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EAN : 9782253109952
630 pages
Le Livre de Poche (20/10/2004)
4.06/5   115 notes
Résumé :
Le 24 décembre 1534, place Maubert, pendant que chacun s'apprête à fêter Noël, un imprimeur, suspect d'hérésie, est pendu, son corps et ses livres brûlés.
Homme de lettres, érudit, Antoine Augereau a connu les intellectuels les plus brillants des débuts de la Renaissance, à Fontenay-le-Comte où il passa son enfance à l'ombre du couvent qui accueillait François Rabelais, à Poitiers durant son apprentissage, et enfin, rue Saint-Jacques où il s'installa en ces t... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Sur le papier, ce livre a tout pour me plaire: l'intrigue se déroule sous François I et s'attache aux premiers imprimeurs confrontés à la montée du protestantisme et à la contre-attaque du clergé catholique.
Détaillons: Garamond a appris son métier auprès d'un maître qui est devenu son beau-père, il s'est marié, n'a pas eu d'enfant mais s'est installé à son compte. Son beau-père à été jugé et condamné à mort pour avoir imprimé un texte écrit par la soeur du roi, proche des réformés.
Et bien voilà, vous savez tout ce qu'il y a à savoir et je viens de vous éviter de looooongues et fastidieuses heures de lecture.
Quand je pense que dans certains romans il ne se passe rigoureusement rien et qu'on les dévore, l'oeil humide et le ventre noué. Mais là, bon sang, je comprends bien que tous les auteurs de roman historique ne soient pas aussi doués que Dumas, mais avec un sujet pareil, il y avait tout de même de quoi nous embarquer au coeur palpitant de la naissance des temps modernes. Et bien non, nada, rien de rien, aucune chair, aucune émotion, aucun souffle.
À la place, on a un robinet d'eau tiède, genre copie de bonne élève, à qui son prof de khâgne aurait demandé de rédiger un roman à la manière de Yourcenar. Alors, c'est sûr, elle s'est appliquée, elle a fait des recherches, et c'est name dropping à toutes les pages (et que je te rencontre Rabelais, et que je te taille une bavette avec Marot). Moi, je suis d'accord pour qu'elle ait une bonne note. Mais par pitié, qu'on refile son manuscrit à quelqu'un qui sait écrire et raconter une histoire! Ou alors qu'elle se fasse éditer dans une collection historique, "La vie privée des imprimeurs sous François I", et là au moins on saura ce qu'on achète.
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Le maître de Garamond, de Anne CUNEO (lu en Ed.: le livre de poche, n°30190) est pour moi un vrai coup de coeur! Merci à l'amie qui me l'a fait découvrir...

En 1534, à la veille de Noël, Maître Antoine Augureau, imprimeur et fondeur de caractères est, hors de tout procès conforme au droit, déclaré hérétique, pendu puis brûlé avec ses livres sur le bûcher de la honte, celui que la faculté de théologie de la Sorbonne dresse depuis des années déjà pour asseoir son pouvoir. L'enjeu est d'importance, il faut maintenir le peuple dans l'ignorance, l'empêcher de se référer à des textes traduits dans la langue vulgaire qui est la leur, le français! La facilitation de l'accès aux écritures d'origines ne peut être admissible pour ces théologiens qui exploitent le peuple par leurs sermons dont le sens est parfois à l'opposé du message originel. La papauté a consacré le commerce des messes et des indulgences, puits de revenus prélevés auprès du peuple à qui il suffit de faire peur face aux affres du jugement dernier. "Dieu ne pourra les pardonner de tous leurs méfaits s'ils n'ont pas contribué à la puissance de l'Eglise romaine en se délestant de leurs maigres revenus pour racheter leur salut!" Si facile à dire lorsqu'on se pose en hommes de Foi, détenteurs de la Connaissance et qu'on cache, derrière le charabia interprétatif des textes, l'essence même du message de pardon d'amour prôné par le Christ!

