C’en est trop pour Célestin.
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Décidément, la littérature ado réserve de bien belles découvertes. A travers l'histoire émouvante d'une jeune suffragette, "Celle qui voulait conduire le tram" nous plonge dans une histoire qui rejoint la grande Histoire, celle de ces femmes qui se sont battues pour avoir les mêmes droits que les hommes.

Nous sommes en 1916, à Lyon. Agnès Meunier, jeune mariée, est ouvrière tisseuse dans une usine. Son mari, Célestin, est à la guerre. Comme de nombreuses autres épouses, Agnès a dû mal à finir les fins de mois. Alors lorsqu'elle apprend que l'on embauche des femmes à la Compagnie des omnibus et tramways de la ville, elle n'hésite pas une seconde. C'est ainsi que la jeune femme est embauchée comme wattwoman, conductrice de tramway, un poste jusque-là réservé uniquement aux hommes et bien mieux rétribué que son ancien emploi pourtant bien plus pénible. Pour Agnès, c'est une révélation : elle aime ce métier et se sent enfin épanouie. Mais le retour de Célestin puis la fin de la guerre vont la ramener à sa condition de femme et lui faire prendre conscience qu'une bataille est à mener pour que les femmes, enfin, aient les mêmes droits que les hommes.
Quelle histoire émouvante que celle d'Agnès ! Autour de ce personnage très attachant, nous plongeons dans l'immédiate après-guerre, lorsque les femmes qui avaient contribué à faire tourner le pays durant quatre années, ont été tout simplement renvoyées à leurs fourneaux et à leur ménage. Agnès, comme beaucoup d'autres, après avoir connue l'autonomie et la liberté, subit l'humiliation de se retrouver cantonnée à un rôle de femme soumise. La victoire de 1918 a alors pour elle un goût bien amer... Découvrir que des femmes comme elle luttent pour obtenir les mêmes droits que les hommes est alors une bouffée d'espoir. Un autre avenir semble possible.

Autour du destin de cette jeune conductrice de tramway révoltée par l'ingratitude des hommes et du gouvernement, Catherine Cuenca mêle habilement fiction et faits historiques. Elle fait ainsi intervenir des personnages qui ont bien existé comme la féministe charismatique Madeleine Pelletier. Elle évoque également l'association féministe "La solidarité des femmes" ou encore les suffragettes en Angleterre qui manifestent pour obtenir le droit de vote bien avant la guerre. Les personnages fictifs apportent la touche émotionnelle à ce récit qui décrit toute la difficulté des femmes à se faire entendre à cette époque, révélant également à travers les doutes d'Agnès la difficulté de s'affirmer dans un monde d'hommes où les revendications égalitaires des femmes étaient réduites aux excentricités d'une bande « d'inverties » - entendez par-là homosexuelles - à cette époque où le port du pantalon était prohibé pour les femmes.

Que de chemin parcouru depuis cette époque… et quel chemin encore à parcourir. Car il est clair, contrairement à ce que pensait Madeleine Pelletier, que l'égalité politique n'a pas fait disparaître toutes les inégalités.
Un livre dont le thème est intéressant à débattre avec les jeunes et qui permet d'ouvrir de nombreuses discussions sur l'égalité homme/femme.
Surtout, un livre très émouvant qui permet de rappeler les sacrifices endurés par ces femmes, très courageuses, et pourtant bien vite oubliées.
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Un bon petit livre sur la situation des femmes pendant et après la première guerre mondiale. 100 ans après les combats ont changé mais ils existent encore. Un bon récit sur cette jeune femme qui voulut changer le monde et voter ! Un geste si simple pour nous. Et pourtant. On passe d'une guerre a une autre , sa nièce ira très loin pour que son honneur soit sauf et que son âme repose en paix .
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COUP DE COEUR

Agnès fait partie de ces femmes qui ont remplacé leur mari parti au front lors de la première guerre mondiale. Elle a été embauchée comme conductrice de tramways, métier d'ordinaire réservé aux hommes et pour lequel les femmes sont jugées « incapables ». Elle adore ce job.

Lorsque la guerre s'achève, elle est virée et doit retourner à l'usine où elle travaillait avec son mari. Ils s'aimaient ces deux-là avant cette foutue guerre. Mais Célestin rentre perturbé et infirme. Il a un sérieux penchant pour la bouteille et ne supporte pas que sa femme gagne plus que lui.

Agnès voit cela bien différemment : elle ne voulait pas laisser tomber son métier de conductrice et n'accepte pas l'idée qu'à l'usine une femme gagne deux fois moins pour le même boulot qu'un homme. Les femmes ont porté le pays à bout de bras pendant 4 ans après tout ! Il n'y a aucune reconnaissance, les femmes ne sont bonnes qu'à servir les hommes et s'occuper des gosses.

