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Critique de maevedefrance


Traduit par Marie Hermet
Ambre vit à Londres, dans le quartier de Brick Lane avec ses deux pères. Au lycée, elle est harcelée par les autres élèves qui la traite d'"homo", de lesbienne, comme si cela était une honte. Ambre a deux passions dans la vie : Oscar Wilde, dont elle rêve de visiter la tombe au Père Lachaise, et son blog. Elle habite une maison ancienne qui aurait pu être la sienne.
La jeune fille adore les objets anciens et a pour habitude de se vêtir comme un dandy, ce qui la rend suspecte aux yeux des filles formatées, comme clonées sur le même modèle.
Quand ça va mal, Ambre se plonge dans les citations d'Oscar qui lui permettent de prendre de la distance. Un soir, n'en pouvant plus d'être le mouton noir, ses yeux tombent sur cette citation : "Oui : je suis un rêveur. Car le rêveur est celui qui ne trouve son chemin qu'au clair de lune, et son châtiment est de voir l'aube bien avant le reste du monde." Ambre décide que les choses doivent changer. Ca ne peut plus durer. "Elle était à Londres, une ville qui comptait des millions d'habitants. Il y avait forcément des gens comme elle quelque part. Des gens qui ne pouvaient pas ou ne voulaient pas ressembler à tout le monde, ne pas dépasser, ne pas faire de vagues. Des gens qui, plus que tout, avaient envie d'aventure, de découverte. D'autres Pierrots lunaires." Elle décide de créer un club secret, "Les filles de Brick Lane", qui aurait pour but de se soutenir et s'aider à trouver la confiance en soi nécessaire pour réaliser ses rêves. Reste à trouver le moyen de se mettre en relation avec d'autres personnes qui lui ressemblent. Ambre travaille dans une boutique vintage quand elle n'est pas au lycée. Pour mettre en oeuvre son idée, elle écrit une chronique sur son blog et confectionne cette petite carte qu'elle distribue à certains clients du magasin.
Elle ne croit pas trop à ce qu'elle fait, mais à sa grande surprise, elle entre en contacte assez facilement avec trois filles, très différentes d'elles : Maali, Sky. Et Rose.
Maali, une jeune fille d'origine indienne. Photographe amateure, elle voue un culte à la déesse hindoue Lakshimi, déteste les racistes et souhaite plus que tout dépasser sa timidité et arriver à parler aux garçons, en particulier à un. Elle aide ses parents à la confiserie, dont le burfi à la noix de coco de sa mère est sans doute un des meilleurs de Londres.
Rose, est une fille de célébrités, mais dont la famille est éclatée et séparée : son père est un acteur connu et vit à New York ; sa mère mannequin traquée par les paparazzi. Plus que tout, Rose fuit les projecteurs et ne veut surtout pas devenir mannequin, comme maman. Sa mère est d'ailleurs en train de refaire sa vie avec Liam, un Irlandais qui vit sur une péniche, avec sa fille, Sky. Rose a tout de la petite peste formatée qui rentre bien dans le moule des conventions au lycée. Elle a un copain, mais en fait, elle se demande pourquoi elle est avec lui. Juste pour faire comme tout le monde. Son rêve c'est la pâtisserie (et les motos). Rien ne la transporte plus que de créer des recettes et de confectionner des petits gâteaux...
Sky est la hippie du groupe. Elle ne vit que pour la poésie et rêve de participer à un concours de slam. Elle est orpheline de mère et ne comprend pas pourquoi son père s'est amouraché d'un mannequin célèbre et encore moins pourquoi elle doit quitter la péniche où ils vivaient pour la maison huppée de cette femme, et de sa fille Rose.

Ces quatre filles sont issues de milieux sociaux différents, ont des goûts et des modes de vie différents, mais pourtant elle vont arriver à tisser des liens d'amitiés solides, s'entraider, et aussi sortir des préjugés qu'elles pouvaient avoir. Elles ont aussi des points en commun et des âmes d'artiste, chacune dans leur genre.C'est ce qui va les rapprocher. Sous l'égide d'un artiste d'un autre siècle et pourtant très contemporain.

C'est le troisième livre que je lis de Siobhan Curham et je n'ai pas été déçue. Un roman qui sous des airs badins aborde avec justesse les problèmes de l'adolescence et revendique haut et fort le droit à la différence et surtout celui d'être soi-même, de s'aimer tel qu'on est. L'histoire évoque aussi les dangers et les dérives d'Internet, le cyber-harcèlement.
Toute la modernité d'Oscar Wilde est mise à jour, lui qui a souffert et payé pour sa différence, assumée sans complexes et avec impertinence. L'occasion de faire découvrir cet écrivain, critique, dandy et esthète aux gamins d'aujourd'hui. L'homoparentalité est abordé avec tact et justesse, sans omettre les problèmes rencontrés.
Enfin, une touche féministe avec la question du respect des femmes.

Un bon petit pavé qui se lit très facilement, une écriture qui emploie sans complexe le vocabulaire des adolescents d'aujourd'hui, et parfois cela m'a fait sourire ("Je vois que mes leçons n'ont pas été inutiles, alors, si tu arrives même à pécho dans un cimetière !"). Néanmoins le texte n'est pas dépourvu de poésie et de poèmes. Ni même de gourmandise (vous trouverez une recette intégrale de petits gâteaux croissants de lune, et les burfis de la mère de Maali donne l'eau à la bouche ! :) )

Mon seul bémol va à la couverture gris triste. Car ce roman est très coloré, plein de saveurs et chatoiements. le clair de lune est souvent cité, celui du monde des rêveurs. Or, on ne retrouve pas toute cette poésie sur la couverture. Juste les tenues des hipsters de Brick Lane. C'est un peu dommage. Je trouve que la couverture originale est plus réussie.
Un roman qui célèbre l'amitié, la solidarité et le droit à la différence. A mettre dans les mains des jeunes et des moins jeunes pour leur donner confiance en eux et foi en leurs rêves ! C'est le premier tome, il y a donc une suite.


Lien : http://milleetunelecturesdem..
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