Luther, Calvin, les évangélistes, Marot, Rabelais, les intellectuels les plus brillants des débuts de la Renaissance et, avec eux, tous les imprimeurs qui osent deviner l'avenir qui s'ouvre au monde, tous ces éveilleurs de conscience sont tracassés, pourchassés, déclarés hérétiques. Pour la Sorbonne, toute personne les soutenant, osant rapporter leurs propos ou simplement ne pas s'en offusquer, doit être soumise à cette inquisition et promise au bûcher. Que d'obscurantisme, au nom de Dieu! Que d'énergie malfaisante dépensée dans le seul but de s'octroyer un pouvoir intellectuel sans fondement!

La mort d'Antoine Augureau, Maître Claude Garamond, son plus célèbre disciple, ne peut l'accepter. Sous la plume habile de Anne CUNEO, il va entreprendre le récit de sa vie, du gamin apprenti jusqu'au Maître graveur qu'il est devenu dans la ligne humaniste de son Maître Antoine. Il nous conte ainsi la fidélité, l'engagement réciproques entre Maîtres et apprentis. Il fait la part belle à la noblesse de coeur, à la droiture et au dévouement sans limite des petits gens envers les justes. Il étaye son récit par l'apport de contes anciens, de farces jouées sur la place publique, d'extraits de grands textes qui, deviendront plus tard, des monuments de la littérature française! le récit est vivant. On chemine avec Claude Garomond., on a faim et froid avec lui, on apprend, on lutte, on gagne et on perd avec lui. On fait nôtre ses émotions, sa participation aux échanges d'idées, sa soif de justice, son obsession de la réalisation parfaite. Une histoire d'apprentissage. Un parcours de vie d'une violence, d'une âpreté et d'une exigence qu'on oublie trop souvent de réaliser lorsque, distraitement parfois, on ouvre et feuillette un bouquin sans trop penser aux combats qui ont été menés pour que nous ayons accès à la lecture!

De manière romanesque, certes, mais solidement ancrée dans les recherches historiques menées, Anne CUNEO nous offre le récit de l'épopée de quelques sages en quête de vérité, de sens et d'ouverture au monde nouveau qui s'offre à eux. Ils ont pour noms: Luther, François Rabelais, Marguerite de Navarre, Mâitre Antoine Angureau et son disciple Garamond à qui on doit l'invention des accents, de la cédille, puis la gravure des caractères typographiques qui sont à la base de ceux qui servent notre lecture aujourd'hui.

Et c'est là une autre raison d'appréciation sans limite de ce livre. On y découvre le récit du combat des imprimeurs pour nous permettre de lire en langue vulgaire, la nôtre, celle qu'on comprend le plus aisément. Combat, on le verra, porté au péril de leurs vies. Combat pour que puisse naître un caractère qui facilite pour l'oeil le plaisir de la lecture et de la découverte du sens. Que serions-nous devenus, nous, amoureux des livres, si de tels géants n'avaient pas combattus pour un savoir partagé, accessible, fécond pour une pensée libre, ouverte et confiante en ces temps nouveaux qu'il nous faut toujours tâcher de comprendre au plus près de nos réalités? Que serions-nous devenus?

Enfin, ce livre est criant d'actualité lorsqu'il met au jour les méfaits de serviteurs faussaires des idées fondatrices des religions. La faculté de théologie de la Sorbonne au 16e siècle, les fondamentalistes de l'Islam aujourd'hui. Les raisons sont les mêmes, non? Asseoir un pouvoir sur le dénis du droit à la connaissance, à la compréhension, à la mise en débat et perspectives d'idées qui auraient tout à gagner d'être discutées, proposées, jamais imposées!

