Puis il a ouvert les yeux. Et en a refermé un presque aussitôt. Je n'aurais jamais imaginé que quelqu'un puisse m'adresser un clin d’œil en pareilles circonstances ; c'était pourtant ce qu'il venait de faire.
"Vous avez peur ? a-t-il demandé, très bas mais distinctement.
- Non", j'ai dit, puis : "Si.
- C'est bien. Moi aussi, a-t-il dit avant de lâcher un soupir et de refermer les paupières.
- Vous pouvez bouger ? je lui ai demandé.
- Je suis venu jusqu'ici en me traînant à quatre pattes et en rampant sur le ventre. Je pourrais peut-être pousser un tout petit peu plus loin s'il y avait un endroit où aller.
- L'école Farnsworth est juste au-delà de ces bois, je lui ai dit. C'est le pensionnat pour jeunes demoiselles de Miss Farnsworth."
Il a réfléchi un instant. Puis : "Il y a des hommes, là-bas ?
- Pas d'hommes, non. Juste cinq élèves en me comptant moi... et aussi Miss Martha Farnsworth et sa sœur, Miss Harriet Farnsworth. Je ne dis pas que vous y serez complètement le bienvenu, mais ce sera toujours mieux qu'ici.
- Il y a du vrai là-dedans. Je vais accepter votre invitation. Voyons si, par hasard, je ne serais pas capable d'y aller à pied. Pouvez-vous m'aider à me lever ? J'ai la tête qui tourne.
"Mais en quoi suis-je vilaine avec toi ?" a-t-elle voulu savoir [...]
"Tu n'es pas vraiment méchante, en fait, répondis-je. Tout bien réfléchi, je crois que tu es la personne la plus non vilaine que je connaisse."
Vous venez d'inviter le chaos dans cette maison, malheureuses !
S'il donna l'impression d'avoir le dessus à Farnsworth pendant un temps - ce qui fut effectivement le cas - jamais il ne se départit de la crainte que lui inspirait ma sœur.
J'dirais que c'est un corbeau, répondit-elle, un vieux corbeau à la langue bien pendue. Les corbeaux, ça jacasse sans arrêt, ça se pavane, et ça aime tout c'qui brille.
Je n'avais aucune idée de tout le mal qu'on avait au fond du coeur, nous toutes. On dirait que personne ne prend jamais le temps de réfléchir à tout le mal qu'on peut amasser au fond de nous...de s'dire qu'une petite pensée mauvaise vient s'ajouter à une autre jusqu'au moment où y suffit que d'un mot de travers pour tout déclencher....et peut-être même une petite chose de rien qu'elle nous aurait même pas échauffé l'esprit dans une période plus calme...et là on fonce tête baissée et on fait des choses qu'on aurait juré devant le Seigneur tout-puissant d'être pas capables de les faire.
Disons que je ne le tiens plus en très haute estime, après ce qu'il vient de faire.
Je sème la zizanie chez vous, m'dame ... Ça saute aux yeux, n'est-ce pas ?
Il avait l'air à moitié mort quand Amelia l'a ramené au pensionnat. Au premier regard, il ne me parut pas beaucoup plus grand qu'elle alors que c'est une fillette plutôt menue. Mais ensuite, quand nous avons commencé à le connaître, il nous a semblé un peu plus imposant.
-[...] C'est comment déjà, ce livre écrit par un Grec?
-L'Iliade, d'Homère, le renseigna Edwina Morrow, le couvant avec des yeux brillants.
-C'est ça, opina-t-il. Ma foi, ce monsieur aurait été en reste d'intrigue si la ville s'était écroulée dès le premier assaut. De nos jours, plus aucun poète n'écrit sur la guerre...et pour cause. Il n'y a rien de très poétique à se faire pulvériser par une machine...