C'en est trop pour Agnès : elle s'engage dans le mouvement des suffragettes qui défend notamment le droit de vote des femmes en France. On est en 1919 et « voter, c'est exister » selon les féministes. Célestin voit cela d'un très mauvais oeil et la violence dans le couple va aller crescendo. Il ne faut pas oublier qu'à l'époque les femmes s'occupaient entièrement du foyer, il leur fallait une autorisation pour le moindre fait et geste à l'extérieur, il n'y avait pas de contraception, aucune indépendance financière possible, même pas le droit de porter de pantalon. Ca me paraît dingue quand j'y pense mais ce n'est pas loin.

Sans être une militante de la première heure, ce livre permet de ne pas oublier que la plupart de nos acquis politiques et sociaux, c'est grâce à des gens comme Agnès qu'on les a eus... Qu'être une femme « classique » à l'époque, c'était n'avoir aucune activité intellectuelle et n'exister que pour obéir, obéir, obéir encore et toujours. Mon Dieu, je ne pourrais même pas écrire de critique sur Babelio !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Même si être une femme dans le monde d'aujourd'hui reste plus difficile qu'être un homme - tiens, ça me fait penser qu'il y a une émission sur l'excision ce soir ; ça va changer de l'affaire Weinstein gggggggggrrrrrrrrrrrrrr – je considère que la femme française a bien plus de raisons d'être heureuse que ses grands-mères, arrières grand-mères...

L'écriture du bouquin est fluide et la fin bouleversante. L'histoire est scénarisée sous la forme d'un flash-back, construction narrative que j'affectionne particulièrement.
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Un autre titre ado sur la condition de la femme par Catherine Cuenca.

Certains jeunes lecteurs, devant l'éventuelle redondance, pourraient s'en lasser.

Et pourtant, c'est très intéressant et surtout, inspirant.



Pourquoi insister, hormis la passion du sujet?

Si vous vous êtes régalés avec "l'Assassin du Marais" avec la tentative historique des femmes de se faire élire à l'assemblée Nationale, vous devinerez que l'auteure joue aussi sa casquette de passeuse de grande Histoire, celle qui plante la graine, celle qui prépare.

Les futures lectrices ne seront pas prises au dépourvu, elles seront peut-être déja galvanisées d'une belle énergie de rétablir les équilibres comme leurs héroïnes et réduire les disparités sociales.

Qu'Alice Leroy et les Quatre Filles du Docteur March prennent garde, il y a de nouvelles héroïnes dans la place!



Revenons tout de même sur "l'Assassin du Marais, XIXème siècle, où inclure une femme à la tête du pays, quelque soit la fonction, était anti-constitutionnelle, non naturelle selon certains arguments avancés du livre.

Dans " Celle qui voulait conduire le tram", nous sommes dans la France d'Après-guerre( la seconde) au début du roman, nous reparlons des suffragettes, de ces femmes qui militent pour obtenir le droit de vote.

Voici où nous en sommes, au moment de l'histoire de Luce.

Luce va être le moyen pour l'auteure de souligner un paradoxe de l'histoire ( vous comprendrez).



Notre jeune héroïne apprend le décès de son oncle Célestin.

Luce a aussitôt une pensée pour sa tante Agnès et nous ignorons depuis des années ce qui a bien pu advenir d'elle.

Luce a sa petite idée sur le lieu de sa nouvelle "retraite" et compte s'y rendre, ce qui nous permettra à la fin de l'aventure de boucler la boucle, comme on dit.

Avec les pensées de Luce, c'est un retour dans le passé, dans celui d'Agnès.



Nous sommes cette fois à la fin de l'autre guerre( la première).

Comme les autres femmes, Agnès attend le retour de son époux mobilisé mais n'a pas pour autant chômée durant son absence.

Comme beaucoup, il a fallu remplacer les hommes partis combattre.

Certaines avaient arrêté l'école tôt mais certains postes laissés vacants étaient mieux payés.

Aussi Agnès se proposa en tant que receveuse du tram( contrôleuse de billet). Mais attention!

Avec le poste qu'on lui proposa, il y avait en plus la conduite de l'engin.

Un vrai défi.

Mais d'autres avant elle l'avait fait, alors pourquoi pas elle?



Nous suivons donc un de ces personnages féminins qui tentera de se dépasser malgré une époque peu favorable à l'émancipation féminine et c'est intéressant de voir que dans cette crise, finalement, une femme est bien reconnue aussi capable qu'un homme, puisqu'il y a des besoins et une urgence placés au dessus des préjugés.



Suivant cette logique où dans l'urgence il n'y a plus rien à redire, tout le monde s'y fait et notre Agnès rayonne déja de s'épater elle-même de son audace et de raconter tout ça à son époux quand il rentrera.

C'est une histoire touchante, très humaine que celle d'Agnès.