Le Maître de Garamond, un livre d'histoire qui invite au respect des anciens et qui nous ouvre à la compréhension de l'avenir. Un livre à partager!
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Une très lecture à la fois divertissante et enrichissante.
Un saut en arrière dans le passé et nous voilà en 1534 à Paris. Antoine Augereau, imprimeur, est soupçonné d'hérésie et il est condamné au bucher.
Pour faire simple, il a des idées opposées à celle de l'Eglise, dont le bras armé est composé des théologiens de la Sorbonne. Il leur reproche (et il est loin d'être le seul à cette époque) les ordonnances que les prêtres vendent sans retenue pour absoudre ses péchés. Il soutient également que les textes sacrés (ancien et nouveau testament) doivent être traduits en français, imprimés et accessibles à tous, ce qui permettrait une compréhension fine de la religion, non pervertie comme lorsque les prêtres s'autorisent à détourner les textes et leur sens initial en leur faveur. Cela vous rappelle quelque chose, non ? Luther et Calvin ne sont pas loin en effet.
Le parcours d'Antoine, la vie au XVIème siècle et le monde de l'imprimerie/des éditeurs/de la typographie nous sont narrés par son apprenti Claude Garamond. C'est l'occasion de rencontrer des personnages illustres de l'époque : François Villon, Clément Marot, Erasme ou encore Rabelais, mais aussi de découvrir l'histoire de cette police, Garamond, et de comprendre le fameux « serif » que l'on voit sur nos ordinateurs !
Un très bon roman que je ne peux que vous conseiller.
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Issu d'une famille de drapiers, Claude Garamond découvre, émerveillé, l'imprimerie. Aux côtés de Maître Antoine Augereau, il débute alors son apprentissage. Mais plus que les techniques d'impression, la composition et la réflexion sur les textes, ce sont le dessin et la fonte de caractères qui l'attirent. Contrairement à son maître, clerc reconnu dans le milieu intellectuel, Claude se considère comme un simple artisan – un artisan au service de l'intellect tout de même. Seulement, face à une Église qui entretient le monopole des connaissances et chasse l'hérésie à tort et à travers, chercher à créer des caractères qui puissent être lus facilement par le plus grand nombre est une démarche engagée… et risquée. de Paris à Bâle, en passant par Venise et Poitier, aux côtés des plus grands du début de la Renaissance – Rabelais, Marot, Villon… –, il découvre un monde plein de richesses mais peu à peu en proie aux dérives les plus dangereuses.

Le Maître de Garamond, c'est une fresque humaniste, une aventure intellectuelle, une histoire de passions et de réflexion. En bref, un roman historique réussi. Anne Cuneo parvient avec brio à accrocher l'attention de son lecteur. D'ailleurs, tout est mis en place pour le plonger dans l'ambiance de l'ouvrage : le texte composé en Garamond, le style fluide qui s'accorde au propos, l'équilibre entre Histoire et histoire personnelle. Possédant quelques légères lacunes en termes de culture religieuse, il est agréable d'avancer de concert avec nos héros sur les cheminements de la pensée et de la théologie – pas de conversion en vue, rassurez-vous !

Un ouvrage d'où transparaît un amour des phrases, des mots, des lettres et de leurs graphies, tendant vers la construction d'une pensée cohérente, d'une médiation la plus large possible… Depuis cinq siècles, un bel idéal !
Lien : https://auxlivresdemesruches..
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Quelle jolie lecture!!
Ce livre m'a vraiment transporté dans un autre temps. Lire est devenu une chose tellement naturelle que l'on a du mal à imaginer que des hommes se sont battus pour permettre l'accès aux livres imprimés à tous. Et c'est là que nous transporte ce livre, aux débuts de l'impression, au passage du latin au français et des lettres gothiques à des lettres plus faciles à déchiffrer.

On assiste à la naissance d'idées nouvelles et à l'humanisme, cette volonté de mettre la connaissance à portée de tous.

Certaines notions me paraissaient un peu obscures, comme le luthéranisme ou le calvinisme, mais ce livre m'a permis de comprendre les enjeux de la crise des religions frappant cette époque. La naissance d'un schisme entre catholicisme et protestantisme s'est accompagnée de nombreuses persécutions de la faculté de théologie de la Sorbonne.

J'adore apprendre tout en lisant et ce livre remplit pleinement cet office. C'est historiquement fouillé et très agréable à lire. Il y a quelquefois quelques longueurs mais cela ne m'a pas gêné outre mesure.

