De sa fenêtre, la blonde Lena aperçoit son amie d'enfance enjamber le petit balcon de sa chambre et s'y engouffrer furtivement.
Où est elle partie vagabonder?
Lena Landucci se mordrait probablement vivement les lèvres à envisager Carla en ses termes désobligeants. Elle souhaiterait tout savoir par curiosité et envie, bien sûr.
La brune Carla est une aventureuse, une passionnée, leurs escapades secrètes ne manquent jamais de les amuser comme des enfants fripons volant des sucreries dans une cuisine.
Non, « vagabonder » serait un terme employé par Maître Savino Ricci, l'oncle de Carla. Lui aussi s'est hélas mis dans l'idée qu'à quinze ans, il est grand temps de prendre mari.
Le père de Carla l'a déjà promise à un riche commerçant de laine bien plus vieux qu'elle pour ses seize ans et la jeune fille s'est résignée à son sort.
Carla considère tout ce qu'elle laisse, tout ce dont elle a envie, tout ce qu'elle n'a pas encore réalisée. Peindre, déjà. Maître Ricci fait surveiller sa nièce par Fulvia la bonne afin qu'elle ne retourne plus dans ces rues malfamées où se trouvent la boutique de couleurs.
Toujours dans le plus grand secret, les deux jeunes filles prétextant être l'une chez l'autre, continuaient de s'y rendre pour les besoins artistiques de Carla. La marchande lui fit d'ailleurs cadeau d'une étrange pierre de lune, réputée pour préserver la vertu.
Lena trépignerait probablement à l'idée de ne pas savoir ce soir d'où vient Carla l'intrépide.
La veille encore, cette dernière trouva un mot coincée dans ses volets en bois à la tombée de la nuit. « Chère demoiselle, Je serais honoré de prendre votre visage comme modèle pour ma prochaine sculpture. Rendez-vous, je vous en prie, à l'atelier de la rue du Sasso, en face de la taverne du Trou, ce soir après les vêpres.
Avec mon plus profond respect,
Vincenzo Montoni. »
Encore une escapade. Peut-être revient-elle de ce rendez-vous? La croisée de Carla n'est pas encore fermée, Lena, la curieuse, ouvre aussitôt sa fenêtre...
: « La Malédiction de la Pierre de Lune » est une série qui promet. La tension monte doucement autant que les événements s'enchaînent entre aventures espiègles et mésaventures étranges.
Carla est le personnage central de cette aventure qui se déroule dans l'Italie du XVème siècle.
Les deux amies sont attachantes et très complices, nous sommes aussitôt pris dans le lien et happé vers les jolies cachotteries. A ces temps d'insouciances s'opposent les vrais secrets, beaucoup plus durs, presque mortels. le fantastique entre en jeu, mais pas trop, il occupe l'importance que l'auteure
Catherine Cuenca lui a accordé dans l'intrigue. le pouvoir de la pierre de lune fait son oeuvre. Il est question de sorcière brûlée sur le bûcher et de guerre de pouvoirs entre les familles riches et Mécènes de Florence, les Médicis et les Pazzi. le passé de Carla se trouve étroitement lié à cette « guerre des roses » et cela concerne sa mère.
Pensant venger sa mère, dommage injustement collatéral, la jeune fille opposera le poison au poignard et l'action monte, les passions aussi.
Ce premier Tome « Florence » parle également de romance, de muse, d'inspiration. Amoureuse de la peinture et du dessin, Carla se trouve choisie pour incarner une belle taillée dans la pierre par le ciseau d'un artiste d'un atelier réputé. le bel artiste ne l'a pas choisi par hasard et le mystère suit de nouveau la révélation sur le destin de Silvia Barattini, la mère de Carla.
Vraiment sympathique et palpitant, les fans de l'autre série de la même auteure se déroulant à la Révolution, « Le passage des Lumières », se régaleront de l'excellente vulgarisation historique et de la création de bonnes intrigues comme sait les mener
Catherine Cuenca. de toutes évidence, l'auteure a plaisir à mettre en avant des jolies jeunes filles entières et au franc parler.