AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de darkmoon


1. Critique du roman :

The Hours représente les Heures propices et fugitives que trois femmes subissent: trois femmes dépressives qui vivent malgré elles dans une époque où elles ne s'affirment pas; trois femmes qui vivent le mal être de leurs vraies sexualités; trois femmes qui préfèrent renier leur existence plutôt que de la subir lors de ces heures qui ne finissent pas ; trois femme unies par un seul bouquin intitulé "Mrs Dalloway" que l'une écrit, une autre lit, et une autre vit.

A la base il y a Virginia Woolf, sa vie, son oeuvre, son suicide. Et surtout son roman phare, Mrs Dalloway, qui bercera trente ans plus tard de sa litanie douce-amère l'existence morne et pleine de regrets de Laura Brown. Puis qui, à l'aube du nouveau millénaire, donnera à Clarissa Vaughn son surnom, celui par lequel l'appelle son ami, poète condamné. Trois destins croisés aux ramifications multiples, complexes, enfouies.

C'est vrai qu'au début de cette histoire, il ne se passe pas grand-chose: description de différentes vies banales, sans grand intérêt. On s'attend à une énième histoire à l'eau de rose qui endort plus qu'elle n'éveille l'attention du lecteur. Cependant, fort est de constater la puissance de ce roman dans les deux derniers tiers. The Hours bascule dans l'émouvant, le déroutant, voir l'inquiétant à certains moments. L'intrigue gagne de plus davantage d'intérêt lorsque l'on commence à cerner les liens qui existent entre ces trois destins. Ainsi, la recherche du bonheur personnel, la fragilité de la vie, la futilité de l'existence dans un corps et dans une vie que l'on peine à appréhender prennent alors tout leur sens.

The Hours est à lui seul un roman fleuve, une oeuvre contemplative qui se délivre à nous sous la forme d'un triptyque. L'histoire de trois femmes vivant toutes des difficultés surmontables ou insurmontables. Trois femmes qui se distinguent par leur mal être et où le mot bonheur ne signifie plus rien. Une oeuvre qui se veut « dépressive » ou complexe tant par la dureté des propos que par l'osmose qui peut y renier. Un drame marquant de par le désoeuvrement psychologique dont les personnages s'adonnent et s'abandonnent, un lâché-prise total et irréversible. Les notes d'espoir pèsent bien peu face au mal-être de ces destins croisées qui sombrent, debouts et surtout conscients, dans les abîmes obscures des leurs espérances inaccessibles ou inassouvies.

The Hours est un roman qui vous vide de toutes émotions, qui vous rend amoureux de la vie, et qu'on quitte le coeur gros, très gros. Michael Cunningham réalise sans conteste son oeuvre la plus troublante, la plus aboutie et la plus terrible. On suit des femmes qui souffrent de l'âme, des écorchées vives qui cultivent les apparences et les faux-semblants pour mieux pleurer, puis s'effondrer en cachette. On est au-delà de la justesse : on atteint un niveau d'empathie phénoménale pour ces trois héroïnes.

2. critique du film :

Du manuscrit original, pour lequel l'auteur reçut le Pulitzer, on pouvait craindre une adaptation au mieux réductrice : il n'en est rien. Daldry illustre les innombrables imbrications par un montage magistral, donne un corps à l'infinité de parallèles et de niveaux de lectures, leur rend tout leur sens, toute leur force. La reconstitution de la banlieue trop calme où s'éteint la romancière anglaise, celle du quartier 50's empli de joie artificielle sont éminemment réussies. Mais c'est bien le casting qui crève l'écran. Nicole Kidman est éblouissante, Julianne Moore bouleversante ; en face Meryl Streep, pourtant pas manchote d'habitude, respire l'Actor studio. Derrière elles se croisent un Ed Harris très appliqué, un Jeff Daniels étonnamment subtil, un Claire Danes délicieuse, un épatant petit Jack Rovello. Tant de mélancolie n'atteint pas toujours sa cible, mais l'ensemble est indéniablement d'une puissance rare.
Commenter  J’apprécie          4811



Ont apprécié cette critique (37)voir plus




{* *}