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Critique de latina


Virginia Woolf. Ecrivaine. Femme rebelle à l'autorité masculine encore si prégnante en 1923, rebelle aux conventions sociales, rebelle à la figure féminine docile et maîtresse d'elle-même, rebelle à la vie calme et endormante de la banlieue londonienne...et pourtant soucieuse d'agir « comme il faut », soucieuse d'obéir à son mari si aimant, soucieuse de ne pas déplaire à sa cuisinière. Mais Virginia est tellement autre chose ! Tellement complice de l'âme des autres, de ce qui ne se dit pas, et à la recherche du style qui révèlera la profondeur qui est en elle. Elle écrit « Mrs Dalloway ». Elle essaie, du moins, car elle est en proie à de terribles migraines qui sont le terrain de la folie...

Nous y voilà : « Mrs Dalloway » crée un réseau de correspondances avec d'autres femmes, d'autres époques.
Clarissa Vaughan, Américaine moderne d'une cinquantaine d'années, surnommée « Mrs Dalloway » par son meilleur ami. Lesbienne, essayant d'être dans le courant de la vie, de ne pas se laisser hanter par le vieillissement. Désespérée de voir son meilleur ami en train de dépérir du Sida, le cerveau ravagé par la folie. Une femme qui se veut forte, qui prend son destin en mains, même si elle se rend compte qu'il lui échappe, souvent.
Laura Brown, enfin, mariée et mère au foyer, enceinte de son 2e enfant, prise au piège de la servitude des faux-semblants, empêchée de rayonner. Car nous sommes en 1949, et c'est un devoir de servir son mari héros de guerre. Elle voudrait tant avoir le temps de lire « Mrs Dalloway » et de s'accomplir par elle-même.

D'un chapitre à l'autre, nous passons de l'une à l'autre, et ce continuel va-et-vient tisse un entrelacs de complicité, de féminité, de désir d'être soi et de faire du bien aux autres, quand même. Difficile, car la dépression, la folie et son cortège de cauchemars pouvant mener jusqu'au suicide sont là, tapis, prêts à mordre.

Je termine en mélangeant des expressions de l'auteur pour construire ma propre définition de ce roman : « Méditation exhaustive sur 3 femmes, qui veut pénétrer l'opacité des choses, les canaux obstrués, atteindre l'or, un autre soi presque indescriptible, ou plutôt un soi parallèle, un second soi plus pur. »

Ce roman atteint à l'essence même des êtres. J'ai adoré cette plongée dans les eaux troubles de l'âme, servie par la langue mélodieuse et vraie de l'auteur. Sublime !
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