AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Bobby_The_Rasta_Lama


"This old man, he played one
He played knick-knack on my thumb
With a knick-knack paddywhack
Give the dog a bone
This old man come rolling home"
(comptine)

C'est assez rare que j'apprécie un pastiche holmésien...
J'ai grandi avec les histoires de Conan Doyle; ce bon Holmes m'est devenu un ami qui m'accompagne depuis toujours, mais je n'ai jamais vraiment accroché à ses dérivés.
J'ai donc pris ce "A Slight Trick of the Mind", qui est devenu "Mr. Holmes" (film), qui, lui, est devenu "Les abeilles de Mr. Holmes" (?) avec un peu d'appréhension.
Mais le livre de Cullin m'a étrangement émue. Il ne joue pas à paraphraser Doyle et inventer d'autres aventures incroyables et palpitantes à Holmes - il met plutôt en avant ses palpitations cardiaques... Ses 93 ans, sa démarche et sa mémoire chancelantes.
Quelque chose qui aurait pu être, si...

Nous sommes en 1947. Watson est mort depuis longtemps. Mycroft, Mme Hudson, Moriarty... que des ombres du passé. Et, à sa façon, ce fameux détective londonien - avec sa casquette, sa pipe et son violon - est mort lui aussi. Ils font tous partie de souvenirs de plus en plus brouillés de ce nonagénaire, qui se déplace à l'aide de deux cannes pour s'occuper de ses ruches et profiter de son jardin à la campagne.
Que c'est difficile de se réveiller au milieu de la nuit pour ne plus s'endormir, en cherchant un souvenir ou une pensée qui vous échappe ! Que c'est frustrant de trouver ses poches remplies d'objets dont vous ne vous souvenez plus pour quelle raison vous les aviez gardés ! De retrouver les notes oubliées qui datent d'avant-hier, et qui ne vous disent plus rien.
De ne plus se déplacer aussi vite et de perdre le fil de plus en plus souvent...

Et quand le présent se perd, le passé ressurgit parfois avec force - comment étais-je vraiment ?
Moi, l'infaillible Holmes, un cartésien à la logique implacable et au raisonnement mathématique; étais-je jamais capable d'un vrai sentiment envers quelqu'un ? Ai-je ressenti ce que les gens ordinaires appellent "l'amour" ?
Tiens, il faut que j'essaye de mettre mes souvenirs à ce sujet dans cette histoire de "L'orgue de verre"; mais je n'écris pas aussi bien que ce bon vieux John, dommage !
D'ailleurs, je n'étais jamais à l'aise pour exprimer ce que je ressens... Voyons, ce petit Roger, fils de ma gouvernante - je l'aime bien. Je crois qu'il le sait, c'est un gars intelligent. Et il aime les abeilles...
Ah, et il faut que je vous raconte aussi mon récent voyage au Japon, et ce triste cas de Mr. Umezaki. Pourvu que ma mémoire tienne ! Je suis allé au Japon pour trouver un arbuste de longévité, alors, pourquoi suis-je revenu avec une ampoule contenant deux abeilles mortes ? Je les ai données à Roger.
Roger... après ce qui s'est passé, sa mère me croit sans coeur. Est-ce que Mycroft ou John aussi m'ont toujours cru sans coeur ?
Tout ça est si loin, et pourtant...

Je ne sais pas si je dois conseiller cette lecture aux puristes de Doyle. Les avis sur le livre sont très variés !
Pour ma part, quelque chose dans cette histoire m'a vraiment touchée...
L'âge est sans pitié. Même pour ceux que l'on croit immuables. Même pour Holmes.
Commenter  J’apprécie          477



Ont apprécié cette critique (39)voir plus




{* *}