La 1ère Guerre arrivera à sa fin et au lieu de se réjouir complètement, la jeune femme craindra hélas aussi de revenir à sa vie d'avant, à l'usine payée deux fois moins qu'au tramway et qu'un homme.

Les remerciera t-on toutes bien poliment pour redonner du travail aux hommes de retour?

Dans quel état d'esprit seront-ils après ces épreuves loin de chez eux?

Célestin, démobilisé pour une blessure au pied, n'est plus le même, c'est certain et Agnès souffre de ne pouvoir le retrouver comme avant.

Une tragédie émouvante, une belle victoire aussi à côté de cela.

Un chouette portrait de femme.
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Agnès travaille dur à l'usine. La première guerre mondiale envoie son mari au front alors qu'elle a l'opportunité de devenir conductrice de Tram en remplacement d'un homme mobilisé.

Elle découvrir l'indépendance et la liberté.

Mais le retour de son époux , estropié et aigri l'incite à reprendre sa place de femme au foyer. A la fin de la guerre, c'est le retour des hommes et le renvoi des femmes des postes de travail qu'elles occupaient.

La société leur demande expréssement de retourner à ce qui était leur fonction première : la famille et la maison.

Agnès ne se résoud pas à ce retour à son ancienne existence. Elle se rapproche de militantes qui souhaitent l'égalité des femmes et le droit de vote. Son mari s'y oppose fermement. Agnès devra se battre. C'est alors qu'elle disparaît...

Un roman intéressant, bien écrit et qui dévoile parfaitement les conditions des femmes de l'après-guerre. Il est facile de se retrouver dans cette héroïne qui doute mais qui continu quand même à se battre.

Le jeune lecteur découvrira ainsi, à partir d'une trame policière, les dessous de l'Histoire.

A lire absolument !

Lien : http://www.nouveautes-jeunes..
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
- On doit trouver les moyens d'agir ! décrète l'ancienne receveuse d'un ton chargé de révolte. Ces quatre dernières années, nous avons démontré que nous valions autant que les hommes et on ne nous a accordé aucune reconnaissance, d'aucune sorte ! On ne peut pas se soumettre à une telle injustice ! Tu acceptes de vivre comme avant, toi ?

- Non, concède Agnès. Mais que pouvons-nous faire ?

- Il paraît que les députés débattent d'une proposition de loi pour nous accorder le droit de vote, chuchote Renée. Ils essaieront sûrement d'enterrer le projet en prétendant que les femmes, par nature, n'aspirent à rien d'autre que de s'occuper de leur famille et de leur maison. Le club organise une réunion la semaine prochaine pour discuter de la manière de les pousser à prendre la bonne décision. Il paraît que Madeleine Pelletier viendra tout exprès de Paris pour y assister, tu te rends compte ?
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La paix revenue, les femmes qui avaient vaillamment remplacé les hommes à tous les niveaux de la société et dans tous les métiers étaient priées de rentrer chez elles. Sans aucune reconnaissance ni contrepartie pour les efforts consentis pendant quatre ans.
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— Ma réussite ? souligne Agnès avec amertume. J'aurais réussi si la compagnie de tramway m'avait gardée dans son personnel !
— Tu as réussi à te faire embaucher à un poste important, insiste Félicie. Wattwoman, ce n'est pas rien... Si tu avais entendu ces commères avant ton arrivée ! Ça fait une semaine qu'elles parlent de ton retour. Elles sont toutes jalouses de toi, mais aucune d'elles n'a eu le courage de te suivre, en 1916 ! Si j'avais été plus âgée, je me serais présentée à la compagnie des tramways, moi aussi !
Des larmes de rage et d'envie perlent au coin des yeux de la jeune fille. Agnès lui presse mollement la main. Elle ne peut lui apporter aucun réconfort. Elle-même se sent tellement impuissante. Ses rêves d'une vie nouvelle sont définitivement enterrés. Rien n'a changé dans son existence. Au contraire, à vouloir défier l'ordre établi, elle s'est aliéné une bonne partie de son entourage. À quoi peut-elle se raccrocher désormais ?
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- Cette guerre a tout foutu en l'air, assène Célestin. A cause d'elle, je me retrouve estropié et toi tu passes tes journées aux manettes d'un tramway. Tu parles d'une chance !

Agnès est ébranlée. Voilà longtemps qu'il avait cessé d'évoquer son travail. Elle pensait qu'il avait accepté son choix de ne plus travailler à l'usine. Comment peut-il comparer le métier de wattwoman à une infirmité ?
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- Vous n'êtes qu'une poignée à vous agiter, comment peux-tu parler au nom de toutes les femmes ? soupire Célestin. Pourquoi tu ne peux pas te comporter comme les autres ? Comme une femme normale !

- C'est quoi, au juste, une femme normale ? Une boniche sans cervelle, une esclave que tu sonnes quand tu as besoin d'elle ?

- Ces saletés de gouines t'ont tourné la tête, ma parole !
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