En bref, un bon moment de lecture et de culture.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
«L’imprimeur est loué pour la précision, la propreté de l’impression, pour la pureté de la correction, et tout ce qui s’ensuit », disait Francesco d’une voix courroucée. « Faut-il encore qu’il s’approprie les louanges qui appartiennent à des hommes qu’on a laissés dans l’oubli, quoiqu’on leur ait l’obligation de ce que l’Imprimerie a de plus beau ? Aujourd’hui, tout le monde admire mon italique, mais moi, on ne sait plus que j’existe. Il y a même des gens pour penser qu’il a été gravé par Alde, comme si ce savant penseur savait faire cela. Je m’étonne que tous ceux qui s’extasient sur le mérite des imprimeurs ne disent mot des graveurs en caractères ; pourtant, l’imprimeur, ou plutôt le typographe, n’est au graveur que ce qu’un habile chanteur est à un bon compositeur de musique.»
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D’un crayon agile, il a tracé les lettres :

MISET…BALI…RIBITORIAD

« Celles-ci étaient sur une pierre brisée, le reste manquait. Elles me plaisaient tout particulièrement, à cause de leurs proportions. Je n’avais pourtant jamais entendu parler de calligraphie humaniste, à l’époque. Tout juste de typographie. »

Maître Lefèvre les a contemplées, d’abord de près, puis de loin.

« Et maintenant, on vous envoie à Venise ? Je trouve l’idée excellente. »

« C’est essentiellement pour trouver des textes à publier. »

« Profitez-en pour apprendre ce que Venise peut transmettre. Vous ramènerez n France ce que notre compatriote Nicolas Janson, qui a quitté Paris pour apprendre l’imprimerie et n’y est jamais revenu, a laissé là-bas. » Il s’est soudain ressouvenu de moi. « Toi aussi, tu pars pour Venise, à ce qu’il paraît. N’oubliez pas, mes enfants : la manière dont l’Écriture sera couchée sur le papier, le fait qu’elle soit ou non lisible, cela est aussi vital que la pureté même du texte. »

Il a fouillé dans ses papiers.

« Puisse le paysan au manche de sa charrue en chanter des passages, le tisserand en moduler des bribes dans le va-et-vient de ses navettes, le voyageur alléger la fatigue de sa route avec des histoires ; puissent celles-ci faire les conversations de tous les chrétiens ! C’est beau, n’est-ce pas ? C’est mon ami Didier Érasme qui m’écrit cela. C’est une leçon qu’il faut retenir jusque dans la forme des lettres. »

« Vous devriez dire cela à Maître Estienne », a fait observer Maître Antoine. « Je crois qu’il ne le sait qu’à moitié. »

« Le simple fait qu’il vous envoie à Venise prouve qu’il le sait suffisamment. »

Là-dessus, nous nous sommes remis aux corrections. J’avoue ne pas avoir été tout à mon affaire. Ce qui s’était dit, le rôle que Maître Lefèvre attribuait à la typographie, me troublaient. Le métier que j’étais sur le point d’embrasser m’apparaissait soudain, pour la première fois, non plus comme un travail artisanal, mais comme une aventure de l’esprit.
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"Les évangélistes intransigeants m'insupportent tout autant que les romains bigots. Pour les mêmes raisons: lorsqu'on se laisse aller aux extrêmes, ce qui est plus facile que de réfléchir, on devient idiot. Les idioties sont différentes, mais elles n'en sont pas moins des idioties. Toutes, et elles sont dangereuses. Il faut discuter, et non s'entre-tuer. Sinon l'Humanité ne s'élèvera jamais plus près du ciel."
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Les fanatiques m’horripilent et, je ne sais pourquoi, le monde finit toujours par leur appartenir. Ce ne sont que quelques illuminés, des inconscients qui se sentent autorisés à agir en notre nom sans rien nous demander, et qui nous abandonnent ensuite avec le sang et les cendres qu’ils ont répandus dans leur sillage. La plupart de ceux qui paient ne sont pas responsables, ils ne savaient rien de ce qui se passait.
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Maître Beda n'y est pas allé de main morte : dans la préface déjà, il insulte les humanistes à grands coups de sabelliens, eunomiens, donatistes, hérétiques honteux, vaudois, hussites, wiklefistes déclarés, blasphémateurs, impies, immoraux. Qui plus est, il se vantait de ne pas avoir lu les livres qu'il condamnait. Douze ans après leur parution, il découvrait soudain cent quarante -trois propositions hérétiques, pas moins, dans les Commentaires sur les Epîtres de Paul, qu'il prétendait pourtant ne pas avoir lus !
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Musique: "Taraf de Haïdouks", orchestre 100% Rom.
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